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Le Chapitre de l'Ecriture Sainte, où il eft parlé particuliérement du plus jeune des Machabées, fembla m'impofer la né ceffité de mettre cet Enfant fur la Scene; & afin que le Lecteur juge par lui-même, fi j'ai été bien ou mal fondé, je le prie de trouver bon que je le renvoye au 7. Chap. du 2. Liv. des Machabées.

Quelques-uns m'ont reproché d'avoir traité de telle forte l'interêt de cet Enfant dans ma Piece, que j'ai prétendu en faire entre les mains d'Antiochus, un moyen de gagner Zoraïde, beaucoup plus puiffant fur fon efprit, que le falut même de fon Amant, & que par conféquent je voulois que la tendre amitié l'emportât fur l'amour. Il n'a pas été question de pouffer jufques-là la tendreffe de Zoraïde pour Azael, & mon intention n'a été autre que de faire donner à Zoraïde la préférence à la Religion fur tout autre fentiment. Que fon Amant périffe, & qu'il expire dans les tourmens pour la gloire de fon Dieu, c'est un fujet d'allegreffe pour elle; qu'Azaël céde à l'attrait des careffes d'Antiochus, & facrifie fa Religion à l'efperance de tous les traitemens dont on cherche à le flatter; c'eft pour elle le comble du defefpoir, & pour la Nation c'eft un opprobre éternel. Le fujet de ma Piece eft le triomphe de la Foi dans Ifraël; O ij

tout eft ramené à ce point. L'unité de l'ac tion eft dans la conftance, & dans la mort de la Mere & des Enfans. Avec un objet de cette nature, il eût été contre la décence de jetter dans les moeurs de quelques-uns de mes Perfonnages, toute la vivacité de la galanterie, & toute la chaleur des fentimens. Si ceux qui font répandus dans ma Piece, édifient les fages, fi la Majefté de la Religion y eft foutenue, fi je n'ai point alteré la magnificence des expreffions de l'Ecriture, fi des morceaux détachés y font inpreffion par les verités & les images qu'ils renferment, je me confolerai d'avoir manqué d'y établir ce fond d'interêts, qui met les paffions dans fon parti,& qui ne touche le coeur qu'en réveillant notre foibleffe.

Je ne répondrai point à l'objection qui m'a été faite fur le discours d'Antiochus au Peuple Juif; on n'a qu'à lire dans Josephe , fi jaloux lui-même de la gloire & de la loi d'Ifraël, de quelle maniere ce même Antiochus traite la Nation, & le culte des Juifs, & on verra combien j'en ai adouci le mépris & les menaces.

Il femble qu'il ne fera plus permis d'expofer fur la Scène les grandes verités de la Religion; & que tout ce qui impofe un certain refpect doit neceffairement réfroidir l'action de la Tragedie. On commence mê

me à en violer dans les Pieces profanes les régles les plus effentielles. Tout y eft créé, jufqu'aux évenemens; on n'obferve plus ni mœurs, ni caracteres ; les beautés qu'on y ramene font toûjours étrangeres, & le langage des paffions n'a nulle convenance perfonnelle l'efprit s'y produit par tout, & dans le fentiment même, les douleurs y font brillantes, les vertus toûjours leftes, les devoirs commodes, & la Religion fouple & ingénieufe ; & enfin,fi j'ofe le dire, c'elt une efpece de mafcarade, qui s'eft introduite fur la Scène.

Perfonne n'ignore le reproche qui nous eft fait au fujet de notre Poëme Dramati que, & combien l'honneur du Théatre eft bleffé, d'y voir regner l'amour comme l'interêt le plus puiffant : cet amour même a commencé infenfiblement à fortir de ces bienféances auftéres que la gloire & la vertu lui ont prefcrites: & c'eft de-là que *P'Illuftre Académicien, qui a fait l'Eloge de M. Defpreaux, a pris occafion de dire, en parlant des Poëfies de Regnier, qu'il fembloit de fon tems que l'obscenité fut un fel néceffaire à la Satyre, comme on s'eft imaginé depuis, que l'amour devoit être le fondement, & pour ainfi dire, l'ame de toutes les Pieces de Théatre.

*M, de Valincourt.

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PERSONNAGES.

ANTIOCHUS, Roi de Syrie. SALMONE, mere des Machabées. MACHABE'E, l'aîné des fept Enfans de Salmone, amant de Zoraide.

ZORAIDE, amante de Machabée. AZAEL, dernier fils de Salmone. PHOSTIME, Ambaffadeur de Ptolo: mée, Roi d'Egypte.

ELISE, confidente de Salmone. PHOEDIME, Confidente de Zoraïde.

MENELAUS, Juif, attaché au parti d'Antiochus.

ACHAS, confident d'Antiochus.

ALCIME, Juif, confident de Ménélaüs. GARDE S.

TROUPE DE JUIFS.

La Scene eft à Solime, autrement Ferufalem, dans un Sallon du Palais "des anciens Rois d'Ifraël.

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MENELAUS, ALCIME.

MENELAUS.

ON, tout cet appareil ne doit point te furprendre,

Alcime. Dans ces lieux, le Vainqueur va fe rendre ;

Et fur ce Trône affis, couronnant fes exploits

A nos Juifs affemblez, il doit dicter fes Loix.

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