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Ce n'eft qu'en toi, dit-il, que tout un peuple espere, Ce n'est que de toi feul qu'il attend son secours, Grand Dieu! de tant d'horreurs daigne arrêter le

cours.

Dieu lui parut en fonge émû de fa difgrace.

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Tes vœux feront comblés, ce fera de ta race
,,Que naîtra cet Enfant à l'Égypte prédit.
De joye & de douleur il demeure interdit.
Dieu confond les projets de la prudence humaine,
A la foi la plus fimple, heureux qui fe ramene !
Chargé de mille voeux & de pleurs arrofé
Sur le Nil au berceau vous fûtes expofé.
Quelle reffource, ô Ciel! contre un dur esclavage?
Mais Thermutis alors parut fur le rivage.

Les yeux de la Princefle erroient de toutes parts.
Dieu, fur votre berceau détourna fes regards.
Elle en pouffa des cris, trembla pour votre vie.
D'ordres preffans bien-tôt fa pitié fut fuivie,
Et parmi les périls que le Ciel écarta

Prefque à fes pieds, Seigneur, le flot vous apporta.
Thermutis dans fes bras long-tems vous envilage,
Et de vos grands deftins crut lire le préfage.
Mes yeux jufques alors n'avoient pû vous quitter;
Moi-même à Thermutis j'ofai me préfenter,
Et le Ciel de vos jours confirmant la défence,
Voulut que dans mes bras on remit votre enfance.
OSARPHIS.

O furprise! ô prodige ! & quel heureux tranfport
Jufque là vous pouvoit attacher à mon fort?
A quoi dois-je imputer ce mouvement fi tendre?
D'où vient...

JO CABEL.

Jufques au bout, Seigneur, daignez m'entendre, Amenophis encor n'avoit pas vû le jour. Thermutis déroba ce fecret à la Cour;

Perdit alors un fils & vous mit à fa place,

Pharaon crut en vous voir revivre fa race,
Et bien-tôt fecondant les vœux d'un peuple entier
De l'Egypte après elle il vous fit l'heritier.
La victoire depuis dévançant vos anneés,
De l'Empire en vos mains remit les deftinées.
Sans les troubles cruels dont l'Etat eft rémpli,
Ce fecret languiroit dans l'ombre enfeveli:
Mais il faut écarter un orage funefte,

J'ai dû parler, Seigneur, vous fçavez tout le refte.
OSARPHIS.

Ah! Madame, achevez. Du moins vous pouvez

voir

Que fur moi vos difcours ont un fecret pouvoir,
Et rien n'eft au-delà de má reconnoiffance.
Mais de plus de clartés enfin fur ma naiffance,
Ce fecret entretien devroit être suivi.

JOCABEL.

Moyfe eft votre nom, vous fortez de Levi.
Mais parmi nous le fang n'établit point nos Maîtres,,
Nous comptons les vertus & non pas les ancêtres.
D'ailleurs notre esclavage en ce cruel féjour,
Ne permet point...

OSARPHIS.

De ceux à qui je dois le jour, Le fort, fans doute, avoit place en votre mémoires JOC ABEL.

Ils ont vêcu contens, ils voyoient votre gloire ;, D'une mere éplorée, un Dieu foutint l'espoir.

OSARPHIS. Je fens que mon bonheur dépendroit de la voir :: Et fans plus me laiffer dans mon erreur premiere,, Hélas !vit-elle encore?

Ella voit la himiere.. OSARPHIS, É coom-bul

C'est trop me dérober à des objets fi doux.

JOCABEL.

Le Ciel de fes deffeins jufques-là fut jaloux ;

Et ces mêmes parens, du jour qu'il vous fit naître, Dans un Fils tel que vous n'ont dû voir que leur Maître..

OSARP HIS

A leur amour du moins tout accès fut permis?

JOCABEL.

Plus vous leur fûtes cher, plus ils étoient foumis..
OSARPHIS.

Ah! grand Dieu! dans l'éclat d'une pompe trop fiere

Peut-être fans pitié j'ai pû voir leur mifere.

JOCABEL,

Seigneur, aux honneurs par vous-même

Non

élevé,

Votre pere...

OSAR PHIS.

Qu'entends-je ! auroit-il retrouvé

Le prix de fa vertu, celui de fa tendreffe?

JO CABEL.

Sur vous, fur vos deffeins les yeux s'ouvroient fans

ceffe.

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JOCABEL,

Votre pere n'eft plus.
OSARPHIS."

1

Quel coup l'a pu ravir! & d'où naiffent vos larmes ? JO CABE L.

Lui-même à vos côtés fubit le fort des armes,

OSARPHIS

Ciel!:

OSARPHIS.

JOCABEL..

Aux dépens des fiens vos jours furent-sauvés;; Son fang vous redonna la lumiere...

OSAR PHIS.

Achevez,

Et daignez éclaircir ce que je n'ofe croire.
JOCABEL

Ofarphis paya cher fa derniere victoire.
OSARPHIS.

Ah! de quelle douleur mes fens font attendris ?
JO CABEL

Tes yeux furent fermés par la main de ton fils,,
De tes foins paternels ce fut là le falaire,

Cher Zaram!

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JOCABEL

O mon fils ! de ce nom j'ofe vous appoiler:
Cicl! à des pleurs fi chers quel bien peut s'égaler?
OSARPHIS reprend un ton grave dans
O les trois-vers fuivans
Ce changement eft grand. Mais quoi que j'envifage
J'ai fait du moins, Madame, un noble apprentif
fage;
Ofarphis a payé l'honneur d'un fi beau nom.
Enfin le Ciel me rend un frere dans Aron,
Lorfque dans Jocabel je retrouve ma mere.
JOCA BEL.

Aaron ignore encor que vous êtes fon frere

F

Et für votre naiffance il n'a nulles clartés ;.

Mais du fang d'Ifraël il fçait que vous fortez.
Enfin, mon fils, enfin, quoi que le Ciel ordonne
Memphis n'a plus pour vous ni fceptre ni couronne..
Mais celui devant qui tout doit s'humilier,

A fes vertus auffi va vous affocier.

Et que font devant lui tous ces Dieux de la terre,,
Ces puiffances qu'enfante & l'audace & la guerre ?
Vous même apprenez-leur à respecter les loix,
A ne plus pour vertus nous donner leurs exploits.
Qu'ils fçachent dans quel foin leur gloire les engage,.
Et qu'il eft des devoirs dont le trône eft le gage.
Quelque appui cependant qui nous puiffe flatter
Quoi que pour vous le Ciel foit prêt d'exécuter,
C'eft lain de ces climats, loin de cette contrée,
Que Jacob a marqué cette Terre facrée
Canaan, qu'il promit à fa pofterité,

Lorfque d'un faint tranfport en mourant excité,
L'avenir devant lui fe laiffoit voir fans voiles.
Le fable de la mer, le nombre des étoiles
Doit à peine égaler celui de fes enfans.

Quel peuple audacieux! que de Chefs triomphans!
Juda comblé de gloire eft ceint du Diadême,
Et va porter au loin fa puiffance fuprême, à
O race de Jacob! fidele à tes Autels,

De toi doit naître un Dieu, l'attente des mortels.
Dans cet efpoir; mon fils

riere,

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entrez dans la car

Laiffez fur tous vos pas des traces de lumiere.
C'eft cette même ardeur dont on yous vit brûler,
Qui déformais...

SCENE III

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