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SCENE IV.

HER ODE, SALOME, THARE'S,

HE' bien!

Affiftans.

HERODE.

THARE'S.

A vos genoux j'apporte ici ma tête, Puniffez-moi, Seigneur, que rien ne vous arrête. HERODE.

Que vois-je ? O Ciel ! quoi donc ?

SALOME.

Parlez; de quels remords?
THARE'S.

Ne craignez point de moi de criminels efforts.
Mais d'attenter fur vous dès qu'on me croit capable
Ce soupçon feul futfit, je fuis affez coupable.
HEROD E.

Ceffe de te répandre en des difcours fi vains.
THARE' S.

Vous fçavez quelle Fête & quels honneurs divins,
On alloit célébrer
pour un tribut trop jufte;
Que dans le cours pompeux d'un facrifice augufte
Ifraël par votre ordre aux pieds de fes Autels
Devoit rendre à Cefar des refpects immortels.
Par une trahifon de plus loin préparée
On vouloit que chargé de la Coupe facrée,
Et par-là déguifant un horrible attentat,
Ce fût ma propre main qui vous la préfentât
De fucs empoisonnés par moi-même remplie .
Vafe célefte & pur, mais tout ensemble impie;
Dont vos levres à peine auroient touché le bord

Qu'un trait feul vous jettoit dans les bras de la mort. HERODE.

O crime auquel le Ciel vengeur des parricides Sembloit prêter fon voile & des fecours perfides! A qui dois-je imputer ce funefte deffein ?"

THARE'S.

Son projet devoit bien expirer dans fon fein.
SALOME.

Celle qui l'a tramé fe découvre fans peine.
HERODE.

Devrois-je à tant d'horreurs reconnoître la Reine?
Eft-ce donc Mariamne & mon cœur combattu;
Pourra-t-il accorder fon crime & fa vertu?

SALOME.

Hé! quel feroit, Seigneur, le fruit de l'imposture? HERODE.

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Je vous en crois, Madame, &'vous faifois injure.
Voilà d'où l'Imprudente en fon reffentiment'
Me menaçoit tantôt d'un foudain châtiment
Et toi-même introduit par fon ordre chez elle,
Tout me prouve, Tharès, & fon crime, & ton zéle.
A quel affreux complot elle a pû recourir!
La perfide mourra, qui peut la fecourir?
Allons, tout m'autorife, il faut qu'un grand exemple
D'un pareil attentat venge l'honneur du Temple.
à Tharés qui fort.

Toi redouble ma garde, attendant fon arrêt.
Le crime eft avere, le Confeil eft tout prêt :
J'y devois de l'Etat régler les destinées,
A cent revers toûjours elles font enchaînées,
Qu'il ferve à la juger; mais ne balançons pas
Dût retomber fur moi fon fang & fon trépas.

SCENE V.

HERODE, MARIA MNE; ALEXANDRE, SALOMÈ,

THARE' S.

MARIAM NE.

QUe vois-je ? où fuis-je ? ô Ciel! quelles mains

facrileges

De l'Autel du vrai Dieu fouillent le privileges?
L'abomination regne aux lieux les plus faints.

SALOM E.

Qu'y venez-vous chercher? & quels font vos def

feins?

HERODE.*

J'ai tout appris, cruelle, & le Ciel que j'attefte...

MARIAM NE.

De quoi me parles-tu ?

HERODE.

De ton projet funefte. J'ai vu dans fon rapport Tharès même en pâlir. La coupe qu'à l'Autel fa main devoit remplir D'un poifon que la tienne.

...

MARIAMNE

O fureur qui m'opprime!

SALOME.

Votre fils regnera fans le fecours du crime.
Au Trône paternel un plus noble chemin...

HEROD E.

Eh quoi! d'un Fils encor la facrilege main...
ALEXANDRE.
Ala Reine, Seigneur, épargnez cet outrage.

MARIAMNE.

Ton Fils eft innocent.

HERODE.

Il fecondoit ta rage.

MARIAMNË.

Il hait les attentats, quoique forti de toi.
Ces flancs qui l'ont porté font garants de fa fci,
Ainfi que tant de Rois auteurs de fa naiffance.
HERODE.

Perfide, eft-ce donc là prouver ton innocence?
MARIAMNE.
De quoi que ta fureur ose se défier,
Il ne me convient point de me juftifier,
Sur tout lorfqu'en efclave en ces lieux amenée;
Ce n'eft que de toi feul que je fuis foupçonnée.
Un perfide rapport n'a point dû t'entraîner,
Et bien moins qu'à Tharès je dois te pardonner.
Efclaves des Tyrans, quoi que vous puiffiez faire,
N'attendez point de nous ni plainte, ni colere.
Quand vous fuivez des Rois les ordres rigoureux,
Vous vous chargez du crime, & la honte eft pour eux.
à Herode.

Si pourtant fans defcendre à de bas artifices
Tu n'es que le jouet de tes propres caprices,
Si la furprise a part à ton inimitié,

Roi cruel, je te dois encor quelque pitié.
HERODE.

De quels traits à mes yeux l'orgueilleufe m'accable?
Eft-elle donc mon Juge, & fuis-je le coupable?
Quel deftin eft le mien? Eh qui n'a pas appris
Le fuccès d'un voyage à bon droit entrepris?
Ces infignes faveurs du maître de la terre
M'infpiroient le deffein d'une nouvelle guerre,
Et c'étoit le fujet fur quoi fans differer
Votre Roi maintenant alloit déliberer.
Mais loin de fubjuguer & l'Arabe, & le Parthe ;

De ce noble projet aujourd'hui tout m'écarte.
Contre moi la difcorde allumant fon tison
Au fein de ma famille arme jufqu'au poison.

MARIAMNE.

Dis plûtôt que ta main protege l'impofture.
ALEXANDRE.

Oui, c'eft trop outrager l'amour & la nature. Reconnoiffez, Seigneur, vos plus grands ennemis Au foin de vous armer contre une épouse, un fils. HERODE.

Si tu veux me prouver que tu n'es point coupable, Et que de tant d'horreurs mon fils n'est point ca pable,

Contrains-donc la nature, & laiffe agir la loi.
Voilà ta Mere enfin, viens l'entendre avec moi.
Deffens-la fi tu peux, l'effort eft légitime.
Mais la trouvant coupable, ofe punir le crime.
ALEXANDRE.

Moi! que j'entre au Confeil pour la premiere fois
Pour l'y voir expofée au caprice des loix?
Pour voir ainfi föüiller d'une tache éternelle
La Majefté des Rois qui revivent en elle?
Quels droits, quels interêts prétend-on discuter?
Quel arrêt rendre ici, fur qui l'exécuter?
De la Reine aujourd'hui quel feroit le refuge?
C'est vous qui l'accufez, & je ferois fon Juge?
De quels foupçons croit-on que je fois combattu?
Le fang qui coule en moi répond de fa vertu,
Le Ciel n'eft pas plus pur. Quoi que fouffle la rage,
La verité bientôt percera le nuage,

Et lans tous les efprits portant un trait vainqueur....
HERODE.

Hé bien fi cet efpoir luit encor dans ton cœur,
Viens. Suis-moi, que crains-tu du Confeil qui s'af

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femble?

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