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La foi des alliés, ma naiffance, ma gloire,
Tout avec fon efpoir fort-il de fa mémoire ?
Hé quoi, me tiendroit-on de plus triftes difcours,
Si dans un fang profcrit j'avois puifé mes jours?

JOCABEL.

Ah! Seigneur, de ces jours fource de tant de crainte,
Le falut entre nous n'admet plus de contrainte.
Dans les maux où je vois tout le peuple expose,
Il faut rompre le fceau fur mes levres pofe.
Il faut... fur quels fecrets facile à me répandre ...

OSARPHIS.

Ah! quels qu'ils foient, Madame, ofez me les apprendre.

Quel foupçon avec moi tient vos efprits flottans?
JOCABEL.

Oui, je vais obéir. Je vois qu'il en eft tems.
Le Ciel dans ce mystére intéreffé lui-même...

SCENE VII.

OSARPRIS, JOCABEL, ISERIDE,

AMenophis,

ASAPH.

ASAPH.

Menophis, Seigneur, brigue le rang fuprême; Tharbis de fes traités redemande le fruit:

Du danger de l'Etat tout un peuple eft inftruit;
Et bien-tôt appuyé d'une injufte puiffance
Va fous l'ombre du zéle exercer la licence.
Memphis, qui mieux que vous, Seigneur, peut en
juger?

Dans le fang d'Ifraël brûle de fe plonger;

Le traite d'ennemi du culte véritable,

Du courroux de fes Dieux, le rend lui feul comptable.

Le Soldat, dit-on, même en ces troubles preffans
Ouvre l'oreille aux cris des femmes, des enfans.
Chacun porte aux Autels un trouble légitime,
Prêt à les arrofer du fang de la victime.
Un Prêtre qui du Prince épouse l'interêt
Du Ciel en fa faveur va détourner l'arrêt;
Semble ne voir en vous dans l'effroi qui l'infpire
Que le fang d'Abraham, l'ennemi de l'Empire;
Que l'efpoir & l'appui d'un peuple détesté.
Qu'attendez-vous? veillez à votre sûreté.

OSARPHIS.

C'en eft fait, & j'y cours, prêt à tout entreprendre:
Oui, Madame, je fçai le parti qu'il faut prendre,
Et plus fier des périls qu'il me refte à braver,
Pour fçavoir mes deftins je viens vous retrouver.

Fin du troifiéme Acte.

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JOCABEL, ISERIDE.

JOCABEL.

Es Enfans d'Ifraël, grand Dieu! dans fa dif

grace

Si jamais ta faveur doit proteger la race, Lemoment eft venu. Prodigue ton appui; Ce n'eft plus Ofarphis, c'eft tout un peuple en lui. C'eft ton peuple choifi dont le péril éclatte. Que feroit-ce grand Dieu! fi cette Egypte ingratte Découvroit de quel fang tient le jour Ofarphis? Qu'il eft ce même enfant qui fait frémir Memphis? Que d'un voile pompeux couvrant fon origine, C'eft lui que tes decrets chargent de fa ruine, Et de qui le pouvoir par toi-même affermi, Cache dans un esclave un fi fier ennemi? Je l'attens. Sans témoins il doit ici fe rendre. Sur fes deftins fecrets il brûle de m'entendre. De quel œil verra-t'il dans fa plus noble ardeur, Du fang de tant de Rois s'éclipfer la splendeur ? Daigne mettre, grand Dieu! ta prudence en ma bou

che,

Et fais qu'en l'éclairant ta parole le touche;

Toi feul lui peux donner dans fes profperités
Le goût de la fageffe & de tes vérités.
Il eft tems que ta main d'un raion de lumiere
A fes hautes vertus ouvre une autre carriere;
Que fauvé par tes foins de tant d'écueils divers,
Il annonce ton nom, ta gloire à l'Univers;
Que confondant ces Dieux que l'erreur a fait naître,
La nature en toi feul reconnoiffe fon Maître,
Au Dieu feul de Jacob déclare fon respect.
Terre tremble à fa voix ! Mer fuis à fon afpect.
Et toi Ciel! devant lui sous fa main fouveraine
Rentre dans le néant d'où tu ne fors qu'à peine.
Mais mon Fils vient, prends garde, & que de nos dif-

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portes.

Des fideles Hebreux les vaillantes cohortes,
Défendent ce palais, tout eft en sûreté.
Le Temple eft invefti, le Prince eft arrêté.
Contre tout Ifraël, m'en croirez-vous, Madame?
On alloit employer & le fer & la flâme.
Dans le fecret le coup devoit être conduit
Le jour eût révelé les horreurs de la nuit.
De nos divifions à l'Egypte funeftes,
La mort d'Amenophis va diffiper les reftes;

D'une brigue infolǝnte étouffer les complots,
Et doit de tout l'Etat affermir le repos.

Déja pour le juger tout le Confeil s'affemble... Mais, Madame, en ces lieux nous voici feuls enfemble.

Il en eft tems, daignez m'apprendre mon destin.
JOCABEL.

Je l'ai promis, il faut vous fatisfaire enfin.
Le Ciel même l'ordonne, & parle par ma bouche.
Ces murs; Seigneur, ces murs dont l'aspect seul

vous touche

Cette augufte demeure...

OSARPHIS.

Achevez cet aveu.

JOCABEL.

Ne vous ont point vû naître, & vous êtes Hebreu.

OSARPHIS.

Moi, jufte Ciel, Hebreu ! comment de ma naissance
A-t'on pû fi long-tems cacher la connoiffance?
Eft-cepour me ravir à de mortels dangers

Qu'on remit mon enfance en des bras étrangers?
Mais d'où vient tout à coup que votre ame eft émûe,
Qu'étouffant vos fanglots, levant au Ciel la vûe ...
JOCABEL.

Dans leur efpoir, Seigneur, tous nos Hebreux trou blés,

Sous le poids des travaux gemiffoient accablés. Depuis long-tems déchûs de l'état de leurs Peres, L'Eternel en pitié regarda leurs miferes,

Quand tout à coup un Prêtre, un Miniftre odieux Vint trouver Pharaon, lui fit parler fes Dieux. „D'une race étrangere un Enfant vient de naître, "Que cet Empire un jour reconnoîtra pour Maître, A fes pieds il verra tous les peuples tremblans. Il dit, delà quel trouble & quels Edits fanglans? Touché de nos malheurs votre vertueux Pere;

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