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Nous avouons que nous ne comprendrions pas pourquoi le ministère se refuserait aux autres réformes, s'il consentait à augmenter le nombre des électeurs. Conférer les droits politiques non plus seulement aux propriétaires, aux patentables, mais à ceux qui exercent des professions libérales, est une innovation beaucoup plus considérable que de prononcer l'exclusion parlementaire de quelques fonctionnaires subalternes. Croit-on que le gouvernement soit le moins du monde affaibli, parce qu'il sera interdit aux colléges électoraux d'envoyer à la chambre des substituts du procureur du roi, et d'autres magistrats inférieurs? Au surplus, dans cette matière, tout dépend de l'exécution. Quand la chambre, et nous parlons ici non-seulement du parlement actuel, mais de ceux qui lui succéderont, quand la chambre étendra le cercle des incompatibilités, elle ne le fera sans doute qu'après un examen approfondi : elle distinguera les hautes fonctions, qui impliquent avec elles la capacité politique, d'avec les emplois d'un ordre secondaire dont les détenteurs sont peu nécessaires au sein de la représentation nationale. Point d'excès, point d'exclusions trop rigoureuses qu'on pourrait regretter plus tard. Il faut que la mesure qu'on adoptera laisse au sein de la chambre toutes les aptitudes véritables dont elle a besoin, et qu'elle en éloigne seulement les petites situations qui cherchent à s'arrondir à la faveur du mandat électif.

Quant à la définition de l'attentat, il s'agit plutôt de régulariser la législation que de faire une concession politique. Ni M. Dufaure, ni M. Duvergier de Hauranne, ne sauraient être suspects; ils ne veulent pas désarmer le gouvernement ni affaiblir la haute juridiction de la chambre des pairs. Dès que tout le monde est d'accord sur la nécessité des lois de septembre, la définition de l'attentat est plutôt une question de jurisconsultes qu'une question de partis. Il s'agit de savoir si, en cette matière, la jurisprudence de la pairie suffit, ou s'il faut l'intervention d'une disposition législative.

Aussi nous ne voyons pas comment on pourrait invoquer contre ceux qui réclament la définition de l'attentat tout ce que doit nous révéler le procès Quénisset. Les impressions que donnera à toutes les honnêtes gens la sinistre affaire qui va se dérouler devant la pairie n'ont rien qui doive le moins du monde paralyser la marche de nos institutions constitutionnelles. Un journal anglais, le Morning Post, prétend que les révélations qui doivent sortir de ce procès sont de nature à faire tomber les armes de l'opposition parlementaire, tant elles inspireront d'effroi pour le salut de l'ordre social! L'assertion est singulière, surtout de la part de nos voisins qui sont accoutumés à la continuité de la vie et des luttes constitutionnelles, même au milieu des plus grands orages. Si le Morning Post, en cette circonstance, n'a exprimé que sa propre pensée, il a bien oublié l'histoire de son pays. En Angleterre, pour résister aux malheurs de tous genres qui peuvent éprouver un grand peuple, on cherche des forces dans le culte des institutions, dans la pratique religieuse et intelligente de la vieille constitution. C'est ainsi que l'esprit national se retrempe. Nous sommes aussi nouveaux dans l'exercice de la vie politique que

les Anglais y sont aguerris; puissions-nous peu à peu avoir à leur exemple foi dans nos institutions, et loin d'en craindre le développement, y chercher un remède efficace aux maux qui nous travaillent. Des doctrines insensées, des passions exécrables ont fait pour quelques hommes de l'assassinat un devoir, une vertu; le principe du mal est devenu un lien d'association, et il exerce sur des imaginations dépravées la contagion d'un détestable prosélytisme. Nous le demandons, comment lutter contre ce fléau moral, si ce n'est en nous attachant plus vivement que jamais à nos institutions fondamentales, en leur demandant tout ce qu'elles peuvent nous prêter de force pour lutter contre le crime, de lumières pour dissiper l'ignorance? Dans notre siècle, une liberté régulière et raisonnable peut seule avoir raison des coupables extravagances de sectaires monomanes.

