ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

SCENE IV.

HERODE, GLAPHIRA, ALEXANDRE, ANTIPATER, PHENICE, NARBAL GARDES.

Q

HERODE.

Ue vois-je, mes enfans? qu'ai-je entendu, ma
fille?

Quel défordre nouveau divife ma famille ?
Et par quel attentat prompte à fe fignaler,
M'offre-t-elle par tout mon fang prêt à couler?
Quelle haine entre vous injufte & criminelle
Nourrit dans ma maison une guerre éternelle?
Ah! lors qu'Antoine mort me laiffa fans appui,
Qu'Augufte triomphant ine cita devant lui,
Aux traits d'un noble orgueil n'accorda-t-il ma vie
Que pour la voir un jour par mes enfans ravie?
Mais parlez, quel fujet vous anime tous deux ?
Vous ne me dites rien ! Répondez, je le veux,
Eclairciffez mon trouble, ou craignez ma colere.
ANTIPATER.

J'ignore quels motifs ont irrité mon frere :
Mais loin de m'accorder ce qu'il me doit d'égards,
Fils d'Hérode, j'attire à peine fes regards.

HERODE.

Hé quoi! mon fils, déja votre orgueil fe déclare?
Ne vous fuffit-il pas du rang qui vous fépare?
Et n'eft-ce point affez que mon cœur prévenu....
ALEXANDRE.

Antipater, Seigneur, ne vous eft pas connu.
Je le vois fon orgueil excitant fa tendreffe,
Ofe me difputer la main de la Princeffe;
Et quand de fon aveu mon amour irrité,

Oppofe fon devoir à sa témerité,
L'infolent de la Reine outrage la mémoire:
Il ofe m'offenser ; & fi je l'en veux croire,
Seigneur, pour traverfer un hymen que j'attens,
Vous même; les Romains. ...

HERODE.

Ah! qu'eft-ce que j'entens?
Cruel, c'eft donc ainfi que ta coupable envie
Cherche à perfécuter les restes de ma vie?
Mais je vais t'en punir, & mon reffentiment
Trouvera dans tes feux ton jufte châtiment.
Alexandre à tes yeux époufant la Princeffe,
Va confondre l'orgueil qui m'irrite, & le bleffe.
Je ne differe plus fon hymen; & demain
Il peut aller au Temple & lui donner la main.
Et toi vas les forcer d'oublier ton audace,

Et n'attends plus de moi de pardon fans leur grace.
ANTIPATER.

Ah! Seigneur, je pourrois!...

HERODE.
Ofes-tu refifter,

Témeraire? Obéis, ou crains de m'irriter.
Au gré de vos defirs, Madame, tout confpire:
Tel eft l'ordre du Ciel que lui-même m'infpire.
GLAPHIRA.

D'un Héros tel que vous puiffent fes juftes loix
Affermir le repos acquis par tant d'exploits,
Et s'il fe peut au prix même de nos années
Plus loin dans l'avenir porter les destinées.
HEROD E.

Conduifez la Princeffe à fon appartement,

Mon fils, & vous, Narbal, qu'on me laiffe un mo

ment.

SCENE V.

HERODE feul.

C'En eft fait, la Princeffe entre mes mains remife,

Recevra de mon fils la foi déja promise:
Mais de ton cœur pour elle, Hérode en ces momens
As-tu bien démêlé les fecrets mouvemens?
Deftinée à ton fils, par quelle complaifance
En as-tu jusqu'ici recherché la présence?
Quel charme a quelquefois fufpendu ton ennui?
Eft-ce penchant pour elle? ou tendrefle
pour lui?
En faut-il accufer l'amour ou la nature?

Que dis-je ? malheureux ! dans les maux que j'endure,
Ignorerois-je encor quels font mes fentimens ?
L'amour s'accorde-t-il avec tant de tourmens ?
Sans doute je m'abuse, & ma flâme éternelle
Adore encor des traits que je retrouve en elle.
Mais quand par un hymen utile & glorieux,
Je vais placer ton fils au rang
de fes ayeux,
Que des droits de fon fang un Trône eft le falaire,
Divine Mariamne, appaise ta colere.

