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Des Prêtres du Seigneur l'Elite maffacrée ;
Sous les murs embrafez Ifraël abbatu,
Ce font là les garands, mon fils, de fa vertu.
MACHABE' E.

Et c'eft cette vertu, qui fait trembler pour elle.
Si le Ciel, d'Ifraël prend encor la querelle,
Méritons les faveurs, qu'il peut nous accorder:
Lui-même il nous ordonne enfin de nous aider:
De trop de confiance, il s'irrite peut-être.
Si la vertu n'agit, elle ceffe de l'être.

Mais que dis-je? Ifraël eft-il donc fans recours?
Ignorons-nous enfin, nous-mêmes nos fecours,
Ces fieres Légions, qu'à la faveur des ombres
Afaph recele encor dans des cavernes fombres,
Lieux vaftes & profonds, où leurs Chefs en cour

roux

N'attendent qu'un fignal, pour marcher jufqu'à nous?
SALMONE.

Gardez de vous flatter? d'Ifraël, qui l'implore,
Dans le fecret de Dieu, le falut eft encore.
Ne cherchons point, mon fils, à percer fes Decrets.
Mais déja tout un Peuple inonde ce Palais.
Il n'en faut point douter, Antiochus s'avance.
C'eft lui. Ciel! en quel lieu tu fouffres fa prefence,
Lieu terrible, où d'un Dieu le ferment folemnel,
'Avec tous nos Ayeux, fit un pacte éternel!

SCENE III.

'ANTIOCHUS SALMONE

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MACHABEE;

MENELAUS, ALCIME, ACHAS, ELISE. Suite d'Antiochus, Troupe de Juifs.

ANTIOCHUS.

Euples, écoutez-moi. Sufpendez vos allarmes
Le Ciel, vous le voyez, favorife mes armes,

Et lui-même arrêtant vos projets inhumains,
A remis contre vous fa vengeance en mes mains.
L'Ambaffadeur d'Egypte, attendu dans Solyme,
Flatte peut-être encor l'efpoir qui vous anime:
Mais les yeux feulement y feront les témoins
De l'éclat de ma gloire,& du fruit de mes foins.
De vos premiers Hébreux, les Tribus vagabondes
Vil & pâle rebut du caprice des ondes,

Que la Mer, fur fes bords, vomit avec horreur,
Promenerent long-temps leur faim, & leur fureur.
Leur fier Légiflateur, dans fa vafte entreprise,
Leur prefentoit au loin une terre promife.
Dans les déferts brûlans les uns enfevelis,
Dans de ftériles vœux tous les autres vieillis,
Rien n'en pût détromper l'efperance indifcrete.
Leur zéle dévoroit cette heureuse retraite,
Où dans les foins pompeux d'un culte folemnel,
Ils devoient rencontrer un repos éternel,
Rare & folide fruit d'une gloire éclatante.
Où fe termine enfin cette fuperbe attente?
L'Univers les a vûs de toutes parts errans,
Fugitifs en tous lieux, & jamais Conquerans.
De l'efprit des Hébreux, une longue pratique,
De leur Chef attentif, guida la politique;
Et toûjours de fon Dieu l'organe & l'inftrument,
Tantôt fous l'appareil d'un divin châtiment,
Par le meurtre des fiens exerçant fa vengeance,
Il fondoit en fecret fa cruelle puiffance;
S'afluroit par l'effroi de leur fidelité,

Et tantôt abufant de leur crédulité,
Ou tournant à fon gré les jeux de la nature,
Des menaces du Ciel voiloit fon imposture;
A quelle folle erreur ne font point amenez
Des efprits à leur joug fi long-temps façonnez?
Les maux, comme les biens, tout fert un vain Ora→

cle.

Sous leurs yeux, fous leurs pas, tout leur femble un miracle;

Et ce que la nature offre aux plus malheureux, C'est la main de leur Dieu, qui s'ouvre alors pour

eux.

C'eft même dans l'opprobre, où fa faveur éclate.
Eh! qu'a donc prétendu, dans l'erreur qui le flatte,
Du refte des mortels un peuple féparé,

Et des Rois & des Dieux l'ennemi déclaré ;
Qui, d'un ordre facré, couvrant fon injustice,
Rend, de fes attentats, le Ciel même complice;
Toûjours plus orgueilleux, plus il eft abattu;
Par piété perfide, & cruel par vertu?

