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Sur les ailes des vents promene la terreur.
Tu franchis d'un feul pas les limites du monde.
Mais quel jour tout à coup perce la nuit profonde?
A travers mille feux je l'entens, je le vois.

Il m'appelle, c'eft lui, le Ciel tremble à fa voix ;
Des morts dans le tombeau la cendre eft ranimée.
Qu'attendons-nous ? perçons cette route enflamée,
Retoutable fentier qu'il a mis entre nous,
Et fervons à fon gré fa gloire & son courroux..

Fin du quatrième Alte,

ACTE

ACTE V.

SCENE PREMIER E.

Q

JOCABEL, AARON.

AARON.

Uoi, Madame, déja tombe notre esperance?

Les ordres d'Ofarphis nous cachent fa pré-
fence;

Et de fes volontés moins que vous éclairci,
N'ayant pû lui parler, je viens l'attendre.ici.
JOCABE L.

Et quel courroux encor peut regner dans fon ame?
AARON.

Du fort d'Amenophis ce que je fçai, Madame,
C'eft que de fon fupplice on dreffe l'appareil;
Que parmi les horreurs d'un fpectacle pareil
Dans fon appartement on garde la Princefle.
JOCABEL.

Pour le fauver, mon fils, du péril qui le preffe,
Au Dieu que nous fervons fuffifent les momens.
Le jour annonce au jour de grands évenemens.
D'Ofarphis en fes mains ce Dieu tient l'ame al-

tiere;

Mais il faut vous ouvrir la mienne toute entiere.
Zaram vous a parlé de ces jours ténébreux,
Où Dieu fembla jurer la perte des Hebreux;
Où de ces tristes flancs qui vous ont donné l'être,

G

Vint un enfant profcrit, même avant que de naitre:

AARON.

Je fçai ce que devint ce fruit de votre amour.
JOCABEL.

O mon fils! il refpire, il voit encor le jour.
AARON.

Quels climats reculés, quelle terre étrangere
A gardé le dépôt d'une tête fi chere?
Pourquoi d'uniong exil ne pas finir le cours?
JOCABEL,.

Ah! fi le Ciel, mon fils, veut conferver fes jours,
Qu'eft-il befoin qu'au loin fa fageffe l'exile?
La Cour d'un Tyran même en deviendroit l'azile.

Je vous entens.

AARON.

JOCABEL.

Memphis va l'offrir à vos yeux.
AARON.

Ciel! confirme un efpoir fi doux, fi glorieux.
Non, ce n'eft point en vain que mon ame éperdue
A cet efpoir ficher tout à coup s'eft rendue.
Ce trere m'eft connu.

JOCABEL.

N'en doutez point, mon fils,
C'eft lui, c'eft cet enfant sauvé par Thermutis.
Par moi de fes deftins il a fçu le inyftére,
Et tantôt... Mais on ouvre.

SCENE II.

JOCABEL, OSARPHIS, AARON.

OSARPHIS.

Embraffez-mo

mbraffez-moi mon frere.

AARON.

De quels tranfports divers mes fens font combattus?

OSARPHIS.

J'ai dû vous reconnoître à vos feules vertus.

Mais les momens font chers. Ecoutez l'un & l'autre.
Je porte dans mes mains mon destin & le vôtre.
Le Très-Haut m'a parlé, fa redoutable voix
De la nature encor trouble ou fufpend les loix.
Ce n'eft point un phantôme, une ombre qui s'efface,
Un fonge, c'étoit lui, je l'ai vu face à face.

Son afpect n'eft point fait pour les foibles humains.
L'Eclair eft dans fes yeux, la foudre dans fes mains,
Et j'ai vû fur fon front l'Eternité terrible.

C'étoit fur le fommet d'un mont inacceffible.
Son Trône étoit en flame & fans fe consumer,
D'un feu toujours nouveau fembloit se r'allumer.
Va, pars, & d'Ifraël par de nouveaux miracles
Confirme, il en eft tems, la foi de mes Oracles,
C'eft toi que j'ai choifi pour annoncer ma loi.
La terreur & la mort marcheront devant toi.
Deja de ma juftice attendant les victimes,
La terre ouvre fon fein, & la mer fes abîmes.
Des arides rochers voi jaillir les torrens
Et par tout devant toi les dons du Ciels s'offrans.
De ce peuple d'élûs la gloire t'est remise,
Ouvre lui Canaan cette terre promife,
Lieux facrés, que déja dévoroit fon efpoir,
Et que Jacob mourant n'avoit fait qu'entrevoir.
Il dit, & devant moi fur deux auguftes Tables
J'ai vu le déployer ces arrêts redoutables,
Ces préceptes tracés d'une immortelle main,
Qu'il grava dans nos cœurs bien plus que fur l'airain
Monumens comme lui d'éternelle durée.
J'ai même recueilli de fa bouche facrée
L'ordre & l'enchaînement de ces décrets divers.
Formidables tréfors d'un voile affreux couverts!
JOCABE L.

O combien de raifons d'efperer & de croire !

Dieu lui-même à nos yeux vous couvre de fa gloire.
Sa préfence s'annonce à ces traits de fplendeur,
Et parmi nous, mon fils jette une fainte horreur.
AARON.

Seigneur, car dans l'état où je vous confidere,
Il ne m'eft plus permis de vous nommer mon frere,
Entre le Ciel & nous, arbitre glorieux...
OSARPHIS.

Le deffein en eft pris. J'abandonne ces lieux.
Dans ce départ, Madame, où l'Eternel m'engage
De fa faveur en vous je vais fauver le gage.
Je vais vous délivrer d'un injufte pouvoir,
Et vous rendre en des lieux plus chers à votre efpoir.
JOCABEL.

Ah! c'eft de trop de foin que votre amour m'honore.
Partez. Sauvez-vous feul, il n'eft pas tems encore,
Mon fils, que Jocabel s'écarte de ces lieux;
Et c'eft affez pour moi que vos jours précieux
A Dieu feul confiés, dans une autre contrée,
Se trouvent à l'abri de fon aile facrée.
Laiffez-moi des Hebreux partageant les destins,
Etre un garant pour eux de vos fecours certains,
Soutenir leur espoir parmi tant de miferes,
Efclaves dans l'Égypte, & toutefois nos freres.
OSARPHIS.

Du falut d'Ifraël fiez-vous à ma foi,

Et laiffez ce fecret entre le Ciel & moi.

Il eft tems qu'en ces lieux fon ordre s'accompliffe,
Madame, il m'a remis le glaive & la juftice.
C'eft par-là qu'en quittant les remparts de Mem-
phis,

C'eft à moi d'ordonner du fort d' Amenophis,
Et mettant dans l'Egypte un terme à nos disgraces,
J'y dois de ma fortie au moins laiffer des traces
Dignes de mes deftins & d'un projet fi haut,
Et déja...

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