D'un époux malheureux calme le jufte effroi ;-
Avec la même horreur ne regne plus fur moi.
Hé que n'ai-je point fait pour expier mon crime?
Auteur de fon trépas, j'en devins la victime;
Pour redonner le calme à mes fens allarmez,
J'entrepris le bonheur des peuples opprimez;
Des vertus d'Ifraël je recherchai les traces :
Ma main de tous côtez a répandu les
graces.
Vains efforts! ma douleur s'irritant dans fon cours,
Dans ma fureur bientôt trouva d'autres fecours;
Je crus que d'autres foins rempliroient mieux mon

ame;

Qu'employant le poison, & le fer & la flâme;
Qu'abufant jufqu'au bout des droits des Potentats,
Je vaincrois ma douleur à force d'attentats.
Mais ni les dons offerts, ni l'éclat de mes crimes,
Ni le fang des mortels, ni celui des victimes,
Rien ne m'a foulagé. Par des moyens plus doux
Je puis du Ciel peut-être appaifer le courroux.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Roirai-je un bruit, Seigneur, qui vient de se répandre?

La Princeffe va-t-elle époufer Alexandre?

HERODE.

Le deffein en eft pris, ma foeur, & dès demain
Mon fils de Glaphira doit recevoir la main.

SALOME.

Lui faites-vous du fceptre un fecond facrifice?
HERODE.

Si je m'en dépouillois, je me ferois justice:
Et peut-être qu'après tant de troubles, de maux
Je ne dois qu'à ce prix efperer du repos.

1

Quoiqu'il en foit, ma foi, mon intérêt, ma gloire, Tout confpire....

SALOME.

Seigneur, c'eft à moi de vous croire. Et d'ailleurs pour ce fils votre cœur genereux D'un peuple tout entier va feconder les vœux. De la Reine à fes yeux le fils eft cher encore Et des Afmonéens c'eft le fang qu'il adore. Quel espoir à leurs vœux ne fera point permis, Lors qu'un pouvoir fuprême en fes mains et remis?

Que Rome, le Sénat embraffent fa querelle.....

HERODE.

De mon peuple pour lui j'ignorois ce grand zéle.
SALOME.

Ah! vous-même, Seigneur, rappellez-vous ce jour
Qui fembla d'un triomphe honorer fon retour;
Quand tout Solime en foule inondant fon paffage,
Voloit devant fes pas & cherchoit fon visage;
Que d'un cri feul alors formé de mille cris,
Il le plaçoit au Trône où vous êtes affis;
Et fe livrant fans ceffe à fon zéle crédule,
Croyoit revoir en lui fon oncle, Ariftobule."
HEROD E.

Croirai-je que trop plein de fon espoir flatteur;
Il ouvre encor l'oreille à ce bruit féducteur?
SALOME.

Je ne fçai: mais, Seigneur, rarement la nature
D'un cœur ambitieux étouffe le murmure.
Le Trône eft à fes vœux un titre suffisant ;
Et le régne d'un pere eft un fardeau péfant.
HERODE.

Quel que puiffe être enfin l'orgueil qui le dévore;
Vous le voyez, le jour n'est pas bien loin encore,
Où la main de mon fils doit me fermer les yeux.
Trop content jufques-là d'un hymen glorieux,
Il peut...

SALOME.

Ah! s'il vous faut dire ce que je pense, Efperez-vous, Seigneur, que fa reconnoiffance Eteigne le courroux dont il eft animé ?

Il ne montre en ces lieux qu'un cœur envenimé : y porte par tout & fes cris & fes larmes.

[ocr errors]

Que dis-je? même encor vous lui donnez des armes.
Epoux de la Princeffe, il trouve dans fes mains
Une vengeance fûre, & des fecours certains.
Dans les droits de fon fang intereffé par elle,

он

« ÀÌÀü°è¼Ó »