Ce n'eft qu'en toi, dit-il, que tout un peuple espere, Ce n'est que de toi feul qu'il attend son secours, Grand Dieu! de tant d'horreurs daigne arrêter le cours. Dieu lui parut en fonge émû de fa difgrace. Tes vœux feront comblés, ce fera de ta race Les yeux de la Princefle erroient de toutes parts. Prefque à fes pieds, Seigneur, le flot vous apporta. O furprise! ô prodige ! & quel heureux tranfport JO CABEL. Jufques au bout, Seigneur, daignez m'entendre, Amenophis encor n'avoit pas vû le jour. Thermutis déroba ce fecret à la Cour; Perdit alors un fils & vous mit à fa place, Pharaon crut en vous voir revivre fa race, J'ai dû parler, Seigneur, vous fçavez tout le refte. Ah! Madame, achevez. Du moins vous pouvez voir Que fur moi vos difcours ont un fecret pouvoir, JOCABEL. Moyfe eft votre nom, vous fortez de Levi. OSARPHIS. De ceux à qui je dois le jour, Le fort, fans doute, avoit place en votre mémoires JOC ABEL. Ils ont vêcu contens, ils voyoient votre gloire ;, D'une mere éplorée, un Dieu foutint l'espoir. OSARPHIS. Je fens que mon bonheur dépendroit de la voir :: Et fans plus me laiffer dans mon erreur premiere,, Hélas !vit-elle encore? Ella voit la himiere.. OSARPHIS, É coom-bul C'est trop me dérober à des objets fi doux. JOCABEL. Le Ciel de fes deffeins jufques-là fut jaloux ; Et ces mêmes parens, du jour qu'il vous fit naître, Dans un Fils tel que vous n'ont dû voir que leur Maître.. OSARP HIS A leur amour du moins tout accès fut permis? JOCABEL. Plus vous leur fûtes cher, plus ils étoient foumis.. Ah! grand Dieu! dans l'éclat d'une pompe trop fiere Peut-être fans pitié j'ai pû voir leur mifere. JOCABEL, Seigneur, aux honneurs par vous-même Non élevé, Votre pere... OSAR PHIS. Qu'entends-je ! auroit-il retrouvé Le prix de fa vertu, celui de fa tendreffe? JO CABEL. Sur vous, fur vos deffeins les yeux s'ouvroient fans ceffe. JOCABEL, Votre pere n'eft plus. 1 Quel coup l'a pu ravir! & d'où naiffent vos larmes ? JO CABE L. Lui-même à vos côtés fubit le fort des armes, OSARPHIS Ciel!: OSARPHIS. JOCABEL.. Aux dépens des fiens vos jours furent-sauvés;; Son fang vous redonna la lumiere... OSAR PHIS. Achevez, Et daignez éclaircir ce que je n'ofe croire. Ofarphis paya cher fa derniere victoire. Ah! de quelle douleur mes fens font attendris ? Tes yeux furent fermés par la main de ton fils,, Cher Zaram! JOCABEL O mon fils ! de ce nom j'ofe vous appoiler: Aaron ignore encor que vous êtes fon frere F Et für votre naiffance il n'a nulles clartés ;. Mais du fang d'Ifraël il fçait que vous fortez. A fes vertus auffi va vous affocier. Et que font devant lui tous ces Dieux de la terre,, Lorfque d'un faint tranfport en mourant excité, Quel peuple audacieux! que de Chefs triomphans! De toi doit naître un Dieu, l'attente des mortels. riere, entrez dans la car Laiffez fur tous vos pas des traces de lumiere. SCENE III |