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renvoyé Jésus au grand prêtre Caïphe, y. 24, le théâtre des reniements ultérieurs a nécessairement changé.

Dieu, qui avait dicté à saint Mathieu et à saint Marc ce qui se passa chez Caïphe dans le jugement du Sauveur, ne nous a plus rien dit, par saint Jean non plus que par saint Luc, de ces choses lamentables. Mais il a fait répéter, par celui-là aussi bien que par celui-ci, les deux derniers reniements qui, très certainement, s'accomplirent dans le vestibule du palais de Caïphe où, comme chez Anne, les ministres se trouvaient autour d'un feu.

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Cependant Simon-Pierre était là debout et se chauffant. Ils lui dirent donc : Et toi n'es-tu pas aussi de ses disciples? Il le nia et dit Je n'en suis point. Un des serviteurs du pontife, parent de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit : Ne t'ai-je pas vu dans le jardin avec lui? et Pierre le nia, et aussitôt un coq chanta. »

Je ne poursuivrai pas le développement du chapitre XVIII de saint Jean, non plus que des trois autres. L'ordre des textes dans tous ces chapitres est parfaitement agencé, et leur concordance avec les trois premiers synoptiques facile à établir. J'en donnerai la preuve, si l'on me provoque.

§ II

Inséparabilité de la composition et de l'inspiration
dans les Livres saints.

Les considérations que nous venons de présenter au lecteur nous permettent, ce semble, de formuler cette conclusion: les besoins de la concordance que nous devons trouver entre les événements et les textes des multiples récits divins qui en ont été faits, ne nous obligent point à modifier la place que ces textes occupent dans le XVIIIe chapitre de l'Évangile selon saint Jean.

Nous affirmons avec confiance que la même concordance peut être montrée dans toutes les autres parties de la sainte Écriture, sans qu'il soit nécessaire de remanier la disposition des textes dans les Bibles que l'Église a mises à notre usage.

Cependant si l'on attribuait au malheur des temps ou à des inadvertances de copistes quelques rares dislocations dans nos saints Livres, nous nous récrierions avec moins de feu. On constate, en effet, que le livre des Prophéties de Jérémie et celui de l'Ecclésiastique ont été victimes d'un pareil accident à quelque époque reculée. Plusieurs chapitres de ces écrits sacrés sont disposés dans un ordre différent par les Septante et par la Vulgate, celle-ci reproduisant fidèlement l'Hébreu actuel pour ce qui regarde le prophète Jérémie.

Si l'on venait à s'étonner que des livres aussi précieux, objet d'un respect si religieux et d'une garde si vigilante dans l'Église mosaïque comme dans l'Église chrétienne, aient souffert de telles atteintes dans l'ordonnance de quelques-unes de leurs parties, nous ferions remarquer que jusqu'à l'invention de l'imprimerie, la Providence n'avait mis, pour aucun livre, à la disposition des dépositaires les plus attentifs, des moyens de préservation absolument efficaces; qu'en outre, les livres divins de l'Ancien Testament ont subi une terrible épreuve, soit dans la destruction du temple qui anéantit les manuscrits originaux et les meilleures copies, soit dans la persécution d'Antiochus Épiphane qui fit vraisemblablement disparaître la bibliothèque sacrée reconstituée par Esdras; que pour les livres du Nouveau Testament des persécutions acharnées pendant trois siècles et des perquisitions vraiment sataniques, faites à plusieurs reprises, ravirent à l'Église, d'abord les écrits originaux des Évangélistes et des Apôtres, puis les copies les plus officielles et les plus soignées. Toutefois une divergence d'ordre entre les textes est bien rarement signalée en quelqu'un des livres du Nouveau Testament, originaux ou versions, à quelque époque et en quelques lieux qu'ils aient été lus. Il y a une de ces légères divergences dans le chapitre XXIII de saint Mathieu entre la Vulgate et quelques manuscrits grecs. Pourrait-on citer cinq ou six autres exemples de ce genre? Je n'oserais l'affirmer.

Mais ce ne sont pas seulement les copistes que l'on met en cause, et dont on dénonce l'ineptie. Ce sont les propres écrivains eux-mêmes qui ont composé les Livres que nous vénérons. Écoutons notre critique: « Il est à présumer que ce chapitre (le XVIII) comme toute la dernière partie du quatrième Évangile,

XVIII-XXI, exista primitivement à l'état fragmentaire. Ceux qui firent la première édition de l'Évangile, agencèrent entre elles, pour en composer l'histoire de la Passion, les parties écrites sur des feuilles détachées, et il arriva que dans cette combinaison ils ne se conformèrent pas toujours à l'intention de l'écrivain sacré. Les restitutions dans le genre de celles que nous venons de proposer sont rarement nécessaires. Mais nous avons l'assurance qu'une synopse évangélique sans interversions n'offrirait qu'un très faible degré de vraisemblance historique. »

Nous avons bien lu: le Saint-Esprit, au moins pour une portion des saintes Écritures, n'a inspiré que des fragments, c'est-à-dire de courtes parties de livres. La réunion ou la composition de ces fragments pour en faire un livre a été exécutée, au moins quelquefois et spécialement pour ce qui concerne saint Jean, par des écrivains maladroits et travaillant en dehors de l'action de l'auteur principal, c'est-à-dire du Saint-Esprit.

Mais comment accorder cette théorie avec les dogmes de la foi définis dans les conciles de Trente et du Vatican et rappelés par N. S. P. le Pape Léon XIII dans l'Encyclique Providentissimus Deus?

