페이지 이미지
PDF
ePub

SCENE V.

JONATHAS, DAVID, UN.

ISRAELITE.

L'ISRAELITE.

SEigneur, le Roi vous mande,

Et fon ordre fur-tout preffant votre entretien,
Porte que fans le voir vous n'entrepreniez rien.
JONATHAS.

Le Roi, dis-tu, me mande, & fon ordre me preffe.
Ah! je le reconnois; & déja fa tendreffe

A remis dans fon cœur des fentimens plus doux,
Il vient de revoquer l'arrêt de fon courroux,
Son cœur ne garde point une haine implacable. -
Je cours pour appuyer un retour favorable;
Et diffipant enfin un complot odieux,

Bien-tot mon amitié vous rejoint dans ces lieux.
Adieu, ne craignez rien.

SCENE VI.

DAVID feul.

A Quoi dois-je m'attendre f

Et quel eft cet efpoir qu'un ami veut me rendre?
En eft-il dont le cours puiffe m'être permis,
Dans le cruel état où mon malheur m'a mis?
Sans ceffe renverfant un espoir legitime,
Une fatale main creuse un nouvel abîme.
Saül de mon deftin ne peut changer l'horreur,
Et ce retour entraîne ou couvre la fureur.

Trop heureux, fi du moins, au malheur qui s'apprête,
Tous fes cruels deffeins n'attaquoient que ma tête!
Quel aveugle tranfport, comblant fes attentats,
Armoit pour me percer la main de Jonathas!
Amitié, nœuds du fang, eft-il rien qu'il respecte?
Sans doute, cette main lui paroît trop fufpecte.
Et loin de revoquer l'Arrêt qu'il a rendu...

SCENE VIL

DAVID, MICHOL, ELISE.
MICHOL.

AH! fuyez de ces lieux, ou vous êtes perdu.

Le foin d'affûrer mieux leur fureur vengereffe.
De qui peut vous fauver on écarte le bras.
On vient, Seigneur, on vient d'arrêter Jonathas. |
DAVID.

Courons de ces cruels détourner la colere,
C'eft fur moi feul...

MICHOL.

O Ciel! que prétendez-vous faire?
Venez, ce n'eft pas là, Seigneur, votre chemin.
Pourquoi vouloir tenter un courroux inhumain;
Et fervir contre vous des trames criminelles?
Il eft, pour vous fauver des Juifs encor fidelles.
DAVID.

Non, non, tous vos efforts font ici fuperflus.
Je dois le fuivre.

MICHO L.

Et moi, je ne vous quitte plus; Cruel, prétendez-vous que leur fureur jaloufe Vienne vous arracher des bras de votre Epoufe?

Mais avant qu'accomplir leur funefte deffein;
La Fille de leur Roi va leur ouvrir son sein,
Qu'ils frappent; il n'eft rien que mon ame redoute.
Le Ciel, le jufte Ciel me foutiendra fans doute.
Pere injufte & cruel! mais plus barbare Epoux,
Pourfuivez-vous fur moi fes fureurs contre vous?

DAVID.

Hé bien, il faut partir, Madame, & vous en croire Malgré tant de devoirs, en dépit de ma gloire. Souillons tous ces exploits que rien n'avoit ternis. Fuyons, venez, marchez fur les pas des bannis. Partagez les hazards où mon deftin me livre. Madame, fuivez-moi.

MICHOL.

Qui moi, Seigneur, vous suivre ?
DAVID.

Pourriez-vous balancer à fuivre votre Epoux?
MICHO L.

'Ah! de Saul, Seigneur, prévoyez le courroux.
D'un Frere qui vous fert le feul peril m'arrête
Et c'eft à moi, Seigneur, d'en garantir la tête.
A nos malheurs enfin loin de l'affocier "

J'en prends fur moi le crime & je dois l'expier.
Partez, puifqu'à vos pas s'ouvre encore la fuite.
Mais on entre. Que vois-je, Affer? & quelle fuite?
O Ciel!

SCENE VIII.

'ASSER, MICHOL, DAVID, ELISE Troupe de Gardes.

J

ASSER.

E dois juger, Madame, à cet effroi,

Que

Que mon abord vous dit les volontez du Roi.
DAVID.

Je vous entends. Du Roi l'ordre cruel m'arrête.
Mais moi-même à fes pieds j'allois porter ma tête,
Jy cours enfin Malgré les plus facrez liens,
Qu'il immole des jours qui fauverent les fiens.

MICHOL.

Plûtôt de mille morts je cefferois de vivre.

DAVID.

Ah! fi je vous fuis cher, gardez-vous de me fuivre,
Son courroux me fait grace, & je refpire enfin.
Le Ciel même pour moi peut étendre fa main.
Mais quel que foit mon fort, ou funefte, ou prof-

pere,

Madame du même ceil voyez toûjours un Pere,
Vous devez féparer, jufques dans fon courroux,
De fa haine pour moi, fa tendreffe

pour vous.

Sur moi feul aujourd'hui cette haine s'épuife.

Adieu, Madame. Allons, Gardes, qu'on me cond duife.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Tel, que devient Pefpoir & la foi d'Ifraël;
Si tu permets d'Affer le triomphe cruel,
Si l'effet fuit de près fes complots redoutables?
Voilà de fon amour les marques déteftables.
Que ne vient-il plûtôt, pour me marquer fa foi,
Teint du fang de David fe prefenter à moi?
Et fa tête à la main, couronnant fon audace,
Bourreau de mon Epoux, me demander fa place?
Chere Elife, tu vois le trouble de mes fens.

F

Ah! fans nous confumer en efforts impuiflans
Viens; que de fes périls la nouvelle femée,
Arme pour lui fes Juifs, & fouleve l'armée.
ELISE.

Hélas! de quel espoir vos efprits raffurez....
MICHO L.

Viens, dis-je.

SCENE X.

SAUL, MICHOL

SAUL

OU courez-vous, ma fille ? demeurez.

Je fçais pour un Epoux toujours préoccupée
Quel peut être le coup dont vous ferez frappée :
Mais de fes attentats je ne pouvois douter.
Quoi qu'il en foit, David n'eft plus à redouter, 1
J'ai fçu le prévenir. J'ai fait ce que m'inspire
Le falut de mon Fils, de mes jours, d'un Empire.
En un mot, j'ai donné mes ordres abfolus,
Et fans doute déja le perfide n'eft plus.

MICHOL.

Ah! craignez que fur vous tout fon fang ne retombe,
Qu'avec lui tout l'Empire aujourd'hui ne fuccombe.
Cruels, qu'allez-vous faire ? Arrêtez, fongez-vous
Quel Guerrier, quel Héros eft offert à vos coups?
Le vainqueur de Moab, celui de l'Aminonite....
S'il en eft tems, Seigneur, fi fa tête profcrite
Peut échaper aux mains que vous venez d'armer..71
SAUL.

T

On vient, & de fon fort on va vous informer.

« 이전계속 »