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SCENE VI.

ZORAIDE, MACHABE'E, PHOEDIME!

ZORAIDE.

C Her Machabée, eft-ce vous que je voi?

Venez fécher les pleurs d'une amante éperduë.
МАСНАВЕ’Е.

A mes regards enfin le Ciel vous a renduë.
Mais prét à fignaler fon augufte pouvoir,
Qu'il va me vendre cher le plaifir de vous voir :
Jamais votre beauté ne m'offrit tant de charmes.
Que ne puis-je tarir la fource de vos larmes?
ZORAIDE.

Plus que jamais, hélas! c'est à nous d'en verfer.
Nos ma heurs font plus grands que tu ne peux penfer,,
Et déja du Tyran les arrêts fanguinaires
Ont fait dans les tourmens périr cinq de tes freres.
MACHABE' E.

Ciel! que m'apprenez-vous?

ZORAID E.

Que pour comble d'effroi, D'Azaël en ces lieux, on attaque la foi.

Antiochus ufant d'une cruelle adreffe,
Au fein de ce Palais, le flatte, le careffe
Fait briller à fes yeux fes dons empoisonnez,
Er de profanes jeux les apprêts ordonnez.
Dans fon cœur jeune encor, que fa fureur affiege,
I croit du Dieu des Juifs.......

MACHABE E

O projet facrilege!
Déteftable complot! hé bien, Madame, hé bien,
Il faut, de tant de maux, rompre ici le lien.
De la plus fainte ardeur. dès votre enfance éprise,

C'eft de vous que dépend cette illuftre entreprise.
ZÓRAID E.

Il n'eft rien qu'avec toi n'ofe ici ma vertu.
Mais ne différe point. Parle. Qu'exiges-tu?
MACHABE'Ě.

Ce qu'avec tous les Juifs Azaël te demande.
Quel prix plus éclatant, quelle gloire plus grande
Réferveroit le Ciel à nos projets remplis ?

ZORAIDE.

Mais, pour me l'annoncer, d'où vient que tu pâlis
MACHA BE'E.

D'un fi noble deffein, l'éclat feul me raffure.
Je fens fe mutiner l'amour & la nature:
Et mon cœur déchiré des plus vives douleurs.......
ZORAIDE.

Quoi donc ? Par quel motif.......

MACH ABE'E.
Juges-en par mes pleurs.

ZORAIDE.

Tu pleures !ah! cruel., que ta douleur me bleffe?
Parle,à m'ouvrir ton cur, montre moins de foibleffe
Crois-tu dans le péril mon courage abbattu?
Crains-tu ma lâcheté ?

MACHABE' E..

Non, je crains ta vertu. Souffre que je l'appelle au fecours de la mienne. De quoiqu'en ta faveur la gloire m'entretienne Je ne puis, fans frémir, le dire..

ZORAID E.

Ou je meurs.

Acheve, enfin,

MACHABE'E.

D'Ifraël affure le deftin.
Des vœux d'Antiochus, arbitre fouveraine,
Que la Syrie, en toi reconnoiffe fa Reine;
Et fans plus écouter un cœur trop généreux,,

Remets au Ciel mon fort.

ZORAID E.

Que dis-tu, malheureux
MACHABE' E.

Ainfi jadis Efther, par Mardochée instruite,
Sauva la Nation toute entiere profcrite:
Au cœur d'Affuerus mit cette vive ardeur,
A qui dût Ifraël fa gloire, & fa fplendeur.
Pour remplir nos deftins, pour finir nos miferes,
Il fuffit de ma mort, de celle de mes freres.

,

Par nous aux grands revers un beau champ va s'ouvrir,

Et j'en ai l'affurance en l'ardeur de mourir..

ZORAIDE.