Les Pères du Vatican, répétant et complétant la doctrine du concile de Trente, s'expriment ainsi : « Qui quidem Veteris `et Novi Testamenti libri integri cum omnibus suis partibus, prout in ejusdem concilii decreto recensentur, et in veteri vulgata latina editione habentur, pro sacris et canonicis suscipiendi sunt, non ideo, quod sola humana industria concinnati, sua deinde auctoritate sint approbati ; nec ideo duntaxat quod revelationem sine errore contineant; sed quod Spiritu sancto inspirante conscripti Deum habent auctorem, atque ut tales ipsi Ecclesiæ traditi sunt. » Suit la définition: « Si quis sacræ scripturæ libros integros cum omnibus suis partibus, prout illos sancta Tridentina Synodus recensuit, pro sacris et canonicis non susceperit, aut eos divinitus inspiratos esse negaverit, anathema sit. »

L'Église tient pour saints et canoniques les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament non en ce sens qu'ils auraient été approuvés par l'Église après avoir été ajustés et composés par la seule industrie humaine, mais parce qu'ayant été écrits sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, ils ont Dieu pour auteur.

Nous ne prétendons pas que les déclarations du Concile enlèvent aux défenseurs du dogme de l'inspiration la liberté de croire que les écrivains sacrés sont assez souvent, même sous l'assistance de l'Esprit-Saint, restés maîtres de l'expression et de la forme du récit, l'auteur principal se bornant à veiller à ce que jamais l'expression de l'écrivain-instrument ne faussât ou ne trahît la pensée, ni la forme de la narration ne compromît le but voulu par Dieu. Mgr Pie nous apprend que les Pères du Concile ont visé directement l'erreur de ceux qui ont osé soutenir que les livres historiques de la Bible, composés d'une façon humaine, sont devenus sacrés par le seul fait que l'Église les a insérés dans son canon. Espère-t-on échapper à la condamnation en disant que les livres, bien que composés d'une façon purement humaine, sont divins parce que leurs fragments ou parties ont été inspirés?

L'Église distingue dans la sainte Écriture la forme intégrale des livres d'avec leurs parties, et elle exige sous peine d'anathème que la forme intégrale des livres, c'est-à-dire la composition et l'agencement de leurs parties, aussi bien que les parties isolées elles-mêmes, soient reçus pour sacrés et canoniques, qu'ils soient crus avoir été écrits sous la direction de l'Esprit-Saint et donnés comme divins aux fidèles.

Comment notre critique conciliera-t-il son système avec la doctrine de la foi, lui qui admet l'inspiration de fragments ou de parties dans l'Évangile de saint Jean, mais qui rejette l'inspiration et l'assistance de Dieu dans l'ajustement de ces fragments et parties? Comprendra-t-il enfin ce qu'il y a d'énorme, c'est-àdire d'absolument anormal dans son opinion, puisqu'il suppose que l'écrivain qui a rassemblé des parties éparses, seules inspirées, pour en faire le livre de l'Évangile selon saint Jean tel que l'Église le possède dès l'origine, non seulement n'a pas été inspiré, mais a même méconnu les intentions de l'écrivain sacré à qui les parties de ce livre avaient été inspirées?

Remarquons qu'il s'agit ici d'un livre dont les parties prises isolément et détachées les unes des autres ne peuvent rien former de complet. On peut bien admettre, je pense, que certains livres divins tels que le psautier ne sont qu'un recueil de livres très courts et complets en eux-mêmes, c'est-à-dire d'hymnes et

de cantiques. Il n'est pas nécessaire que le collecteur de ces petits livres ait été inspiré pour leur assigner l'ordre et la place qu'ils occupent dans notre recueil actuel. Mais il en va tout autrement pour les livres historiques et didactiques de la sainte Écriture tels que les saints Évangiles. Ce sont eux évidemment que l'Église a visés dans ses définitions de foi.

Eh bien pour dire toute ma pensée, je ne crois pas que les propositions du critique de la Revue Biblique, telles que je les ai exactement rapportées, puissent être enseignées tuta fide.

§ III

Intrusion de la critique rationaliste dans l'exégèse

catholique.

Vraiment nous assistons de nos jours à un spectacle extraordinaire. Une pléiade de jeunes prêtres merveilleusement doués, possédant à fond les langues de l'Écriture, opiniâtres et infatigables au travail, pleins d'ardeur pour la défense de la vérité et de l'Église, affectent vis-à-vis de cette même vérité et Église une liberté, une indépendance et une hardiesse d'allures qui nous stupéfient et nous déconcertent tous, nous défenseurs vieux modèle de la foi de l'Église; nous sectateurs fidèles de la Tradition.

Un vent de renouveau souffle sur nos jeunes apologistes et les remplit d'une amoureuse confiance en l'ère nouvelle qu'ils attendent, autant que de pitié pour les restes momifiés d'un monde qui disparaît.

C'est nous qui sommes à leurs yeux ces arriérés dont le rôle est bien fini.

Les récits émouvants avec lesquels l'Église a fait notre première instruction : récits de la création; de la formation d'Adam et d'Ève; de leur innocence et élévation surnaturelle primordiale; de leur épreuve; de leur lutte directe avec l'ange déchu dont le serpent était l'instrument; leur défaite; leur lamentable déchéance; leur comparution devant Dieu, tout à la fois leur

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