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ALEXANDRE.

AH! du moins attendez qu'un avis plus fidele,

De la mort de mon pere affure la nouvelle,
Madame, & jufques là fufpendez vos douleurs.
Que l'interêt d'un fils....

MARIAM NE.

Helas! tous mes malheurs Ne font connus, mon Fils, que du Dieu que j'implore;

Mais Phodime à mes yeux ne s'offre point encore.

Ciel ! quels fujets d'effroi pour mon cœur agité?
Une Cour difparuë, un Palais deferté,

Le Peuple qu'en ces murs un nouveau trouble excite
Et qui de tous côtez vole, & fe précipite;
Les airs qui de fes cris retentiffent par tout;
Solyme en mouvement de l'un à l'autre bout,
La nouvelle, mon fils, n'eft que trop affermie,
Votre pere eft profcrit. Enfin notre ennemie
Exécute un projet dès longtemps medité,
Le Sceptre de Juda vous eft peut-être ôté.
Le Sang d'Antipater...

ALEXANDRE.

Ah! quoi qu'il ofe attendre ;

Le Fils de Mariamne a feul droit d'y prétendre.
D'un autre hymen mon pere avoit fubi la loi.
Mon frere eft fils d'Herode, & je fuis fils du Roi.
Je vais aux yeux des Juifs, dans ce malheur funefte,
Des grands Afmonéens préfenter ce qui refte;
Ou mon fang, s'il le faut dignement répandu
Leur prouvera bientôt que j'en fuis defcendu,
Et
que loin de fouiller la gloire de leur race...

SCENE II.

MARIAMNE,ALEXANDRE,PHOEDIME;

PHOEDIME.

M Adame, votre fort va prendre une autre face.

Déja j'ai vû Tharés, & bien tôt dans ces lieux
Herode va paroître encor plus glorieux.

Ciel!

MARIAM NE.

PHOE DIME.

De fes grands deftins le cours toûjours profpere....

Herode vit encor?

MARIAM NE.

ALEXANDRE.

Le Ciel me rend mon Pere?
PHOEDI ME.

Non loin de nos remparts ila, dit-on, paru,
Au devant de fes pas tout un peuple a couru.
Soëfine m'a chargé d'en informer la Reine.
Tout part; & chacun fuit l'exemple qui l'entraîne,
De divers fentimens fe laiffe pénétrer.

Il en eft tems: Venez vous-même vous montrer.
MARIAM NE.

Ah! loin de ce Palais fans plus t'en rendre

compte,

Que ne puis-je, Phoedime, aller cacher ma honte
Ne peux-tu pas toi-méme affez te rappeller
Ce qui doit de fes yeux pour jamais m'exiler?
Et fans te découvrir julques où va sarage,
Toi-même tu peux voir par quel nouvel outrage
Il cherche à m'immoler au mépris de fa Cour.
Il me laiffe ignorer fa vie & fon retour.
A l'ombre de mon Trône encor plus méprifé,
Je vais de tout un Peuple effuyer la rifée.
ALEXANDRE.

'Ah! fes ordres fans doute ont été mal suivis.
De fon retour, Salome interceptant l'avis,
La cruelle a jouï de votre inquiétude.
Interrogez Tharés dans cette incertitude.
MARIAMNE.

Hé bien, va le trouver, Phadime, en ce moment,
Et dis-lui qu'il m'attende en mon appartement.

Phædime fort.
Je connois votre Pere, & fur fon injustice,
Ai-je befoin, mon fils, qu'un autre m'éclairciffe ?
De tous mes droits ainfi perfide raviffeur,
Il m'abandonne en proye à l'orgueil de fa fœur.
Mais puifque ma vertu devient mon feul azile....
ALEXANDRE.

Je ne puis vous entendre avec un cœur tranquille,
Madame, c'en eft fait, ou daignez-vous calmer,
Ou pour votre querelle enfin je vais m'armer.
C'eft trop vous voir plongée en des ennuis fi fombres
Vos cris de vos ayeux ont évoqué les Ombres,
Et leur plainte mêlée à votre désespoir

Par votre bouche ici m'annonce mon devoir.
MARIAMNE.

Gardez-vous de confondre, & ma caufe & la vôtre.
Je fçais quel noeud facré nous unit l'un & l'autre.
Mais fongez bien qu'un Pere eft auffi votre Roi,
Et laiffez l'Eternel, Juge entre Herode & moi.

Sa gloire autant que lui, mon fils, vous intereffe;
Au-devant de fes pas montrez votre allegreffe.
Allez, & menageant de puiffans interets,
Dans fes embrafiemens oubliez mes regrets.

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SCENE III.

ALEXANDRE feul.

Vertu que j'admire! ainfi donc la nature Ne permet à mon cœur ni plainte ni murmure? Ses plus chers interêts oppofés tour à tour A mes reffentimens ne laiffent aucun jour? J'entends du bruit. On vient. Partons. C'est trop attendre.

SCENE I V.

HERODE, ALEXANDRE, SOESME ;

THARE'S, ALCIME.
Suite du Roi, Gardes.

HERODE.

CIel! je refpire enfin. Mais que vois-je? Alex

andre?

ALEXANDRE.

Souffrez, Seigneur, fouffrez....

HERODE.

Dois-je vous embraffer?

Mon Fils, & deviez-vous fi peu vous empreffer, Pour me rendre un devoir qu'exige ma tendreffe?

ALEXANDRE

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ALEXANDRE.

Ah! Seigneur, eft-ce à moi que ce difcours s'adreffe?
Permettez-moi plûtôt de me plaindre à mon tour.
A peine en ce moment j'apprens votre retour?
Que n'avez-vous pû voir dans nos juftes allarmes
Le trouble de la Reine, & le cours de mes larmes ?
Ce Palais de nos cris doit encor retentir....

HERODE.

De ma préfence allezvous-même l'avertir,
Et l'embraffant pour moi, dites à l'inhumaine,
Que pour elle en ces lieux l'amour feul me ramene.
Dites-lui que je mets au bonheur de la voir

Ma plus chere efperance, & mon premier devoir;
Que je viens à fes pieds par un retour bien jufte
Dépofer les honneurs que j'ai reçus d'Auguste
Et qu'il fembloit lui-même en fecret combattu
Refuser à ma cause, & rendre à ma vertu.
Je n'ai point oublié ni mon rang, ni ma gloire.
Rome de ma fierté gardera la mémoire.
En parlant aux Romains, à ce Peuple de Rois,
Pour excufe à Cefar j'ai donné mes exploits.
Mais dans l'impatience où mon amour me livre,
Je ne vous retiens plus, & vais bientôt vous suivre.

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ALcime, prenez foin d'affembler le Conseil,

Et vous Tharés, qu'au Temple un pompeux appareil En l'honneur de Cefar annonce un facrifice:

Y

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