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ACTE II

SCENE I.

THARBIS, ISMENE.

THARBIS.

'EST ici le Palais où je fus amenée,
Où dans le doux efpoir d'un augufte hyme-
née >

D'une pompeufe Cour j'attachois tous les yeux..
Déja l'Egypte entiere en rendoit grace aux Dieux;
Mais chere Ifmene, hélas ! la fortune contraire
M'enleva tout à coup cet efpoir & mon pere;
Sen trépas imprévû changea tous les traités
Et les troubles derniers en furent excités.

ISMENE.

*

Dans ce même Palais, ainfi donc la fortune
Jette encore à vos pieds une foule importune?
Le Ciel vous y deftine aux honneurs fouverains;
Il vous unit au fort du plus grand des humains.
Par vous cent Rois vaincus fortent de l'esclavage,
D'une éternelle Paix vous devenez le gage,
Lorfque de Thermutis en époufant le Fils...
THARBIS.

Tu ne me parles point encor d'Amenophis.

A l'offre de fa main crois-tu que destinée;
On difpofe de moi quand je me fuis donnée;
Que bravant leur pouvoir tant de fois attefté,
Je démente les Dieux qui me l'ont présenté?
Me voici dans Memphis : j'ignore encore Ifmene
Ce qu'y prétend de moi le Deftin qui m'amene;
Mais du moins ne crois pas que mon cœur combattu
Jufqu'à trahir ma gloire abaiffe ma vertu.

Quelques maux que fouvent un noble orgueil s'apprête,

On ne m'obtiendra point à titre de conquête.
Je fçaurai m'affranchir d'un injufte pouvoir,
Et ne connoître ici de loi que mon devoir
Ne crois pas toutefois qu'un aveugle caprice
Aux exploits d'Ofarphis faffe quelque injustice;
Que mes reffentimens regnent affez fur moi
Pour ne lui rendre pas tout ce que je lui doi.
Toi-même juge mieux du trafport qui m'anime.
La haine en moi pour lui n'ôte rien à l'estime.
Cette même fierté, pour te dire encor plus,
S'applaudit de fa gloire, & croît par fes vertus.

ISMENE.

A l'hymen d'Ofarphis par le fort réservée,
Songez que fur fes pas dans Memphis arrivée,
Le Héros doit bien-tôt vous conduire à l'Autel.
Qu'attendez-vous ? du moins paffez chez Jocabel.
THARBIS.

J'y confens; mais envain tout fléchit devant elle,
Ne crois pas qu'en ces lieux foumife à fa tutelle,
J'aille lui déférer par delà mon devoir.

SCENE I I.

THARBIS, OSARPHIS,

IS MEN E.

OSAR PHI S.

UN Peuple impatient brûle de vous revoir,

Madame, & fon amour vous place au rang fuprême:
Mais je ne veux devoir votre main qu'à vous-même.
Ainfi que dans Seba, maitreffe dans Memphis,
C'est à vous d'ordonner du deftin d'Osarphis.

THARBIS.

De tels difcours, Seigneur, ont droit de me furpren

dre.

Par tout ce que je vois j'ai peine à les comprendre.
Le fort qui fur vos jours jette un nouvel éclat,
Ne me livre en ces lieux qu'en victime d'Etat.
Du Fils de Thermutis je fçai quelle eft la gloire.
Mais eût-il à fon char enchaîné la victoire ›
Cette gloire pour moi n'eft qu'un titre odieux
S'il ne faut confulter ni Tharbis, ni les Dieux.
OSARPHIS.

Madame, à votre hymen le Ciel vient de foufcrire.
C'eft lui feul qui vous ouvre un chemin à l'Empire,
Et vous devez laiffer aux vulgaires Amans
Le foin de confulter ces fecrets fentimens
Ces penchans dont fouvent le retour eft funefte.
Le deftin nous unit: la vertu fait le refte.

THARBIS.

Et c'eft cette vertu qui dans les changemens
D'un cœur tel que le mien régle les mouvemens;
Qui dans le trifte état où le Destin me livre,

Seule me preferira les loix que je dois fuivre.
Si ma main tient fa place entre vos interêts,
C'eft un don de ce cœur & non point de la paix :
Je compte en rougiffant tout ce qu'on en raconte,
Et de mes fentimens s'il faut vous rendre compte,
S'il faut me déclarer, je dépens de ma foi,
Aucun refpe&t forcé ne peut agir fur moi,

Mon devoir m'eft prefcrit & ma gloire m'est chere,
Toujours devant les yeux j'ai les confeils d'un pere,
Tous les droits de fon fang qui m'étoient confiés,
J'ai fon ombre, fes Dieux: voilà mes alliés.

OSAR PHIS.

Elle fort:

C'eft de ce même orgueil qu'excite fa naissance,
Que j'efpere....

SCENE

I I I.

OSARPHIS, ISMENE, ASAPH.

ASA PH.

Seigneur

, le Grand-Prêtre s'avance,

Devant lui d'Ofiris marche l'augufte Loi.
Tout un Peuple le fuit & demande fon Roi.
C'en eft fait, vous montez au trône de vos Peres.
OSARPHIS.

Si j'en recueille, Afaph, des dépouilles fi cheres,
C'eft pour mieux affermir & leur fang & leurs droits.

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SCENE IV.

OSAR PHIS, PHANE'S, ASAPH, Affiftans de la Cérémonie.

PHANE'S.

DIgne Fils de nos Rois

La mort de Thermutis, & nos Loix fouveraines
De fes vaftes Etats, te remettent les Rênes.
Mais de la Royauté quand tu ceins le Bandeau,
Autant que fa fplendeur connois-tu fon fardeau ?
Ne crois pas qu'abufés du pouvoir qu'elle donne,
Tous les cœurs à l'envi volent autour du Thrône,
Ni que le Ciel au Sceptre attache un bien fi doux,
C'eft fouvent un préfent que nous fait fon courroux ¿
'A ce fuperbe joug mefure au moins tes forces.
La Couronne n'a plus de puiffantes amorces,
Pour qui de mille foins juftement combattu,
Veut autant que fes droits confulter fa vertu.
Je vais te revêtir de la grandeur fuprême,
Maître d'un Peuple entier, deviens-le de toi-même.
Songe que l'équité doit régler tes confeils;
Qu'entre ton peuple & toi les devoirs font pareils;
Que le Ciel vous a fait dépendre l'un de l'autre.
Ta puiffance te lie, & ton droit est le nôtre,
Et cet ordre facré d'une immuable loi,
Ne peut agir fur nous, s'il ne regne fur toi.
Il doit te rendre tel que l'Egypte l'efpere.
Tu n'en es point le Roi, fitu n'en es le
Et pour en réunir les titres glorieux,
Tiens à nous d'une main & de l'autre à nos Dieux.

pere,

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