ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

La mâchoire fupérieure eft communément d'une fubfiance Supérieure. cartilagineufe, mais ferme, analogue à celle de la corne, & de couleur d'écaille, c'est-à-dire, brune tirant fur le rouge. Sa forme varie fuivant les efpeces: dans les unes elle repréfente un croiffant ou un fer à cheval (Kambeul, gen. 5. pl. 5. J.); dans d'autres elle reffemble à un offelet triangulaire. ou conique dont la pointe regarde en bas (Libot,gen. 7. pl. 2. R. J. Cette mâchoire ne paroît pas avoir de mouvement. La mâchoire inférieure confifte en une efpece de mem- Inférieure. brane cartilagineufe, fort fimple, qui tapiffe le palais inférieur de la bouche. Cette membrane eft fufceptible de deux mouvemens, dont l'un tend à la gonfler & à l'avancer fur les bords de la bouche fous la figure d'une boule coupée en deffus d'un petit fillon, comme j'ai fait représenter celle du Limaçon en n (pl. 1.); par l'autre mouvement elle rentre au dedans en formant des replis femblables à ceux d'une bourse qui fe ferme. Au milieu du fillon & des plis, on ap perçoit un petit trou qui répond immédiatement à l'éfophage: c'eft par ce trou que les alimens doivent paffer pour fe rendre dans l'eftomac.

6.

Je n'ai encore apperçu des Dents que dans la bouche des Limaçons, & tous les obfervateurs en ont cherché inutile- DENTS. ment, ainfi que des mâchoires, dans celle des Conques,

rieure.

Dans les Limaçons qui ont la mâchoire fupérieure, c'eft De la mâla mâchoire même, qui, quoiqu'immobile, fait la fonction choire fupé de dent; foit qu'elle foit fimple & fans aucune divifion comme celle du Lépas (gen. 7. pl. 2. R.), foit qu'elle foit relevée comme celle du Limaçon terreftre (gen 5. pl. 1. J.) de cinq à fix canelures qui débordent comme autant de dents.

rieure.

Les dents de la mâchoire inférieure font infiniment petites, De la maprefqu'imperceptibles à la vûe, quoique le toucher les faffe choire inféquelquefois fentir. Regardées au microscope, elles reffemblent à autant de petits offelets cartilagineux, très-durs, dont la pointe fe recourbe vers l'eftomac, comme ceux de la langue. du Lion ou du Chat. Elles font ordinairement fort nombreuses & diftribuées en plufieurs rangs fur la mâchoire, dont elles recouvrent entierement la furface antérieure.

Vers le tiers de la longueur de cette mâchoire, on décou- Langue. yre à fa partie poftérieure, & à l'entrée de l'éfophage, une

.g

petite caroncule blanche, conique, & noire à fon extrêmité qui pend en bas : c'eft la langue de l'animal.

Quant à la maniere dont il fe fert de fes mâchoires, de fes dents & de fa langue, voici ce que j'ai obfervé. Lorsqu'il veut manger quelque corps folide, comme font les feuilles d'une plante, il préfente fa mâchoire inférieure fur les bords de la bouche fous la forme d'une boule coupée en deffus "d'un petit fillon, comme l'on voit celle du Limaçon ( n. pl. 1.) ou celle du Lépas (v. pl. 2. ); il élargit enfuite ce fillon en avançant encore la mâchoire & lui faifant faire le cuilleron, puis il la referme en pinçant & attirant à lui une portion de la feuille qu'il brife en la preffant contre la mâchoire fupérieure (J. pl. 2.), ce qui fe fait avec un bruit affez fenfible, & fort femblable à celui qu'on entend lorfque le ver à foie mange. Le morceau ainfi détaché de la feuille & finement broyé, entre par l'ouverture de la mâchoire inférieure dans l'éfophage, & va de là se porter dans l'eftomac pour fervir de nourriture à l'animal. La caroncule que j'ai dit fe trouver à l'entrée de l'éfophage, & qui reffemble à une petite langue pendante en bas, fert fans doute à empêcher le retour des alimens, & à les précipiter dans l'eftomac.

Telle eft la méchanique du mouvement des mâchoires dans les Limaçons qui en font pourvus. Elle eft à peu près la même dans tous, & ne differe pas fenfiblement dans les différentes efpeces.

