Quels ordres importans vous ont été remis. Mais pour elle vos foins & votre complaifance N'ont que trop augmenté l'orgueil de fa naiffance. Tout un Peuple deja fembloit fe divifer. Dans l'abfence d'Herode elle a pû tout ofer. Elle l'a cru perdu. La Cour trop mal instruite.... SOESME.
Je ne rends qu'au Roi feul compte de ma conduite, Madame, & fans fortir d'un devoir rigoureux, Je ne fçai point trahir d'illuftres malheureux. Herode avec fon fils m'a confié la Reine, Et j'ai cru la devoir traiter en fouveraine; Et dans tous les défirs en refpecter la Loi. En ufer autrement, c'étoit manquer au Roi. Sans prendre aucun ombrage, ou de folles allarmes, De tous les mouvemens je n'ai vû que fes larmes. J'ai calmé fes douleurs autant que je l'ai pû
Puiffe bientôt le cours en être interrompu
Le Roi revient tout plein d'ardeur & de tendreffe. Puiffent pour leur bonheur les vœux qu'au Ciel j'adreffe
Avoir le plein fuccès qu'il en faut fouhaiter, Et qu'au prix de mes jours je voudrois acheter!
Ce zéle doit trouver fon prix. Le Ciel eft jufte, Il vient de prononcer par la bouche d'Augufte. Vous le fçavez.... Enfin j'ignore quels projets Du Confeil affemblé vont être les objets. Mais le Roi devenu plus fombre, & plus farouche Recele dans fon cœur un chagrin qui le touche. J'ignore quel rapport vient de le prévenir. Trop ardent à juger & plus prompt à punir, On fçait à quels tranfports fouvent il s'abandonne: Profitez de l'avis que Salome vous donne. On ouvre. C'eft Tharès que j'avois demandé.
SOESME.
Déja fur fon parti Soëfme a decidé.
Qui connoît fes devoirs, les fuit fans violence. L'honneur, les fentimens emportent la balance. Et
pour des cœurs bien nés, Madame, il eft des droits Que porte la vertu jusqu'au Trône des Rois. Il fort.
Je viens de parler à la Reine
Et mandé par fon ordre avec empreffement, Phædime m'a conduit à fon appartement. Devant la Reine en pleurs tout gardoit le filence. SALOME.
Je viens d'en être inftruite, & fçai votre audience : Je rends grace à vos foins par qui font écartés Les foupçons que fur moi Mariamne a jettés. Il eft bon qu'en effet la Reine puiffe croire Qu'Herode chez Augufte enyvré de fa gloire, Ait même negligé de la faire avertir
De fa grace, & du temps qu'il a voulu partir. THARE'S.
Je vois comment inftruite, au gré de fon envie, Salome eft en ces lieux fidelement fervie.
De ce même entretien j'attends bien-tôt le fruit, Et le Ciel chez la Reine exprès vous a conduit.
Enfin j'ai cru devoir lui faire un rapport jufte Des titres, des honneurs accordés chez Augufte, Du bruit même qu'y fait fa beauté, sa vertu; Mais dans fes déplaifirs fon cœur trop combattu M'a laiffé voir des yeux toûjours mouillés de larmes; Et même fa douleur, en relevoit les charmes. Vous connoiffez du Roi les amoureux transports, Peut-être un regard feul va tromper nos efforts, Peut-être nos projets par un retour funeste....
Servez les feulement, je me charge du refte. Quelque ardeur que pour elle Herode ait dans le fein, C'est même fa beauté qui fert notre deffein. Je l'ai vu quelquefois pénétré de ses charmes Me venir confier fes fecrettes allarmes, Et dans le trifte cours de fes tranfports jaloux A fes attraits, Tharés, mefurer fon courroux. L'Amour seul eft l'auteur du tourment qui l'accable; Mais vous d'un grand effort vous fentez-vous capable? THARE'S.
Et quel courage ici ne feroit excité
Par l'hymen glorieux dont vous m'avez flatté? Quand pour prix de mes foins votre main m'eft offerte, Madame, en periffant je bénirai ma perte; Et.dans le noble efpoir dont je fuis prévenu.... SALOME.
Au Trône de plus loin Herode eft parvenu. C'est vous en dire assez, le reste il le faut taire. De mon deffein bientôt vous fçaurez le mystere. Dans ce même palais déja font ordonnez De fublimes honneurs à Cefar décernez....
Herode eft entré chez la Reine, Il étoit attendu. Je n'ai percé qu'à peine Ces flots de Courtifans à fes pas attachez, De joye & d'allegreffe ils paroiflent touchez. De Soëfme, dit-on, cette paix eft l'ouvrage, Lui feul a de la Reine attendri le courage. D'autres, jugeant de tout avec précaution, N'imputent qu'à Cefar cette réunion; Difent que fa pitié s'intereffant pour elle D'une Reine opprimée embraffe la querelle, Et que ce fentiment qui n'a rien de fufpect Sur le fang de Juda tient Herode en respect.
J'ai peine à croire entre eux autant d'intelligence.
Contre elle fufpendez du moins votre vengeance. SALOME.
Sa fierté jufques là n'a pû fe démentir, Et fa haine s'accroît loin de se rallentir. Le dépit & l'effroi contre lui tout s'affemble; Mais pour en bien juger il faut les voir ensemble, Mariamne fçait mal compofer fon maintien : Son cœur à découvert dans tout fon entretien, Et toujours dépendant d'une vertu farouche Ne fuit que fon chagrin ou l'orgueil qui la touche.
Son Fils vient, avec lui je vous laiffe en ces lieux, Ma préfence fans doute y blefferoit fes yeux. SALOME.
J'attends ici le Roi, s'il faut que par sa flâme Mes projets traversez.....
XFXXXX trt trtrtrtit
E vous cherchois, Madame. Tout va changer de face, & calmant fon courroux, Le Ciel femble répondre à nos vœux les plus doux. Herode eft affligé des chagrins de ma mere, Il brûle d'appailer une injufte colere.
La Reine, fi j'en crois fes tendres mouvemens, Eft prête à m'immoler tous fes reffentimens, Et me montrant un cœur fenfible à mes alarmes M'a tenu dans fes bras tout baigné de ses larmes. SALOME.
D'un pareil changement mon cœur n'eft point furpris. Les vertus de la Reine ont retrouvé leur prix. Le Roi, quoiqu'il soupçonne, eft für de fa tendreffe. Et vous qui me venez marquer votre allegreffe, En vous montrant par là digne d'elle & de lui De leur réunion vous devenez l'appui.
Madame, ce difcours qui me flatte & me touche A tous vos ennemis devroit fermer la bouche; Yous feule dans ces lieux, fi j'en crois leur rapport,
« ÀÌÀü°è¼Ó » |