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Celui de Mariamne éprouva feul ma foi.
Combien pour vous, Seigneur, j'ai reffenti d'allary

mes,

Depuis le jour fatal où la Judée en larmes
A vû de fon fupplice élever les apprêts
Et fon fang innocent arrofer ce Palais!
De vos accufateurs les complots fanguinaires;
La haine de Salome, & celle de vos freres,
Leur crédit augmenté par votre éloignement,
N'ont pû de mon devoir m'écarter un moment.
Mais que dis-je ? Le Ciel vous rend à l'Idumée;
Hérode même aux yeux de Solime charmée
Par quel accueil, Seigneur, digne de votre foi.,
ALEXANDRE.

?

Dois-je me confier aux careffes du Roi?
Ai-je donc oublié que fa haine couverte
Me conduifit à Rome, y pourfuivit ma perte
Ou plûtôt fans douleur puis-je m'en fouvenir?
Au fort de Glaphira l'hymen m'alloit unir:
Je l'aimois, tout fembloit flatter mon efperance:
Son pere Archélaüs hâtoit cette alliance.
Cependant il fallut m'écarter de ces lieux,
Et devorer des pleurs qu'arrachoient nos adieux !
Du Roi dans le chemin les perfides careffes
Cacherent centre moi fes fureurs vengereffes,
J'admirois en fecret l'excès de fa bonté:

Mais de quel trouble affreux me trouvai-je agité;]
Quand du Peuple Romain obtenant audience,
Il arma contre moi fa funefte éloquence
M'imputa des forfaits dignes de fa fureur?

Rome alors, cher Philon, ne put voir fans horreurs
Tous les cruels effets de fon courroux funefte;
Un Roi qui de fon fang pourfuit en moi le refte;
Un pere demandant la tête de fon fils,
Et là de fes travaux terminant tout le prix.
Je trouvois, à fa hainę oppofant un refuge,

Un bourreau dans mon pere, un pere dans mon Juge.
Augufte, le Senat, tout le Peuple à la fois,

Du fang qu'il trahiffoit prirent en main les droits;
Et la fureur d'Hérode excitant leur murmure,
Pour moi dans tous les cœurs fit parler la nature.
Malgré tous leurs efforts, tous leurs foins redoublez,
Les amis de Salome en parurent troublez.
Le Roi lui-même alors, confus de fa pourfuite,
Retourna dans Solime en attendre la fuite.
Dans cet état, Philon, toujours mêlé d'effroi,
Les confeils de Thirron pafferent jufqu'à moi.
Il fe rendit à Rome : à fes maîtres fidéle,
Sa tendreffe égaloit l'ardeur de votre zele,
Sa douleur en tous lieux reveilla mes amis:
De Rome contre Hérode il éleva les cris.
Heureux fi fecondant le zéle qui l'anime
Le Ciel me le rendoit aujourd'hui dans Solime!"
Mais vous, qui d'une cour fujette aux changemens
Avez part aux confeils, ainfi qu'aux mouvemens,
Ne me déguisez rien, Philon; que votre bouche
Me faffe un libre aveu de tout ce qui me touche.
Le Roi, je l'avourai, m'a reçu dans fes bras
Avec des fentimens que je n'efperois pas.
J'ai trouvé Glaphira de mon retour charmée,
Et s'il fe peut encor plus digne d'être aimée:
Mais parmi les tranfports qu'elle a fait éclater,
Quelque trouble fecret fembloit l'inquieter.
Elle fe prête à peine à l'efpoir qui m'anime.
Enfin depuis huit jours de retour dans Solime,
Par quels ordres, Philon, par quels motifs fecrets
Vois-je de mon hymen reculer les apprêts?
Et parmi les honneurs que la Cour me défere,
N'ai-je pû qu'en public entretenir mon pere?
PHILO N.

Sans doute il n'a pû voir qu'avec des yeux jaloux
Ce zele que le peuple a temoigné pour vous.

Votre retour a fait la publique allegreffe: ·
Moins cheri dans ces lieux vous auriez fa tendreffe.
Il craint que dans vos droits votre efpoir trop flatte
N'arme votre courroux juftement excité.

Des grands Afinonéens la gloire vit encore,
Et le peuple en effet le hait, & vous adore.
ALEXANDRE.

