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Cu'on ne me permit point d'aller chercher la mort,
Ni de remettre un cœur dans les bras de la gloire
Plein de mon defefpoir & de votre mémoire.
THARBIS.

Prince, raffûrez-vous. Je n'ai point oublié
Par quels fermens mon cœur au vôtre étoit lié.
Les Dieux dans mon malheur foutiennent mon cou-
rage,

Et

pour les conjurer d'achever leur ouvrage,
De joindre nos deftins par des nœuds immortels,
Tharbis alloit au Temple embraffer leurs Autels.
Je n'aurai point en vain imploré leur puissance;
Ils m'ont déja rendu le prix de ma conftance.
Je vous revois, Seigneur, & moi-même je puis
Expofer devant vous ma flâme & mes ennuis.
L'un de l'autre écartés, combien dans mes allarmes
Vos deffeins, vos périls m'ont arraché de larmes !
Si c'eft par les tourmens que fe maintient la foi,
Nos devoirs font remplis. Contre vous, contre moi
J'ai vu par des fuccès qu'à peine on pourroit croire,
S'élever l'injuftice & même la victoire.

J'ai vu l'Ethyopie & fes Rois réunis,
Eiclaves en fecret du Fils de Thermutis,
Et toujours à fon gré terminant leur querelle,
N'en affûrer pour moi qu'une paix plus cruelle;
On m'en fait la victime; un pouvoir fouverain
Comme de mes Etats difpofe de ma main.

Par mon Pere, Seigneur, elle vous fut promise.
D'un Héros tel que lui la gloire en moi tranfmife,
Rendant d'un fang fi cher les noeuds encor plus
faints,

Comme aux Arrêts des Dieux m'attache à fes deffeins :

Que le fuccès en foit favorable ou funefte,

Je les fuivrai, Seigneur, & vous charge du refte.

AMENOPHIS.

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'Ah! vos moindres défirs font des ordres facrés,
Madame, & c'est affez qu'ils me foient déclarés.
Ils m'ouvrent vers la gloire une route éclatante.
Commandez, & je vais répondre à votre attente.
Ou par un beau trépas terminant mes malheurs
Au prix de tout mon fang juftifier vos pleurs.
Maís, que dis-je, à travers tant d'injuftes querelles,
Au fang de Sefoftris des cœurs encor fideles,
Scauront, n'en doutez point, feconder votre foi.
Mes droits vous font connus, & Phanés eft pour
moi.

Miniftre de nos Dieux, il approuve ma flâme.

Vous vous rendez au Temple, il y fera, Madame,
Et le peuple appellé doit l'y fuivre à grands flots.
Non, que Phanés fe prête à d'injuftes complots.
Un plus noble motifle conduit & l'inspire.
Il s'agit du falut des Dieux & de l'Empire,
De ce grand jour enfin quels que foient les apprêts...
THARBIS.

Ecoûtez-moi, Seigneur, vous agirez après.
Vous fuivrez les tranfports de cette illustre haine.
Dans les murs de Memphis le deftin me ramene,
Jy fuis, tous vos malheurs, l'état où je vous voi
Sont les titres facrés, les garants de ma foi.
La piété, l'amour, mon devoir & ma gloire,
Tout parle ici pour vous, & vous devez m'en croire.
Mais de mon fort auffi, l'afcendant inhumain
En vous donnant mon cœur fufpend encor ma main.
Il eft vrai que Tharbis, quoi que la paix ordonne,
Ne pouvant être à vous ne doit être à perfonne.
Mais il vous faut regner, & le Trône eft l'Autel
Où je puis confirmer cet amour immortel,
Autorifez la foi que je vous ai donnée
L'Amour feul peut luter contre la Deftinée.
Et le Trône aux grands cœurs de fi beaux feux épris

Doit en être l'objet, s'il n'en eft pas le prix?
Aux yeux de l'Univers lui feul me juftifie:
Irois-je en fes projets troublant l'Éthyopie,
Pour fruit de tant d'efforts, vil fpectacle aux humains
Sans Sceptre & fans Etats me remettre en vos mains?
Cet Empire jaloux de fa premiere gloire,
Des Héros de ma race aime encor la mémoire
Sur fon Trône affermi par leurs bras redoutés
Me verroit avec joye affife à vos côtés.
Ofez tout pour fixer fon bonheur & le nôtre :
'Allez, poursuivre l'un, je vous réponds de l'autre.
Où ce cœur par ma main percé de mille coups,
Prononcera bien-tôt entre Ofarphis & vous.

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H! d'un zéle fi beau je dois du moins l'exem

Allons...

SCENE VIII.

AMENOPHIS, PHANE'S.

Rince, venez, & rendez-vous au Tem

Prince

Venez, j'ai differé d'y proclamer le Roi;
Et du pied des Autels emû d'un faint effroi,
Au Peuple qui du Temple inonde les portiques,
J'ai rendu les fecrets de nos fastes antiques;
Dit que prêt à fubir le joug d'un Etranger.

Le culte d'Ofiris, l'Empire eft en danger.
Le Peuple que faifit un effroi légitime
Auffi-tot à grands cris demande la Victime,
Dans les vœux réunis il veut le fang d'Aron,
Le nomme; mais, Seigneur, l'Autel tremble à ce

nom.

Du fond du Sanctuaire il fort des cris funebres.
Le Ciel gronde, le jour fe couvre de ténébres.
L'air s'allume d'éclairs. Du Nil en ce moment
Les flots ont répondu par un nugiffement,
Et livrant nos efprits à des terreurs plus grandes,
Les Dieux épouvantés rejettent les offrandes.
Pour implorer moi-même, & hâter vos fecours,
Des myftéres facrés j'ai fufpendu le cours :

Je ne fcai; mais mon ame en fes foupçons contrainte
Doute de la Victime, & porte ailleurs fa crainte.
Dans cette incertitude où d'un peuple inégal...
AMENOPHIS.

Viens, fuis moi, profitons de ce trouble fatal.

Fin du fecond Acte.

ACTE III

SCENE PREMIER E.

OSARPHIS,

ASAPH.

ASAP H.

Quel que foit le péril, Seigneur, qui le menace

Aron femble ignorer encor ce qui fe paffe.

Va-t'il venir ?

OSARPHI S.

ASAPH.

Il vient plein d'un noble courroux. Mais s'il faut vous le dire, il ne craint que pour

Vous

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Et lorfque pour les jours votre ame eft allarmée....
OSARPHIS.

Il fçait que je l'attends, il fuffit. Que l'Armée
Inftruite du parti qui m'ofe traverfer
Aux portes de Memphis commence à s'avancer;
Qu'au tour de ce Palais à mes ordres rendue
Ma Garde Ifraëlite, Afaph, foit repandue;
Digne de me fervir fous un Chef tel que toi
Tu vois jufqu'à quel point je compte fur fa foi.
Mais fouviens-toi fur tout d'avertir la Princeffe.
Je veux la voir. Tu fçais que cet entretien preffe.

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