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SCENE I I.

MARIAMNE, ALEXANDRE, ALCIM E.

ALEXANDRE.

EN vain de votre mort on dreffe les apprêts.

Pour défendre vos jours nos amis font tout prêts,
Venez; efperez tout de leur vaillante escorte.
Le Peuple du Palais vient d'affieger la porte,
Et de vos ennemis jufqu'ici triomphans

Je fçaurai réprimer....

MARIA M N E.

Non, je vous le défens. Profitez feulement, mon Fils, de ma difgrace, Songez à prévenir le coup qui vous menace. Il en eft déja tems, le Roi trop inhumain S'eft aux plus grands excès applani le chemin. Vous avez en ces lieux une fiere ennemie. Tous mes malheurs, mon Fils, les crimes de fa vie Lui font de votre perte une. néceffité

Et par elle à fon gré l'orage eft excité.

Que dis-je? ici mon ame à foi-même renduë,
Porte dans l'avenir plus fûrement sa vûë.

Tous nos derniers momens font des momens facrés.
Je vois auprès des miens meurtris & mafsacrés,
Et ma place, & la vôtre, ofez la reconnoître.
S'il faut que le malheur du fang qui vous fit naître
Vous coûte les horreurs qu'il entraîne après foi,
Vivez digne de lui, mais mourrez comme moi,

ALEXANDRE.

Ah! puifque jufques-là mon fort vous intereffe,
Madame, fuivez-moi, le tems, le péril preffe.
MARIAM NE.

Ah! craignez pour vous-même un dangereux effort.
Si l'on peut vous fauver, ce n'eft que par ma mort.
Mon fang feul peut du Roi calmer la violence.

SCENE III.

MARIAMNE; ALEXANDRE; A CHA S.

A CHA S.

AH! Prince, fauvez-vous, le Roi par sa pré-
A diffipé les flots des Peuples mutinés,

Et déja contre vous fes ordres font donnés,
Il s'avance en ces lieux, & prêt à tout enfraindre...

MARIAM NE.

Dans les bras de la mort, Ciel! faut-il encor craindre?

Fuyez, mon Fils.

ALEXANDRE.

Moi, fuir! je bénis son courroux.

Je ne puis vous venger; mais je meurs avec vous. Apprenons toutefois comment....

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SCENE IV.

HERODE, MARIAM NE;
ALEXANDRE, AL CIME,
A CHA S.

HEROD E.

P Erfide, arrête.

Les mutins font calmés. Mais tremble pour ta tête,
Et crois que du Confeil les avis réunis,
Ainfi que de la Mere ordonneront du Fils.
Un égal châtiment jufte autant que funefte,
Du fang Afionéen va perdre ce qui refte.
MARIAM NE.

Jouiffez en effet d'un fi noble courroux,
Et perdez tous les noms, & de pere & d'époux :
Je vois que dépouillant une pitié fecrette,
Auffi-bien que l'amour la nature eft muette.
Barbare... auprès de toi ton Fils eft fans appui.
Te voilà maintenant, entre ta femme & lui,
Ofe les regarder, ils vont perdre la vie.

Tu pâlis. Que crains-tu ? contente ton envie.
Hâte-toi. Mais apprends, que malgré ton courroux
Tu n'es en fureté peut-être qu'entre nous.

Ciel

HEROD E.

qu'entens-je ?

MARIAMNE.

Arme-toi d'un cœur inexorable,

Ta main en me perdant me devient fécourable.
Plus ta rigueur s'accroît, & plus je la bénis

Bb iiij

Quand tu tranches mes jours tous mes maux font

finis.

Je recueille le fruit de tes lâches adreffes,

Et ta haine me fert bien mieux
que tes tendreffes.
La mort va féparer ce que le Ciel unit.
Lui-même il me fait grace, & c'eft toi qu'il punit.
C'est dans tes derniers coups fon bras que je revere.
Si pourtant je me plains de ton arrêt févere,
Si j'emporte un regret des maux que tu me fis,
Tu dois le pardonner, c'eft l'intérêt d'un fils,
Malheureux rejetton d'une union fatale!
Tu meurs, une marâtre & fuperbe rivale
Doit avec ma dépouille enlever tous ces droits
Que t'acquiert à toi feul le fang de tant de Rois.
Toi, Ciel! pardonne-moi de fi juftes allarmes,
Et daigne à la nature accorder quelques larmes
Foibles foulagemens d'une injufte rigueur.
HEROD E.

Quels transports tout à coup s'élevent dans mo

cœur

O Ciel! des pleurs fi chers y rallument la flâme.
Embraffez-moi, mon Fils, & laiffez-nous..

SCENE V.

HER ODE, MARIA M N E.

HEROD E.

M Adame

Au point de me venger expire mon courroux ;
Mais at ffi reprenez des fentimens plus doux.
C'eft en votre faveur que je vous en conjure.
MARIA MNE.

Quel garant du retour que ta bouche me jure?

HEROD E.

Contre toi la rigueur eft un pesant fardeau.
Sur mes yeux la Juftice avoit mis fon bandeau,
L'amour l'a déchiré. J'ai vû que tant de charmes
Objet de mon efpoir le feroient de mes larmes.
De ton cruel projet le jufte châtiment

Loin de me foulager eut aigri mon tourment.
J'aurois pleuré ta mort comme ta perfidie.
Si par l'impunité ta vengeance enhardie

Te

porte une autre fois à quelque trahison, Ufe de tes rigueurs, & non pas du poifon. Il fuffit avec moi que ta haine s'exprime. Garde-toi de fouiller ta beauté par le crime, Et fur mon cœur pour toi fi long-temps combattu Autant que tes attraits, fais regner ta vertu. En des jours plus ferains ta vie eft affurée, Tu fçais combien toujours elle me fut facrée; Et quoique déformais il en puiffe arriver, Je mourrois mille fois pour te la conferver, A tes moindres défirs la mienne eft affervie MARIAM NE.

Toi, cruel! tu mourrois pour affûrer ma vie?
Non, non je te connois, & quoique fans retour
Ta haine eft moins à craindre encor que ton amour.
HERODE.

Ciel que prétend encor ta défiance injufte?

MARIA MN E.

Perfide!

HERODE.

Explique-toi.

MARIAMNE.

Quand tu craignois qu'Augufte....
HERODE.

Augufte.... Où tend ici ce reproche indifcret?
Ah! j'entens. Un ingrat a trahi mon fecret.
Mes malheurs font comblés.

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