Ah! fans pouffer trop loin tous les droits de la

la terre.

guerre, D'une Secte odieufe, au moins purgeons Je veux qu'en fes abus le Temple reformé, Au culte d'Ifraël déformais foit fermé ; Qu'à nos Dieux de vos fruits préfentant les prémices,

Ils y foient feuls l'objet de tous vos facrifices;
Qu'au glaive fur l'autel loin d'être prefenté,
De vos fils au berceau le fang foit refpecté.
Quels que foient les prefens, que vous fait la nature,
N'en envifagez point comme une offrande impure;
Et parmi vous, ufez de fes fecours certains,
Sans craindre déformais d'en foüiller vos feftins.
Mais qu'est-ce que je vois? Chacun de vous friffonne?
Ah! j'attefte le Ciel, que n'exceptant perfonne,
Si quelqu'un à mes Loix ofe contrevenir,
Des plus cruels tourmens je fçaurai le punir.
L'impie éprouvera fon châtiment fur l'heure.
Sortez tous ; & que feul Ménélaus demeure.

SCENE

IV.

ANTIOCHUS, MENELAUS:

ANTIOCHUS.

T toi, dans mon parti, dès long-tems engagé,
Rends moi compte des foins, dont je t'avois

chargé.

MENEL AUS.

Dans un moment, Seigneur, vous verrez Zoraïde.
Je ne fçai point encor quel mouvement la guide;
J'ai trouve peu d'obstacle à vos juftes defirs;
On n'a point oppofé de pleurs, ni de foupirs.
Ou c'eft orgueil en elle, ou nos Juifs en allarmes,
Pour calmer vos rigueurs, ont recours à fes charmes,
Et parmi les périls, offerts de toutes parts,
Attendent leur falut de fes premiers regards.
ANTIOCHUS.
Je ne le cele point, à fa premiere vûë
Mes fens fe font troublez, mon ame s'eft émûë,
Et quoi que dans fon cœur on eût jetté d'effroi
Tant de charines jamais ne s'offrirent à moi.
Suivons fans balancer ce que l'amour m'inspire.
Elle entre : laiffe moi, & vous qu'on fe retire.
* Aux Gardes qui conduifent Zoraïde.

*

SCENE V.

ANTIOCHUS, ZORAIDE, PHOEDIME.

ANTIOCHUS.

E fçai que rehauffant la Majefté des Rois,
La Victoire, Madame, étend au loin ses droits:

Mais fans trop nous flatter de fes faveurs fuprêmes;
Jamais le vrai bonheur ne dépend de nous-mêmes;
C'eft en vain que les Juifs foient foumis fans retour,
Si vous n'achevez pas l'honneur d'un fi beau jour.
Quelque prix qu'on attache à la gloire des armes,
Ce qui manque à la mienne en dérobe les charmes.
ZORAID E.

Şans difcuter les droits d'un Vainqueur en courroux,
C'eft déja trop pour moi de m'offrir devant vous.
Et que prétend ici votre injufte contrainte

D'un cœur, qui ne connoît ni l'espoir, ni la crainte ;
Qui parmi les horreurs, que ce jour réunit,
Adore, en gémiffant, un Dieu qui nous punit?
Sans doute, vous vouliez, pouffant votre colére,
Me montrer ce Palais, teint du fang de mon pere;
En fouiller mes regards; & c'étoit à vos pieds
Le fpectacle cruel, que vous me prépariez ?
Par ines malheurs enfin je puis compter vos crimes.
ANTIOCHUS.

2

Madame, je le fçai, parmi tant de Victimes,
Qu'en ces lieux défolez s'immola mon courroux
Le vaillant Manafsès eft tombé fous mes coups.
Mais enfin de la guerre on fçait les Loix auftéres :
Que de crimes commis fouvent involontaires!
Avec la cruauté, la vertu fe confond;

Et, de nos attentats, c'eft le Ciel qui répond.
Vous-même enfin goûtez une pleine vengeance.
De vos regards, fur moi, connoiffez la puiffance.
J'en attefte le Ciel, que j'ai trahi pour eux;
Je fuivois fans égard un devoir rigoureux :
Mais je vous vis alors, Madame, & mon audace
A des tranfports plus doux ceda bien-tôt la place;
Et Solyme elle-même, au nombre des Vaincus,
Put dès-lors à bon droit compter Antiochus.
Je vois quels traitemens votre fierté m'apprête.
Ah! que vos yeux du moins connoiffent leur cons
quête,

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