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MARIAMNE,

TRAGEDIE. ttttttttttttt

ACTE PREMIER,

SCENE PREMIERE. MARIA MNE, PHOE DIME

M

PHOEDIME.

Adame, il eft trop vrai, votre crainter étoit jufte,

Un bruit fourd fe répand jufqu'au Trônel d'Augufte.

Herode en va fubir l'indexible rigueur.

Il attend fon deftin de l'arrêt du vainqueur.
Le Ciel de vos malheurs veut terminer le nombre.
Le fier ami d'Antoine en va rejoindre l'Ombre.
De fes plus affidés le vifage interdit,

Leur trouble, leur filence, en un mot tout vous dit...

MARIAMNE.

Que dis-tu là toi même ? arrête & confidere
Que tout cruel qu'il eft, fa gloire encor m'eft chere.
De toute ma famille il ufurpa les droits.

Il s'affit fierement au Trône de fes Rois,
Et je fai ce qu'il eft, & combien je fuis née
Au deffus de fon rang & de for hymenée.
Mais tu n'ignores point combien a de pouvoir
Sur celles de mon Sang le fevere devoir;

Que leur gloire attachée à la plus haute eftime
D'un naud mal afforti fait un droit legitime,
Affervit tous nos vœux à l'honneur d'un Epoux,
Phœdime, la vertu n'a qu'un degré pour nous."
Mais pourquoi s'allarmer d'une crainte importune?
Et que ne peuvent point Herode & fa fortune?
Tu fais comme accufé de forfaits éclatans,
Mon Aycul le cita qu'il n'avoit pas vingt ans.
Il parut, mais en Juge, & non point en coupable:
D'un confeil jufqu'alors augufte & redoutable
Toute la Majefté devant lui s'avilit,

Et fur le Trône affis Hircan même en pâlit.
Crois-tu que de fa foi la victime lui-même
Herode... mais enfin je ne vois point Soefme.
Ne m'avois-tu pas dit qu'il fe rendroit ici,
Qu'il vouloit me parler?

PHOEDI ME,

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Au tour de ce Palais le peuple eft confterné,

Et l'on dit....

MARIAM NE.
Achevez.

SOESM E.

Qu'Herode eft condamné ;

Que la haine d'Augufte à le perdre obstinée...

MARIAM NE.

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Et du Roi fur ce bruit reglant la deftinée
Jufques-là de fon fort Soefme eft incertain
Lui qui partageant feul le pouvoir fouverain,
Dans l'abfence d'Herode, à fes ordres fidéle
Nous tient mon fils & moi foumis à fa tutelle !
SOESME.

Eh! que puis-je fçavoir? fes amis arrêtés
De fidéles avis fans doute interceptés ;
Ce païs tout rempli de partis, de cabales,
Triftes avantcoureurs des difcordes fatales
Par qui des Souverains les droits mal affurés...
Mais qu'est-ce que je vois, Madame? vous pleurez.
MARIAM NE.

J'ignore fi parmi de confufes allarmes,

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C'eft foibleffe ou vertu qui m'arrache des larmes. Je tremble du peril qui menace fes jours. Mais mon reffentiment n'a point fini fon cours. Je m'afflige en fecret quand ma haine eft ouverte : -Déteftant fes rigueurs je redoute fa perte, Je devrois la pourfuivre, & rapellant mes droits Faire de mes malheurs la querelle des Rois; Dans ma vengeance même intereffèr Augufte. Mais je la crains autant qu'elle me paroit ufte. O d'une ame accablée imprudent entretien ! Je me plains qu'aujourd'hui le Ciel me fert trop bien. Sors,plutôt de mon cœur, imperieux fcrupule. Qu'en l'éternelle nuit mon frere Ariftobule, Qu'Hircan jufques à moi, que tant d'autres profcri

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Du fond de leurs Tombeaux élevent mille cris ; Qu'ils rallument ma haine, auffi bien le perfide Ne mettroit point de borne au courroux qui le guide.

SOESM E.

Vous dites vrai, Madame, & quel que foit fon fort, Vos malheurs ne font point terminés par la mort. Quelle foule de maux la jaloufie entraîne !

L'amour eft quelquefois plus cruel que la haine, Et je n'en puis douter...

MARIAM NE.

Où tendent ces difcours ?

SOESME.

Peut-être en faudroit-il interrompre le cours.
Je devrois vous cacher ces mouvemens, Madame,
Que ma gloire indignée éleve dans mon ame.
Moi, que foulant aux pieds vertus, graces, beauté
Je puiffe jufques là fervir fa cruauté?

Ah! qu'éloigné d'entrer dans ce projet barbare,

Mon cœur...

Soëfme?

MARIAMNE.

Dans quel transport votre zele s'égare?

Cet aveu fans doute eft peu difcret. Mais, Madame, apprenez un terrible fecret, Dans toute fa fureur reconnoiffez Herode. MARIA M N E.

Expliquez-vous.

SOESM E.

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Avant que de partir pour Rhode Et tout fanglant encore au fortir du combat Je remets dans tes mains les rênes de l'Etat, Me dit-il; je fais plus. A ta garde, Soëfime Je laiffe un bien pour moi plus cher que l'Etat mêmẹ. C'eft la Reine, ce font tous fes divins appas. Sers nes jaloux tranfports par delà mon trepas. Si le deftin permet qu'Augufte me condamne; S'il ordonne ma mort des jours de Mariamne

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