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Le Sceptre qu'après elle & l'Armée & Memphis
Contre les droits du fang vont remettre à fon fils.
Il arrive. La paix vient d'être declarée

Et c'est par cette paix entre vingt Rois jurée
Que retenant Tharbis fous un joug inhumain
D'indignes Alliés difpofent de fa main.

PHANE' S.

Je fçai que par fon pere en ces lieux amenée
Au lit d'Amenophis, Tharbis fut destinée.
Heritiere d'un Sceptre & fille de nos Rois

Elle y portoit pour dot & leur gloire & fes droits.
Tout fembloit vous promettre & l'un & l'autre Em-
pire :

Mais les tems font changés, & fij'ofe le dire,
Les exploits d'Ofarphis ont féduit les efprits
Et du Trône en effet vous difputent le prix.
AME NOPHIS.

Comblé de tous les vœux que fa victoire entraîne,
La fortune entre nous peut-elle être incertaine ?
Ofarphis triomphant va l'emporter fur moi
Et le Peuple à genoux en recevra la loi;

Par combien de faveurs l'une à l'autre enchainées • Le fort....

PHANE'S.

Ce grand jour doit fixer fes deftinées. Ma voix même parmi des honneurs éclatans Doit le proclamer Roi: mais c'eft où je l'attens. A MENO.P HIS.

Quoi lui-même aujourd'hui trouveroit des obftacles?
PHANE'S.

Rappellez-vous, Seigneur, cet avis des oracles
Par qui de tant d'horreurs tout le peuple furpris
Remplit Memphis de trouble & le Ciel de fes cris.
Tremble, Egypte, un enfant va naître :
De tes Rois l'ennemi fatal ::

Du vil fang d'un efclave, on te fufcite un maître.

Entre tes Dieux & toi l'effroi doit être égal;
Songe à le découvrir & crains de le connoître.
AMENO PHIS.

O Ciel! un refte impur de ce fang odieux
Menaceroit encor & l'Empire & nos Dieux?
Cet arrêt fi fanglant que donnerent nos Peres,
Loin d'en borner le cours accroîtroit nos miferes?
Et ce fatal enfant à leurs coups échapé...
PHANE'S.

N'en doutez point, Seigneur, cet efpoir fut trompé
Et l'Egypte a perdu le fruit de fes vengeances.
Je ne feais quel demon, quelles intelligences
Au deftin d'Ifraël ont prêté leur appui ;

Mais quant à cet Hebreu qu'on nous cache aujour d'hui,

Envain fur fes Tribus mon foupçon fe promene,
Toujours au même objet ma terreur me ramene.
Du Superbe Ofarphis l'ami, le compagnon
Et de tous fes confeils l'ame...

AMEN OP HIS.

Lui cet enfant ?

Qu'entens-je? Aron

PHANE' S.

Autant que ce foupçon m'éclaire, Non, je ne le vois point comme un homme ordi

naire :

Je ne fçai quel orgueil fe mêle à fa vertu ;
Les malheurs d'Ifraël ne l'ont point abbattu.
AMENO PHIS.

Oui, Phanés, ta querelle à la mienne eft pareille.
Un Hebreu d'Ofarphis aura lui feul l'oreille,
Tandis qu'ici prêtant ta voix aux immortels
On t'ofe releguer aux pieds de leurs Autels?

PHANES.

C'est dans ce jour auffi, qu'avec la voix publique

SCENE III.

JOCABEL, ISERIDE.

JOCABEL.

I Seride, pour nous dans ce climat barbare,

Tu crois donc que du Ciel la faveur fe declare:
Qu'à fes exploits brillans, je puiffe me flatter?
Qu'au Trône de l'Egypte, Ofarphis va monter.
Non, tu n'ignores point quel trait dans fon bas âge
D'un fort bien différent nous forma le préfage.
Le Roi dans des tranfports qu'il ne comprenoit pas
Admiroit fon enfance, il le prit dans mes bras,
Le baigna de fes pleurs, & de fa main lui-même
Sur fon front foible encor pofa le Diadéme.
Sans doute de mon fils, Dieu conduifoit l'efprit.
Tout à coup enflammé de honte & de dépit
Et tournant fes regards vers le féjour celefte,
On lui vit arracher cet ornement funefte >
Le fouler à fes pieds, & dans l'ame du Roi
Jetter fubitement & le trouble & l'effroi.
Mais toi-même tantôt n'as-tu pas dû comprendre
Ce que Phanés ici m'a voulu faire entendre?
La nature & le fang promts à fe revolter
M'apprennent qu'un orage eft tout prêt d'éclater.
De ce fils aujourd'hui toi feule as connoiffance,
C'eft toi-même..