Dans les Limaçons dont la bouche eft dépourvue de mâTROMPE. choires, on voit à leur place une espece de Trompe ou de tuyau cylindrique, qui eft d'une grande longueur dans certaines efpeces, & beaucoup moindre dans d'autres. Cette trompe eft charnue, d'une fubftance mufculeufé, peu épaiffe & fort fouple. On peut la regarder comme un éfophage allongé, qui a la faculté de fortir du corps & d'y rentrer comme dans un fourreau. Son extrêmité eft percée d'un trou rond, bordé tout autour d'une membrane cartilagineufe, affez mince, femblable aux mâchoires inférieures dont j'ai parlé ci-deffus, & dentée de même.

Il n'y a que les Limaçons carnaciers qui foient pourvus de ces fortes de trompes: ils s'en fervent comme de tarriere pour percer les coquilles des autres Coquillages dont ils

fuccent la chair. Les alimens n'ont pas d'autre entrée dans le corps de l'animal que l'ouverture de l'extrêmité de cette trompe. On en voit différentes formes à la lettre L. des planches 3, 4 & 10.

Tous les Limaçons ont une espece de Col plus ou moins long, qui fupporte la tête & l'éloigne du refte du corps, comme l'on voit dans le Coret & le Limaçon (pl. 1.). Il n'y a rien de femblable dans les Conques.

Le Corps ou le tronc des Coquillages prend la forme de la coquille dont il remplit toute la capacité, de forte que quand elle est spirale, comme font la plupart des Limafons, il eft pareillement tourné en fpirale; lorfque la coquille n'a point de fpires ou de volutes fenfibles, le corps n'eft point contourné: tel eft celui de quelques Lépas & de toutes les Conques.

Rien ne ressemble mieux à un Pied que ce gros muscle qui s'étend fous le col & une partie de la poitrine des Limaçons.

8.

COL.

9o.

CORPS.

10°.

PIED.

Il eft applati en deffous, & formé par l'assemblage d'un grand Des Limanombre de forts muscles, qui font placés en long dans quel- cons. ques-uns & en travers dans d'autres. Sa figure n'eft pas conftante: elle dépend des différens mouvemens que fe donne l'animal auquel il tient lieu de Pied.

Quand il veut marcher, il donne à ce pied un mouvement d'ondulation femblable à celui des flots de la mer, & qui le transporte en le faifant, pour ainfi dire, gliffer d'un lieu à l'autre : c'eft le mouvement progreffif ordinaire à la plûpart des Limaçons dont le pied eft uni dans fa furface inférieure. Ceux qui, comme le Piétin (gen. 4. pl. 1. P. K.), l'ont divifé en deux parties à peu près égales, s'en fervent d'une maniere toute différente: lorfqu'ils veulent avancer, ils appuient fortement fur le bord antérieur de ce pied; c'eft le point fixe vers lequel tout le refte du pied, qui eft dans le relâchement, eft amené: au contraire lorfqu'ils veulent reculer, ils fe cramponnent fur fon bord poftérieur, & alors le devant qui eft dans l'inaction eft obligé de se rapprocher vers cette partie où le point d'appui fe trouve dans ce tems-là.

Le Pied n'a ni la même forme ni le même ufage dans les Des ComConques, du moins ne peut-il ramper. Il eft quelquefois cy- ques. lindrique, comme dans la Pholade, le Solen (pl. 19.), &c.

[ocr errors]

& communément applati fur les côtés & fort tranchant (Came, p, 16 & 17. Telline & Pétoncle, pl. 18.); il fert aux unes de point d'appui pour fe pouffer & s'avancer, & aux autres de reffort pour fauter avec force, comme il arrive aux Tellines. Il y a auffi quelques genres dans lefquels il manque abfolument : telle eft l'Huître ( pl. 14.)

J'appelle du nom de Manteau cette membrane muscuMANTEAU. leufe, ordinairement affez mince, qui recouvre & tapiffe les parois intérieures de la coquille. Sa figure n'eft pas la même dans tous les Coquillages, & dans le même animal elle varie d'un inftant à l'autre, felon la différence des mouvemens Des Lima- qu'il fe donne. Dans quelques Limaçons, comme dans le Kambeul (gen. 5. planc. 1. M. ), cette membrane forme le collier en environnant le col de l'animal : dans d'autres, tels que la Porcelaine (pl. 4. M. N.), le Pucelage ( pl. 5. M.), le Mantelet (pl. 5. M. N.), elle forme le manteau en enveloppant & recouvrant non-feulement le dedans, mais même le dehors de la coquille.

