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De tout ce grand pouvoir entre fes mains remis.
ELISE.

Et de quel œil, ô Ciel! le peuple, Mariamne,
Vous-même verriez-vous cette Fête prophane,
Et d'un Roi de Juda quel peut-être l'objet ?
SALOME.

Arrête. C'eft fur quoi je medite un projet,
Dont je ne t'ofe encor confier l'importance.
ELIS E.

Madame, ce fuccès paffe votre efperance.
Puiffent vos ennemis bien-tôt être écartés!
Mais parmi ces honneurs, & ces profperités,
Dit-on pourquoi Cefar avec tant d'avantage....

SALOME.

Tharés qui me l'écrit n'en dit pas davantage.
ELISÉ.

Tharés & depuis quand fervant vos intérêts,
Madame, eft-il admis jufques dans vos fecrets?
SALOME.

De tous mes confidens connois le plus fidele
Il attend que ma main couronne un jour fon zele,
C'eft ce qu'adroitement je lui laiffe efperer,
Non que la fienne enfin pût me deshonorer,
Sa naiffance eft illuftre; il eft fils de Tadée,
Qui fous le vieux Hircan gouverna la Judée.
Enfin hier en fecret j'en reçus un exprès,
Il m'apprend fon départ, & qu'Herode de près
Sur fes

pas.

....

ELISE.

Et d'où vient qu'un bruit fi peu fidele.....
SALOME.

C'est moi qui de fa mort ai femé la nouvelle.
De mes deffeins fecrets mes amis informés
Pour tout autre ont tenu les paffages fermés.
Ainfi de tous les bruits me rendant la Maîtreffe,
Je n'en repands aucun qu'autant qu'il m'intereffe,

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J'ai voulu m'appuyant par de feintes douleurs
Frapper tous les efprits & fonder tous les cœurs
Et dans tous mes projets toûjours plus affermie,
A l'aide de fes foins, perdre mon ennemie.
Je rends à fon orgueil tous les maux qu'il m'a faits.
Toi! d'un rapport menteur admire les effets,
Vois au bruit d'une mort à peine divulguée
Les divers mouvemens d'une Cour intriguée,
D'un Peuple factieux les differens partis
Et de tant d'interêts les noeuds mal affortis.
De ce trouble commun je vois ce qui peut naître.
Que de moiens ouverts à qui les fçait connoître !
J'en ai befoin, Elife, on peut l'imaginer,
Quand fous le nom d'autrui nous voulons gouverner.
Maudite ambition! gloire trop importune

Vils efclaves des Rois, & de notre fortune,
Et victime à la fin d'un Etat en courroux

Le

repos n'eft point fait ni pour eux ni pour nous. Mais on vient. C'eft Tharés.

SCENE VII.

SALOME, THARE'S, ELISE.

THARE'S.

Dans mon impatience;

J'ofe jufqu'en ces lieux chercher votre présence,
J'avois couru, Madame, à votre appartement.
SALOME.

C'eft mal choifir le lieu, Tharés, & le moment,
Toutefois parlez-moi. Le jour qui nous éclaire
A fes peuples furpris va-t'il rendre mon Frere?

THARE'S. Si du départ du Roi je compte les inftans, Dans une heure au plus tard vos vœux feront contens. Bien-tôt dans fes transports l'amour & la nature........ SALOM E.

Racontez-moi, Tharés, cette illuftre avanture,
Mais quoique feuls, fongez que ces murs aujourd hai...
THARE' S.

Herode a vû Cefar & tout l'Empire en lui:
Aux pieds du Trône où tout difparoit à fa vûë,
Des Peuples & des Rois la foule eft confondue.
La gloire l'environne, & jette au loin l'effroi.
Jufqu'au bout, lui dit-il, Cefar écoute moi.
J'aimois Antoine & j'eus une douleur profonde
De voir qu'il prétendoit à l'Empire du monde
Sans pouvoir le fervir que de mes feuls tréfors.
L'Arabe ouvroit la guerre, & m'occupoit alors.
Que n'ai-je, ajoûta-t'il, aux dépens de ma vie
Vû d'un fi digne ami la gloire mieux fervie?
Et dans tous les projets fi noblement conçus
Pû lui rendre les biens que j'en avois reçus?
Ah! lorfque d'Actium la fatale journée
Eut d'Antoine éperdu trahi la deftinée,
Il ne put m accufer de m'être démenti,
Ni qu'ayant lâchement delaiffé fon parti,
A quelque efpoir ailleurs mon ame fut ouverte :
S'il eût cru mes confeils il prévenoit fa perte.
Je te dirai bien plus, mon zele en fon transport
De Cléopatre ofa lui propofer la mort;
Et que, quoiqu'il l'aimât jufqu'à l'idolatrie,
Il fit ce facrifice à Rome, à fa Patrie ;
S'emparât de fon Trône, & que für de ma foi
Il fe mit en état de te donner la loi.

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THARE'S.

Un murmure s'éleve en toute l'affemblée
Cefar fur tout frappé de ces traits hazardeux
Attira les regards partagés entre eux deux,
Soit colere ou furprife, il garda le filence.
Ou fa vertu plûtôt emporta la balance.
Le Roi dans fon maintien loin d'être embarraffé
Si fans égard, dit-il, à ce qui s'eft paffé,
Si t'impofant toi-même un oubli magnanime,
Un ami tel que moi merite quelque eftime,
Ofe en faire l'épreuve, & fi nous convenons,
Il ne faut que changer les objets & les noms.
Je n'ai qu'à mettre Augufte, & fa gloire à la place;
Et la même amitié conduira mon audace.
Par ma reconnoiffance augure de ma foi,
Cefar, cette offre eft digne & de Rome & de toi.
SALOME.

Telfe montre un grand coeur que le revers éprouve.
THARE'S.

Dans ces hauts fentimens Augufte fe retrouve,
Et parmi le tranfport d'une noble pitié
D'Herode dans fes bras accepta l'amitié.

Voilà comment ce Prince heureux, & fans baffeffe
A calmé de Cefar la fureur vengereffe.
Mais Madame, fongez à l'aller recevoir.
SALOME.

La Reine va fur lui reprendre fon pouvoir
Sans doute.

THARE'S.

Epoux jaloux, Amant toûjours fidele, Son cœur impatient n'eft occupé que d'elle.

SALOME,

Vous fçavez entre nous quels projets concertés,
Tharés, & quels fermens par la gloire dictés
Doivent unir nos cœurs, nos interêts...

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THARE'S.

Madame

Avec le même efpoir, même zele m'enflâme.
Fidele à feconder vos deffeins glorieux....
SALOME.

C'eft affez, mais fur tout ôtons-nous de ces lieux.

Fin du premier Acte.

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