Quoi ! Du fang de mon Pere encor toute baignée,,
Et parmi les clameurs de fon ombre indignée,,
Lorfque de ton trépas l'appareil élevé

Vient troubler un hymen tout prêt d'être achevé,
Que je vois Machabée, aux confeils qu'il m'adreffe,
Peut-être, en ce moment, douter de ma tendreffe,
Et m'indiquer lui-même un indigne recours,
On m'invite à fonger au falut de mes jours?
En cherchant le trepas, tu prétends m'y fouftraire.
A nos premiers projets, qui te rend fi contraire?
Dans la noble carriere, où je te vois courir,
Ingrat, fuis-je à tes yeux indigne de mourir?
Du Tyran, dont l'ardeur malgré moi s'eft montrée;
Les regards jufques-là m'ont-ils deshonorée ?

MACHABE'E.

Non, vis pour Ifraël, fauve pour lui tes jours.
Que fa gloire à tes yeux, fe prefente toûjours.
Songe que du Seigneur l'honneur ainfi l'ordonne;
Et
que fi fur tes pas la vertu monte au Trône,
Qu'elle y regne avec toi, jointe à tant de beauté,
Tu calmes tout-à-coup un Vainqueur irrité.
Je fçai que dans mes mains cette offrande te bleffe
Que ton cœur en gémit, & qu'enfin ta tendresse

Me reproche en fecret le douloureux emploi
D'ofer te déclarer les fentimens du Roi.
Moi-même j'en rougis. Sans cet effort infigne,
De tes bontez pourtant je ne ferois pas digne;
Je dois les mériter. O tourment rigoureux!

Je deviens, de mes maux l'inftrument malheureux
Je vois, de mes conseils la victime moi-même,
Dans les bras d'un Rival paffer tout ce que j'aime.
ZORAIDE.

Helas!

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MACHIA BE'E..

Tourne tes vœux vers des objets plus faints, Et fais, d'Antiochus, tomber tous les defleins. Arrache de fes mains le fruit de fa victoire; Ménage fon courroux, fans offenfer ta gloire,. Et laiffant à Dieu feul à conduire tes pas, En toi conferve un fang qu'il ne demande

ZORAIDE..

pas.

Non, non, ne prétends pas qu'au zéle qui m'enflâme
Que malgré ton exemple.........

SCENE. VII.

SALMONE, ZORAIDE, MACHABE'E

PHOEDIME.

ZORAIDE à Salmone..

AH! permettez, Madame 3.

Qu'à vos foins Zoraïde ofe ici recourir,.

Quand Machabée......

SALMONE..

Hé bien?

ZORAID E..

Me défend de mourir.

SALMONE.

Dans ce grand jour, dirai-je! heureux, ou bien

funefte,,

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Laiffons, laiffons agir la Puiffance celefte.

Cinq de mes fils font morts, on les vient d'immoler.
Le fort feul d'Azael doit nous faire trembler,
Que toujours la Loi fainte occupe fa memoire,
Du fang qu'il a reçu, qu'il rappelle la gloire:
Vois l'état d'Ifrael, grand Dieu! pardonne-moi,
Si fon falut me femble être digne de toi.
Rappelle en fa faveur tes antiques promeffes,
Arrête d'un Tyran les fureurs vengereffes.
Pharaon de colere, & de trouble faifi,
Parut moins formidable à ton Peuple choifi.
Confonds dans fes projets l'orgueil qui l'envi

ronne.

Renverfer nos Autels, c'est attaquer ton Trône.

SCEN E-VIII.

'ANTIOCHUS, SALMONE, ZORAIDE, MACHABE'E, PHOE DIME, Gardes,

ANTIOCHUS.

EH bien quel eft le fruit de ton généreux

foin?

MACHABE'E..

J'ai fait ce que j'ai dû. Dieu qui m'en eft te moin,

Et de qui la Sageffe à nos confeils préfide,
A conduit à fon gré le cœur de Zoraide.
Ce Dieu n'en doute point, de fa gloire jaloux,
Laiffe fa flâme libre ainfi que mon courroux.-
ZORAIDE.

Il ne veut rien devoir à ta fauffe clémence.
71 peut, quand il lui plaît, arrêter ta vengeance:
Et punir ton orgueil de fes droits oubliez.

ANTIOCHUS

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