çons.

Des Con

ques.

Son ufage.

Dans les Conques cette membrane fort rarement hors de la coquille, mais elle enveloppe tout le corps de l'animal, foit en fe divifant en deux, comme dans l'Huître (pl. 14. B. T. F. M. A.), foit en faifant une efpece de fac ouvert par les deux bouts, comme dans le Solen (pl. 19. M. N.), la Pholade (pl. 19. M. ), &c.

C'est à cause de l'inconftance & de l'irrégularité que j'ai remarqué dans la forme que prend cette membrane dans divers Coquillages, que j'ai crû devoir changer fon nom de Collier en celui de Manteau. Ce terme ne défignant qu'une enveloppe en général, pourra convenir à tous les Coquillages qui ont une enveloppe femblable, quelque figure qu'elle puiffe prendre.

Le principal ufage du manteau dans les Coquillages, est d'empêcher que l'eau n'entre dans la coquille contre la volonté de l'animal, ou de la retenir à fon gré. Dans les Conques, par exemple, où il n'eft pas d'une piece, mais divifé en deux lobes, lorfque la coquille s'ouvre, les deux lobes s'appliquent exactement l'un contre l'autre de maniere que J'eau du dehors ne peut y entrer, ni celle du dedans en fortirfans la participation de l'animal.

12.

Le manteau porte une ou deux ouvertures qu'on peut appeller Trachées, à caufe de leur ufage, & dont la fituation TRAChées. varie fuivant les différens Coquillages.

Dans les Limaçons il n'y a qu'une trachée dont l'ouver Des Limature fe trouve fur les bords du manteau, comme dans le Li- çons. maçon (pl. 1. A.); ou bien elle forme un long canal ou tuyau qui fort de la coquille, comme dans les Pourpres (pl. 7. K.).

Elle eft placée à droite, vers le dos de l'animal, dans tous les Limaçons, excepté dans ceux qui ont leur coquille tournée à gauche, comme le Bulin & le Coret (pl. i.): ceux-là l'ont à gauche.

On apperçoit encore affez fouvent une feconde ouverture un peu plus petite que la trachée, & placée ordinairement un peu au-deffous ou par derriere elle; c'eft celle où fe trouve l'anus: elles font féparées l'une de l'autre par une cloifon médiocrement épaiffe qui leur ôte toute communication.

Dans les Conques le manteau fait quelquefois deux ou- Des Con vertures pareilles, comme dans le Jataron (pl. 15. T. A.), ques. & quelquefois il laiffe fortir hors de la coquille deux tuyaux inégaux (Pétoncle, pl. 18. T. A.), dont le plus grand eft ordinairement le plus proche du ventre de l'animal, & le plus petit eft placé derriere ou vers le dos de fa coquille. Ces deux tuyaux communiquent ordinairement ensemble & font par conféquent deux trachées: je nommerai celle qui eft la plus proche du ventre de l'animal la Trachée antérieure ou fupérieure, & celle du dos la Trachée poftérieute ou inférieure. L'ufage de ces trachées n'eft pas équivoque lorfqu'on les Leur ufage, obferve pendant quelques heures. On voit que celle des Limaçons afpire l'air ou l'eau, qui eft enfuite rejettée dehors (1). La trachée antérieure des Conques attire pareillement l'eau, & la trachée poftérieure la renvoie : il leur arrive cependant quelquefois de la rendre par la même trachée qui l'a reçue.

(1) In hoc labio five limbo bini ad dextram hiatus confpiciuntur, alter excernendis focibus dicatus ; alter attrahendo & emittendo aëri inferviens. Swammerd. (de Cochlea Vinearum, five operculari. ) Bibl. nat. vol. 2. pag. 99.

Hujus igitur cartilaginis ufus eft, ad aquam aëremve aquatum recipiendam, ejiciendamque ad branchiarum officium...... Hic itaque tubulus tracheæ five foraminist branchialis...... ufum præftat. Lifter. (de Purpurâ, Buccino marino craffo,rufe cente, ftriato & undato.) Exercit, anat, alt. pag. 74.

« ÀÌÀü°è¼Ó »