ISERIDE.

Je fçai qu'il vous doit fa naiffance; Que des flots en courroux Moïfe préfervé Sous le nom d'Ofarphis alors fut élevé Et que de Pharaon la vertueufe fille

Comme

Comme un enfant divin l'admit dans fa famille.
Tout le favorifoit, veuve de Thermeftris,
Au berceau même alors elle perdit un fils;
Et dans l'efpoir fecret d'adoucir fa disgrace
Ofa fubftituer Ofarphis à fa place.

Plus éblouie encor de fes derniers exploits
Memphis croit voir en lui le pur fang de fes Rois.
Aron eft de retour vous l'avez vû, Madame
C'eft à ce fils fi cher qu'il faut ouvrir votre ame.
II peut feul en ces lieux diffiper votre cffroi;
Mais furtout montrez-lui fon frere dans fon Roi,
JOCABE L.

Il n'eft pas tems encor & fur fa destinée
Iferide, le Ciel tient ma langue enchainée.
Aron fçait feulement par des rapports confus
Qu'Ofarphis eft Hebreu; mais ne fçait rien de plus:
Son pere fur le refte attentif à fe taire
Ofa lui reveler la moitié du myftere ;

S'appuya dans fa foi des motifs les plus faints,
Et Zaram de fon Dieu crut fervir les deffeins.
ISERIDE.

Ah! s'il faut avec vous bannir toutes contraintes Quel tems choififfez-vous, Madame, pour vos plaintes ?

Qu'est-ce qu'en vous déja la foi n'a point ofé? Sur le Nil par vous-même un fils fut expofé...

SCENE I V.

JOCABEL, AARON, ISERIDE.

JOCABEL.

HE E' bien Aron? Memphis s'apprête à voir fox

Maitre ?

C

AARON.

Ses drapeaux ont paru, Madame; le Grand-Prêtre
Se difpofe à venir recevoir ses sermens,
Et fera bien-tôt place à vos embrassemens.
JOCABEL.

Et comment, ô mon Fils! avec tant de miracles
Du Pere d'Ifraël accorder les oracles?

Et

Sur ce qu'il a prédit est-ce donc à Memphis
Qu'il faut chercher la gloire annoncée à fes Fils,
que de nos Tribus aux travaux condamnées,
Se doivent accomplir les hautes destinées ?
Memphis, quoique nous offre un jour fi folemnel,
N'eft pour nous que le lieu d'un exil éternel.
Aux progrès d'Ofarphis, Ciel! puis-je reconnoître
Ces auguftes deffeins pour qui tu l'as fait naître ?
A ces honneurs promis, ouvrage de tes mains,
Un triomphe profane ouvre-t'il les chemins?
Je fens à tant de gloire accroître mes allarmes ;
J'arrofe malgré moi fes lauriers de mes larmes;
Et quel que foit l'espoir dont vos vœux foient flattés,
Je crains bien moins nos maux que fes profperités.
AARON.

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Quoi, Madame, aujourd'hui votre foi s'intimide
Dans ces mêmes fentiers où fon zéle vous guide;
Et ne fentez-vous pas par quels enchaînemens
Dieu conduit à leur fin ces grands évenemens?
Les moyens qu'il employe ont des faces diverses.
Tout nous mene à fon but, la gloire & les traverses.
Hé, quoi! de fa promeffe eft-il quelque garant
Plus für que le deftin d'un jeune Conquerant
D'un Hébreu notre espoir, notre unique défence?
L'Eternel à vos foins confia fon enfance.
Si depuis qu'en vos mains on remit ce trésor,
Le Ciel n'a pas voulu lui réveler encor

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