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C'est par moi qu'on commence à violer les loix.
On a fait de Seba le prix de la victoire.
Sur ma propre dépouille, on établit ma gloire.
Sur les débris du mien un Trône m'eft offert,
Et je dois tenir tout de la main qui me perd.
OSARPHIS.

Quels que foient les foupçons où votre ame s'abuse,
Un homme tel que moi ne cherche point d'excufe;
Et, fi dans fes devoirs il pouvoit s'oublier,
Balanceroit peut-être à fe juftifier.

J'ofe en faire l'aveu; mais gardez-vous de croire
Que je prétende ufer des droits de la victoire
Et ne plaçant que là ma gloire & mon appui
Je tyrannise un cœur qui n'eft plus même à lui.
THARBIS.

Dites que cette main plûtôt où l'on afpire,
A des droits plus facrés en a remis l'Empire.
Du moins s'il faut un choix à ma gloire afforti
Quand il en fera tems, je prendrai mon parti.
Elle fort.

SCENE IV.

OSARPHIS feul.

On, je ne vois que trop jusqu'au fond de fon

Non

ame

Les traits encore empreints de fa premiere flamme;
Mais à ma gloire ici qu'importe fa rigueur?
L'amour ne regle point le deftin d'un grand cœur.
Que de fes Alliés rejettant l'affiftance

Tharbis pourfuive ici le prix de fa constance;
Que reglant fur fes feux tant de droits difcutés...

SCENE V.

OSARPHIS, ASAPH.

OSARPHIS.

MEs ordres, cher Afaph, font-ils exécutés ?

ASAPH.

Seigneur, dans tous les cœurs jamais ardeur plus

belle

Ne parût s'élever contre un Parti rebelle:

Mais, Ciel! dans quel terrible & fubit embarra s
Lui-même...

OSARPHIS.

Acheve....

ASAPH.

Aron s'eft fauvé de nos bras,

Dans les mains du Grand-Prêtre il vient de fe re

mettre :

Phanés de fon trépas ofe tout fe promettre,
Le peuple qui tantôt admiroit fa vertu,

Hâte le facrifice.

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OSARPHIS.

O Ciel! que me dis-tu?

Quoi! Phanés dans fa crainte injufte & légitime,
Phanés ne frémit pas au nom de la victime?
Envain fur fes Autels, il s'ofe repofer;
Moi-même de fon fang je cours les arrofer.
ASAPH.

Ah! gardez d'exposer cette tête facrée.
Quoi donc oubliez-vous quelle eft cette contrée ?
Peuple en effet ingrat & fuperftitieux!

Je ne fçai dans ces murs quel Oracle des Dieux

Sufcitant de la terre une injufte puiffance,

De la Religion exerce la licence;

Mais tout en eft à craindre; & furtout quand l'er

reur

Marque des mêmes traits le zéle & la fureur.
Alors du châtiment qui femble légitime,
L'exemple eft dangereux encor plus que le crime;
L'ombre feule en excite un foudain changement,
Et la moindre étincelle un vafte embrasement.
OSARPHIS.

Dis plûtôt que du Ciel je connois la juftice;
Qu'il ne permettra point un fi noir facrifice;
Mais que fans trop d'égards pour ce peuple infenfé,
Je dois venger du moins mon honneur offense.
C'eft trop tarder. Allons...

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Votre Fils m'eft plus cher que l'Empire.

Je fçai dans quels périls lui-même il s'eft jetté;
Et le Trône à ce prix feroit trop acheté.

Dans le fond de mon cœur j'ignore quel murmure,
Dans fes tranfports confus étonne la nature,
J'ai peine à concevoir tout ce que je reffens.

JOCABEL.

Calmez du moins, calmez des troubles fi preffans. Aron dans nos malheurs n'eft pas le plus à plaindre,

Et ce n'eft plus pour lui que nous avons à craindre,
Il n'eft plus au pouvoir de fes fiers ennemis,
Seigneur, & dans nos mains il vient d'être remis.
OSARPHIS.

Ah! laiffez-moi du moins punir leur infolence.
Eft-ce à vous ...

JOCABEL.

C'est à moi de rompre le filence. Cet Oracle terrible, & par vous rejetté, Cet Oracle s'accorde avec la vérité. Un Enfant d'Ifraël qui parmi nous refpire. D'un déluge de maux doit couvrir cet Empire, Et doit avec fon peuple en fortir triomphant. Phanés a dans Aron méconnu cet Enfant, Et vient d'en rejetter par-là le facrifice.

Nos malheurs font comblés, s'il faut qu'il s'éclair⚫ciffe;

S'il faut que ce fecret trop prompt à s'échaper,
Lui défigne le cœur où fa main doit frapper.
OSARPHIS.

Repofez-vous fur moi, j'écarterai l'orage;
Et quant à cet Hebreu qui caufe tant d'ombrage,
Madame, c'eft un bruit conçu fans fondement
Qu'un peuple trop crédule embrasse avidement.
Je vais, n'en doutez point, l'arrêter dans fa courfe:
Je puis fans trop d'effort remonter à la fource.
Comme un avis du Ciel cet Oracle vanté,
Madame, contre moi n'eft qu'un piége inventé.
Sans doute, en factions l'Egypte fe partage,
On vent me difputer ce fuperbe heritage.
Que dis-je ?en puniffant ces premiers attentats
J'étouffe un feu tout prêt d'embrafer ces Etats.
Ah! lorfque pour tenter une haute avanture,
Ces Miniftres des Dieux dirigent l'impofture,
Je ne fçai quel démon par de fecrets refforts,
De leurs projets hardis marque tous les dehors,

Prête à la piété fes cruelles maximes,

Toujours fous de beaux noms nous préfente les cri

mes,

Sous un modefte front nous cache un cœur d'airain, Et parlant en Efclave, agit en Souverain.

JOČABEL.

Seigneur, il eft trop vrai, quoi que l'on entreprenne,
L'intrigue des méchans ne fe perce qu'à peine:
Mais la vérité fainte étend par tout fes droits,
D'une bouche étrangere elle emprunte la voix,
Du fein de l'erreur même annonce fes Oracles.
Cependant, pour fon nom, Dieu prodigue en mira

cles,

Quelquefois nous livrant à nos propres befoins,
De la prudence humaine exige tous les foins.

OSARPHIS.

Lui-même, fon courroux plus prompt à fe réfoudre,
Souvent avant l'éclair a fait partir la foudre.
A nos fiers ennemis enlevons tout espoir,
Trop de prudence ici nuiroit à mon pouvoir.
Un grand cœur doit toujours garder moins de mefures;
Il trouve en fa fierté des reffources plus sûres,
Et d'un projet trop lent écartant les apprêts,
Il tente la fortune & délibere après.

JOCABEL.

Périffe de Phanés la facrilege audace,

Et toi qui vois le fang que l'Oracle menace,
O Ciel? oublirois-tu que ton choix dans ces lieux
En fit de tes decrets l'inftrument glorieux ?

OSARPHIS.

Sur qui tombent enfin ces fecrettes allarmes?

JOCABEL."

Quoi, vous me demandez la cause de mes larmes,
Lorfqu'ici tout vous livre à des périls certains?
OSARPHIS.
De qui fait Jocabel dépendre mes deftins?

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