'Ah! fi je le croyois, fi maître de leurs cœurs...
Mais comment accorder leur zele & mes malheurs?
Non, non, je fçais en eux quelle aveugle
Même en la deteftant, nourrit la tyrannie.

manie,

Je fçai quels font les Juifs: j'allois loin de leurs yeus Peut-être pour jamais me bannir de ces lieux; Tromper dans fon courroux la fortune inhumaine; Chercher un beau trepas : mais l'amour me ramene Je laiffois Glaphira parmi mes ennemis;

Et fon Trône, fa main, fon cœur m'étoient promis.
PHILO N.

Le Roi la voit toujours avec des yeux de père;
Il lui croit retrouver les traits de votre mere ;
Sa prefence le flatte; & calmant fon ennui,
Elle peut moins fur vous, qu'elle ne peut fur lui..
ALEXANDRE..
On dit que de ma mort attendant la nouvelle
Mon frere Antipater fe declaroit pour elle;
Que Salome, appuyant fes foins auprès du Roi,
Déja lui promettoit fa couronne & fa foi.

PHILO N.

Si quelque efpoir, Seigneur, avoit pû les féduire,,
Du moins votre retour fuffit pour le détruire:
Mais quoi qu'enfin leur haine ait ofé contre vous,
Diffimulez, Seigneur, votre jufte courroux.
Ah! fi fans vous parer de tant d'indépendance,
Vous pouviez de Salome éblouir la prudence;
Près d'elle quelque tems effayer la douceur.....
Vous connoiffez du Roi cette implacable fœur.;

Du fang de Mariamne en vous l'orgueil la blesse:···
ALEXANDRE..

Qui moi? que fans rougir d'une indigne foibleffe,
Je déguife mon cœur & farde mes difcours?
Laiffons-lui, cher Philon, de femblables détours."
Une noble fierté n'admet point de contrainte,
Tel qu'il eft un grand cœur doit fe montrer fans
crainte.

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Quoi de tant de. Heros j'irois indigne fils
Baifer encor la main qui me les a ravis?
Careffer l'ennemie à me nuire obftinée ?
A ma vengeance ici, ma gloire eft enchaînée;
Philon par l'un & l'autre excité tour à tour,
Peut-être je devrai l'un & l'autre à l'amour.
Non que dans mes malheurs une aveugle colere
Parmi mes ennemis confonde ici mon pere:
Je fçai quel faint refpect il a droit d'exiger;
C'eft fa gloire & mon fang que je cherche à vanger.
Glaphira me remet les droits d'un Diadême....
Mais quoi l'on ouvre, entrons.

PHILO N..

Ciel! Salome elle-même

Déja....

SCENE IV..

SALOME ALEXANDRE, PHILON, PHE DIME.

SALOME.

Prince, arrêtéz, on ne voit point le Roi

ALEXANDRE.

Cet ordre, quel qu'il foit, peut-il être pour moi?

SALOME

SALOM E.

L'ordre eft pour tous, Seigneur.
ALEXANDRE.

Quoi, Madame, fa vûë

Libre à vous feule ici, me feroit défenduë?
SALOM E.

Ignorez-vous, Seigneur, quels transports douloureu
Agitent chaque jour ce Prince malheureux ?
Ce n'eft plus ce Héros que la fageffe inspire,
Que la gloire amena de fi loin à l'Empire,
Qu'Antoine à fes deftins avoit affocié,
Et dont Célar vainqueur envia l'amitié.
Jugez de quelle horreur fa fortune eft fuivie;
Aux derniers des humains Hérode porte envie:
De fon amour encore à toute heure occupé,
Des plus noires terreurs il eft toûjours frappé.
Après quinze ans entiers fon defespoir redouble;
De la Reine en ces lieux l'image encor le trouble;
Il croit qu'en ce Palais, pour l'accabler d'ennuis,
L'ombre de Mariamne erre toutes les nuits;
Et le fuivant partout à travers les ténebres,
Exale fa douleur par mille cris funebres.
Sur tout l'afpect d'un fils retrace ses malheurs,
Et loin de le calmer, irrite fes douleurs.
De fes rigueurs enfin Hérode eft la victime....

ALEXANDRE.
Madame, fa douleur n'eft que trop légitime;
Et je ne doute point que les reffentimens
Ne le livrent fans ceffe aux plus cruels tourmens
Mais s'il pleure ma mere, à fa douleur fidéle,
Ne peut-il la chercher dans ce qui refte d'elle;
Mêler fes pleurs aux miens.. Ah! loin de m'éviter;
Il eft d'autres objets qu'il devroit écarter.

SALOM E.

Seigneur, dans une cour à fes vœux afservie,
Ce font fes feuls regrets qui tourmentent la vie;

I

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