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Madame ; & me plaignant vous-même à votre tour Ecoutez fans courroux l'aveu de mon amour. ZORAIDE.

Quelle honte en mon ame, ô Ciel! s'eft élevée, Et m'apprend, à quels maux, tu m'avois réservée ! Antiochus ici me déclare fes feux!

Moins cruel mille fois pour ce fang malheureux....
ANTIOCHUS.

Je le vois bien, né Juif, dans une race obfcure
Le Ciel de vos mépris m'eût épargné l'injure.
Que dis-je ? De ce Dieu, qu'adore votre cœur
Ai-je pú jufques-là concevoir la rigueur?.
Soit refpect, foit qu'en vous mon amour le confonde,
Madame, je le crois l'arbitre feul du monde :
Déja fa Loi facrée, emprunte de vos yeux

Un pouvoir, que n'a point tout le refte des Dieux.
Au-delà de vos vœux fon interêt me touche...
ZORAIDE.

Penfez-vous louer Dieu, le blasphême à la bouche;
Et qu'ici mon orgueil puiffe prendre pour moi
De frivoles refpects, dont s'indigne ma foi?
C'eft à Dieu feul, qu'eft dû le fouverain hommage
S'il eft de fa fplendeur quelque vivante image
C'eft un cœur pur, un cœur foumis à fes arrêts
Qui pour lui des tourmens brave tous les apprêts.

ANTIOCHUS.

Quels que foient les objets, que votre ame envisage
Refervez vos vertus pour un plus noble usage.
Par vous, à ma clémence, ouvrant tous les chemins
Ifraël voit encor fon falut dans vos mains.
ZORAIDE.
Je ne m'allarme point de fon état funefte.
Je suivrai mon devoir ; & laiffe à Dieu le reste.
Je fçai, dans ces revers, ce qu'exigent de moi
La gloire de mon fang, ma Patrie, & ma foi.
Quelle que foit enfin l'ardeur qui vous anime,

N'allez point de vos feux féparer votre eftime.
J'ignore quel efpoir vous vous êtes permis.
Lorfqu'il faut me compter parmi vos ennemis;
Mettez votre clemence au rang de mes difgraces,
Au lieu de la pitié, prodiguez les menaces.
Et prifant vos faveurs moins que vos châtimens,
Connoiffez Ifraël à de tels fentimens.

Adieu.

SCENE VI.

ANTIOCHUS feul.

J'Attefte ici la grandeur fouveraine,

Ifraël recevra le prix de tant de haine.
Ta folle erreur t'abuse, & je vais dans ces lieux,
Servir tout à la fois mon amour & les Dieux.

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Fin du premier Alte.

ACTE II

SCENE I.

"ANTIOCHUS, MENELAUS.

Q

ANTIOCHUS.

Uoi le Ciel à mes vœux mettroit un tel
obftacle?

Au milieu des horreurs, dont tu vois le fpectacle,
Zoraide?....

MENELAUS.

Oui, Seigneur, vous avez un Rival Voilà de fon orgueil le principe fatal. Par-là, d'un fier mépris contre vous prévenuë, De l'aveu de vos feux, troublée à votre vûë, Elle s'en indignoit ; & fon fuperbe cœur

Vous traitoit en esclave, & non point en Vain

queur.

ANTIOCHUS.

Mais quoi? pour me fervir, ton ardeur empreffée,
Sur nul objet encor n'arrête ta pensée ?
MENELAUS.

Ce fecret ne fçauroit échaper à mes foins.
J'affiege Zoraide en tous lieux de témoins;
Il fuffit à leurs yeux de la moindre étincelle.
L'amour le plus prudent tôt ou tard fe décele.
Ainfi dans les foupçons, qui viennent me frapper,
Songez que vos arrêts doivent enveloper
Cet objet, quel qu'il foit, d'une folle tendreffe.

Et s'il faut une fois que le péril le preffe ;
Vous verrez à vos pieds, prompte à le fecourir;
A fa défense alors Zoraide accourir.
Pourfuivez feulement votre grande entreprise.
C'eft fervir le transport, dont votre ame eft éprise;
C'eft hâter le bonheur.....

ANTIOCHUS.

J'approuve tes difcours; Et ma gloire auffi-bien, en reprendra fon cours. MENELAUS.

Le peuple, quels que foient les moyens, qu'on in

vente,

Des exemples obfcurs, rarement s'épouvante:
Mais s'il perd une fois quelque fuperbe appui,
La chûte l'en ébranle, & le ramene à lui,
Toutes prétentions femblent alors tombées.
Vous avez dans vos mains les jeunes Machabées,
De nos plus grands Héros, rejettons belliqueux,
Et leur mere Salmone autant à craindre qu'eux;
De leur Religion, avec le lait fuccée,
L'image, par fes foins, fans ceffe eft retracée.
C'eft par eux, qu'il vous faut, Seigneur, exécuter
Le projet, que vous-même avez fait éclater.
Tout un peuple, pour eux brûlant du même zéle,
A leurs ordres encor eft demeuré fidele.
Mais c'eft peu qu'à nos Chefs, liez par mille nœuds
Des Pontifes facrez le fang revive en eux;
L'Egypte les protége, & du Roy Ptolomée
La faveur au dehors enfloit leur renommée,
Et de leur rang ici foutenoit la fplendeur.
L'on dit même, l'on dit, que fon Ambaffadeur;
Que chacun dans ce jour attend en cette place,
A déja contre vous, rallumé leur audace.

ANTIOCH US.

J'ignore quels projets font remis dans les mains
Mais fon Maître jouit de l'appui des Romains,

Je te croirai pourtant. Que de mon ordre inftruite Par tes foins, en ces lieux, Salmone foit conduite.

SCENE I I.

ANTIOCHUS feul.

Toi! Fille du Ciel, augufte Vérité, Combien, à tes dépens, nos faits ont éclaté!! 'Aux yeux de l'Univers notre orgueil les déguife. Ainfi fous l'appareil d'une illuftre entreprife, Me voilà le Vengeur de l'honneur des Autels. J'embraffe, je pourfuis les droits des Immortels.' Mais de ce grand deffein, dont la Terre est saisie, Quel eft donc le motif fecret? La jaloufie. Toûjours d'un faux objet, nos projets revêtus, A nos propres regards dégradant nos vertus, Sans ceffe aux yeux d'autrui confacrent nos foibleffes.

Ciel! C'eft dans tes decrets, tout ce que tu nous

laiffes.

Mais on vient. C'eft Salmone. Ah, Dieux! à fon aspect,

Que mon cœur eft émû de trouble, & de respect ?

SCENE I I I.

'ANTIOCHUS, SALMONE. 1

SALMONE.

SEigneur, car de mon rang je puis fans trop

defcendre

'Appeller de ce nom l'héritier d'Aléxandre, Souffrez que rappellant fon ombre du tombeau

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