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Jeune encor au confeil, & fans experience
J'efpere m'y montrer digne de ma naiflance.
HERODE.

J'y dois déliberer fur de grands interêts,
Et vos yeux vont s'ouvrir à d'auguftes fecrets,
Dont la feule importance eft un frein pour le taire.
L'art de regner, mon Fils, eft un profond myftere';
Et c'eft même un fecret pour le feul Potentat.
Le Peuple, à dire vrai, connoît mal fon état,
Confond les droits fouvent avec les injuftices,
A la place des Loix ils mettent leurs caprices,
De volages défirs toûjours font combattus,
Et fur leurs paffions jugent de nos vertus.
Delà ces grands revers & ces chutes finiftres.
Il faut auffi, mon fils, connoître fes Miniftres.
Souvent dans un faux jour ils offrent les objets,
Et pour nos volontés nous donnent leurs projets.
De leur ambition, de leur haine peut-être,
Efclaves d'autant plus que nous croions moins l'être.
Ils ont des interêts des nôtres différens,

Ils font le crime, & nous, nous fommes les tyrans.
Mais, mon Fils, mon efprit que la douleur partage;
Remet à d'autres temps à s'ouvrir davantage.
Sur les divers partis, fur les fages foupçons.....

ALEXANDRE.

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HERO DE.

Ah! bien plûtôt, Madame, Dites qu'un ennemi couvert & foupçonneux D'une fainte amitié cherche à rompre les nœuds; Que contre Mariamne une cruelle envie M'ôte avec fon amour le repos de ma vie. SALOME.

'Ah! reconnoiffez mieux cet ennemi, Seigneur, Et ne le cherchez point ailleurs qu'en votre cœur. Souffrez ma liberté, c'eft de votre foibleffe

Que nait l'excès d'orgueil qui la perd, & nous bleffe
Ceffez de vous trahir. D'un foin trop dangereux
Vous cherchez à nourrir un amour malheureux:
Pour vaincre fes dedains, & la fléchir peut-être,
Dans un Epoux hai, faites-lui voir un maître.
HERODE.

Ah! gardez-vous vous-même ici de m'offenser,
De tous les fentimens vous devez mieux penfer
Loin de la foupçonner d'aucune injufte haine,
J'impute à fa vertu cet orgueil qui l'entraine.
SALOME.

Avec tant de vertu, dans leur injufte cours,
Seigneur, j'ignore l'art d'accorder fes difcours.
Elle devroit du moins plus humble en fes miferes
Supprimer tous les noms d'Affaffin de fes Peres,
De lâche Ufurpateur, de Tyran odieux

Qui n'a connu qu'Antoine, & Cefar pour les Dieux.

HERODE.

Je le fçai bien, ma fœur, elle eft trop indifcrette;}
Mais de mon cœur auffi la justice fecrette
Lui fouffrant ces difcours un peu hors de faison,
Dans les emportemens trouve qu'elle a raifon.
De quels moyens cruels n'ai-je point fait usage?
Vous-même dans fes maux contemplez votre ouvrage.
Je n'ai que trop fervi votre zele indifcret,
Et fous ce nom peut-être un interêt fecret,

Souffrez

Souffrez que mon amour embraffe fa défense;
Je fçai que fon orgueil quelquefois vous offense;
Mais le vôtre eft injufte, & fon illuftre fang
Exige qu'avec vous elle garde fon rang.
SALOME.

Je le vois bien,Seigneur, quoi qu'elle ofe entreprendre,
Il eft tems de me taire, & c'est à moi d'apprendre
A fouffrir fes mépris déformais trop certains;
Mais il faut efperer, graces à vos deftins,
Que fes cris foûtenus des droits de fa naissance
Sur un Peuple volage auront peu de puiffance.
HERODE.

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Rien n'eft ici, Madame, à redouter pour nous
Trop heureux! fi je puis appaifer fon courroux !
Si je la crains, ce n'eft que parceque je l'aime,
Déja loin de fes yeux mon fupplice eft extrême.
Un feul de leurs regards prompt à tout embrafer
Peut exciter en moi le trouble, ou l'appaifer.

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D

ACTE III

SCENE PREMIERE.

SOESME feul.

U fecret entretien que Salome defire
Quel feroit le motif? & qu'a-t'elle à me dire?
J'attens fa confidence, & prévois ses discours,
En vain un art perfide en va regler le cours.
Mais quels preffentimens étonnent ma conftance,
Et de quel attentat revelant l'importance,
Seduit dans mon efpoir, trompé dans mon deffein,
Ai-je mis à la Reine un poignard dans le fein?
Oui. Malgré la faveur & d'Augufte & de Rome,
Il eft des interêts trop cruelle, Salome,
Que je ne puis trahir, ni te facrifier.

Ah! que dis-je ! à ces murs gardons de confier
Le beau feu qui m'anime, & qu'un refpe&t fuprême
Semble n'ofer encor confier à moi-même
Et dont mon cœur s'étoit dérobé la moitié
Sous le voile apparent d'une illuftre pitié.
Belle Reine, ma foi toûjours plus affer nie....
Mais on entre, voici fa cruelle ennemie.

1

SCENE

II.

SALOME, SOES ME.

SALOME.

A Vant que le Confeil foit prêt à s'affembler,

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J'ai cru devoir Soësme un moment vous parler.
SOESME.

Madame, attendez tout d'un zéle légitime.

Que puis-je.....

SALOME.

Vous fçavez combien je vous eftime, De quels fecours par tout appuyant votre espoir.... SOESME.

Trop heureux, fi toûjours fidéle à mon devoir
Je n'ai point écarté les bontés de Salome!
SALOME.

Je m'en plaindrois à tort. Et lorfqu'Augufte & Rome
S'empreffent pour Herode & d'une égale ardeur
Viennent fur tant d'états d'élever fa grandeur;
Que tant d'honneur fe joint à fon pouvoir fuprême,
Sans doute que le Roi vous retrouve le même,
Et que dans votre sein du même zéle épris
Sa main de fa faveur va recueillir le prix ?
SOESME.

Je dois vous l'avoüer, ce difcours m'embarraffe,
Madame, il me furprend, & d'où partent, de grace,
Ce doute injurieux, & ces foupçons couverts?
SALOME.

Oui, Soëfme, fur vous tous les yeux font ouverts. Le Roi vous confia la garde de la Reine,

Son retour en ces lieux n'a-t'il rien qui vous gêne? J'ignore en fes fecrets jufqu'à quel point admis,

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