DIANE DE CASTRO. PRE's la fanglante bataille de Zito queBlafco-Nugnez Vela Viceroi du Perou perdit avec la vie, le vainqueur GonfalvePiçarrene se propofa point de plus agréable fruit de fa victoire, que la poffeffion de la belle Diane de Caftro, dont le mari Don Louis de Ribera avoit été tué dans le combat. La neceflité des affai A res obligea Piçarre de faire un affez long fejour à Zito: & étant enfuite de retour à la ville des Rois, capitale de ce grand Empire, fon premier foin fut d'aller confoler cette jeune veuve. Il la trouva plus affligée, qu'il n'avoit crû, s'étant perfuadé que la tyrannie que fon mari avoit exercée fur elle, lui en rendroit la perte moins sensible: mais fa vertu qui ne lui avoit jamais permis de fe difpenfer envers fon mari des moindres devoirs pendant fa vie, l'obligeoit encore après sa mort, de ren dre à fa memoire plus qu'elle ne devoit. Elle avoit d'ailleurs de grands fujets de trouble & de douleur: elle fe voïoit dans un âge & dans une condition expofée à toutes fortes d'injures; dans un païs fi éloigné du fien, qu'elle n'ofoit quafi efperer de le revoir; fi plein de confufion, que les chefs & les foldats entreprenoient tout avec hardieffe, & l'éxecutoient avec impunité. Mais ce qui faifoit fa plus grande inquiétude, c'étoit la paffion violente qu'elle fçavoit que Piçarre avoit pour elle, homme de merite, mais plein d'ambition; rebelle à fonPrince, enflé du fuccès d'une victoire recente ; de la hardieffe duquel elle avoit fujet de tout craindre, Ce tyran,qui fe pensoit déja bién affermi dans le thrône duPerou,& qui n'attendoit que l'occafion de s'en declarer Roi, mesurant ses pretentions à fon pouvoir, ne crut pas trouver de refiftance dans le cœur d'une veuve indefenduë; il efpera de l'éblouir auffi aifément par l'éclat d'une couronne, qu'il en avoit été ébloui lui-même. Il l'a r |