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J'attens de fa faveur un moment d'audience:

PHOE DIME.

Vous ferez obéie au gré de vos defirs. Mais eft-il quelque efpoir dans nos longs déplai firs?

Et peut-on fe flatter qu'en un jour fi funefte .....

ZORAIDE.

Va, dis-je, le trouver ; je me charge du refte.

+P

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Ar un ordre cruel, toi, qu'on vient d'arrêter,
Regarde, , pour te voir, ce que j'ofe tenter.
Le Tyran m'a parlé. Le Ciel a vû ma honte.
De tout notre entretien, je dois te rendre compte,
Cher Machabée. Au moins, fidéle à fon devoir,
Tout entier à tes yeux, mon cœur fe fera voir.
Au point de t'éclaircir au gré de mon envie,
La liberté foudain vient de t'être ravie.
Mais par cet entretien, que fe promet ma foi
Je te foulagerai peut-être autant que moi..
Enfin, c'eft trop fubir une dure contrainte.
Mais quel moment je prends pour m'expliquer fans
crainte !

Ah! fans les embrafer de feux tumultueux,
Que l'amour eft hardi dans les cœurs vertueux?

SCENE

SCENE III.

ANTIOCHUS, ZORAIDE,

Gardes.

ANTIOCHUS.

s?

Adame, fe peut-il qu'un retour favorable
Ait pû calmer pour moi votre ame inexorable?
Dois-je croire un bonheur, que je ne connois pas à
Vous me voyez voler au-devant de vos pas.
Par quels foins éclatans, par quel effort extrême,
Puis-je enfin, mériter, Madame, que vous-même...
ZORAID E.

Dans ce haut rang de gloire, & de profpe ité,
Où vous a mis le Ciel, contre nous irrité,
De tels abaiffemens deviennent légitimes,
Et la peine, Seigneur, en eft due à nos crimes.
ANTIOCHUS.

De cet ordre commun, daignez vous excepter:
Et quels crimes jamais peut-on vous imputer,
Vous, la vertu, Madaine, & l'innocence même ?
Quoi? jufques-là jaloux de fon pouvoir suprême
Votre Dieu, d'Ifraël dites-vous le foutien......
ZORAIDE.

J'ai fouhaité de vous ce moment d'entretien.

D'une feconde grace, honorez ma demande.
Que Machabée ici par votre ordre fe rende.
ANTIOCHUS.

Eh! de quel interêt occupée aujourd'hui ....

ZORAIDE.

Je ne puis m'expliquer, Seigneur, que devant lai

ANTIOCHUS.

Quelque trouble fecret, qui s'éleve en mon ame,

R

Ce que vous defirez, va s'accomplir, Madame.
Aux Gardes.

Gardes, que Machabée en ces lieux foit conduit.

SCENE, I V.

ANTIOCHUS, ZORAIDE.

ZORAIDE.

DE tous mes fentimens vous allez être inftruit,

Seigneur, & dans ces lieux rarement déclarée, La verité pour moi n'en eft que plus facrée. Bien-tôt dans fon efpoir votre amour éclairci, Va prendre... Mais déja Machabée entre ici.

SCENE V.

ANTIOCHUS, ZORAIDE, MACHA BE' E.

MACHABE'E à part.

Iel! Zoraide ici fe prefente à ma vûë,

A Antiochus.

Par quel motif, Seigneur, daignez vous m'appeller?

ANTIOCH US.

On va vous en inftruire.

ZORAIDE.

Il eft temps de parler.
Du Ciellent à punir la main appefantie,
Par nos profperitez, bien fouvent nous châtie.
Vos armes ont vaincu. Mon Pere maffacré,
De votre gloire ici fut le premier dégré.

D'Ifraël fa mort feule abbatit l'efperance.
Jugez quel trouble en moi caufe votre prefence,
Ses Mânes en courroux accompagnent vos pas.
J'entens leurs cris. Avant ce funefte trépas,
Qui de tant de douleurs a comblé fa famille,
Lui-même difpofa de la main de fa fille;
Son choix avoit reglé mon inclination,
Et depuis fon fang même en fcella l'union.
Ainfi loin qu'avec lui fa volonté tombée.....
ANTIOCHUS.

Et quel eft cet Epoux, Madame?

ZORAID E.

Machabée.

ANTIOCHUS.

Qu'entens-je ? & fur qui donc votre espoir rallumé..
ZORAIDE.

Je t'ai dit tous les droits, quand je te l'ai nommé.
Qui, fans cette terrible, & fatale journée,
A l'Autel avec lui fans effort entraînée,
Nous allions nous jurer fous les yeux du Seigneur
Cette foi, que
doit fuivre un éternel bonheur,
Quand fous un même joug il attache nos ames
Et qu'en nous l'impofant il couronne nos flâmes.
Le Ciel, dont les decrets ne fe laiffent point voirį
A pû, d'un bien fi cher, ne fouffrir que l'efpoir,
Et je reconnois là sa main victorieuse.

Si l'épreuve en eft trifte, elle est trop glorieuse.
Peut-être qu'en ce jour terminant notre fort,
Si ce n'eft par l'hymen, il veut que par la mort
Je m'uniffe à l'Amant, qui caufé mès allarmes.
Quel hymen plus heureux, & plus rempli de charmes
Vaudroit dans les tourmens cet accord immortel,
Où Dieu tient lieu dé Prêtre, & l'échafaud, d'Autel?
MACHA B E' E.

A quel efpoir, ô Ciel ! votre cœur s'abandonne!
Dieu peut-être, Madame, autrement en ordonne,

Et fon jufte courroux ne cherche ici que moi.
ZORAIDE.

Ah! foutiens mieux mon zéle & laiffe agir ma
foi.
Reconnois ton Rival. Mais l'aveu de fa fâme,
Je l'en attefte ici, n'a rien pû fur mon ame.
Ton cœur, de ma vertu, n'a pû se défier;
Et pourtant je brûlois de me juftifier.
De mes feux innocens, fi ma pudeur austére,
Par des foins éternels t'a caché le mystére,
Aux yeux du Tyran même, & devant Dieu, reçoi
Cet aveu d'un amour auffi pur que fa loi.

MACHABÉ’E.

'A ces tranfports fi chers qui n'ont rien de profane,
Où de l'efprit de Dieu l'amour devient l'organe,
La nature s'étonne; & ces traits enflâmez
Ne tombent qu'en des cœurs, qu'Ifraël a formez.
ANTIOCHUS.

Quoi, ne me fuis-je armé de fureurs vengereffes, Que pour être en ces lieux témoin de leurs tendreffes?

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Tous deux en m'infultant avec tranquillité,
Vous vous jouez ainfi de ma facilité ?
ZORAIDE.

Qui t'arrête, barbare? Agis, fans te contraindre,
Mes defirs font remplis, je n'ai plus rien à craindre.
J'ai revû Machabée; & j'ai fait en ces lieux
L'aveu de mon amour, & l'ai fait à tes yeux.
Cherchant à l'opprimer, tu l'as fervi toi-même,
Et ton dépit s'accroit où la joye eft extrême :
Et du moins ton Rival jufques dans fon malheur
Jouït de ton defordre, & rit de ta douleur.
Je le vois. Mon deffein a dequoi te furprendre.
J'exerce une vertu, que tu ne peux comprendre,
Dont la gloire pour nous porte un attrait vainqueur,
Et que l'Impie enfin ignore dans fon cœur.
Tels font les Juifs, tel eft le feu qui les engage.

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