Il faudrait aussi qu'à ce triste spectacle du délire de quelques hommes la France pût opposer aux yeux de l'Europe et aux yeux de ses propres enfans une attitude forte et digne qui prouvât que des maux, inséparables peut-être d'une civilisation surexcitée, ne lui ont rien ôté de sa grandeur et d'une légitime ambition. Que de mauvaises passions, tant au dedans qu'au dehors, ferait taire la volonté bien connue de la France de ne rien céder sur ce qu'elle peut avec raison exiger et prétendre! Loin de là, toutes nos démarches, tous nos actes ont, vis-à-vis l'étranger, un caractère de concession fait pour jeter dans l'ame un découragement amer et continu. Ainsi, après avoir tant répété qu'il n'y aurait pas de désarmement maritime, nous disséminons nos vaisseaux et licencions une partie de nos matelots. Ce n'est rien, nous dit-on, les vaisseaux nous restent, et les hommes pourront toujours être rappelés. Nous pensons bien qu'on ne brûlera pas la flotte, mais on la disloque, et l'on semble n'agir que sous l'injonction de l'Angleterre. De bonne foi, que veut-on qu'au dehors on pense de nous? Le plus grand intérêt de l'Angleterre est que nous dispersions cette belle flotte qui, dans la Méditerranée, lui causait un indicible ombrage, dont la vue remplissait d'orgueil l'ame de tout Français, et surle-champ les désirs de l'Angleterre se trouvent remplis. Nous ne connaissons pas les dépêches de lord Aberdeen; elles peuvent être pleines de politesse et de convenance, mais les faits parlent et nous montrent, à l'égard de l'Angleterre, complaisans et soumis.

Nos voisins ont aussi leurs disgraces et leurs embarras. Nous parlons de disgraces, car l'Angleterre regardera comme un véritable malheur l'incendie de la tour de Londres. Nous n'avons pas donner ici à cette catastrophe des regrets d'antiquaire, mais on ne peut sans tristesse voir disparaître ces monumens fameux qui résument l'histoire d'un grand peuple; on dirait que le passé s'abîme encore une fois dans la poudre des siècles. En vérité, de l'autre côté du détroit, le temps est plus impitoyable qu'ailleurs; on dirait qu'il s'y fait radical, car il efface violemment tous les vestiges des jours antiques. L'Angleterre déploie en ce moment des efforts immenses pour avoir raison de la Chine. Ses actes annoncent la résolution de changer l'Asie en un vaste marché qui

compense les pertes qu'elle peut faire ailleurs. L'Angleterre comprend que les peuples de l'Europe produisent maintenant eux-mêmes tout ce dont ils ont besoin, et que, d'ailleurs, sur le continent, elle a des concurrens, non-seulement pour l'industrie, mais encore pour le commerce. Ainsi, le marché de l'Allemagne est presque entièrement perdu pour elle depuis que le réseau des douanes prussiennes s'étend depuis Koenigsberg jusqu'à Cologne. La France et la Belgique se suffisent à elles-mêmes. La politique anglaise combat encore pour garder des débouchés en Espagne, mais elle peut prévoir pour l'avenir l'impossibilité d'imposer ses marchandises aux Espagnols. C'est donc vers l'Asie qu'elle se tourne. Elle a les Indes, elle aura la Chine, à d'autres conditions sans doute, non pas comme conquête, comme possession directe, mais comme un empire tributaire de son commerce et de sa législation marchande. Tel est du moins son vou, son dessein. Sir Henri Pottinguer est arrivé dans les parages de Canton, avec la mission de faire une guerre longue et décisive. Il rencontrera de grands obstacles. Tous ceux qui ont visité à la fois l'Inde et la Chine s'accordent à signaler les différences capitales qui séparent le caractère des Indous de celui des Chinois : l'Indou est timide, résigné; s'il se résout à lutter quelque temps, il finit par accepter la condition et le sort que lui font la fortune et les évènemens. Le Chinois, au contraire, est entêté, hardi, perfide; envers les étrangers, il ne reconnaît ni traité durable, ni transaction définitive. Pour lui, les étrangers ne sont pas des égaux; ce sont des barbares, ce sont des animaux. L'expression n'est pas exagérée, ce sont des animaux, avec lesquels, pensent et écrivent les Chinois, on n'est pas obligé de se conduire suivant la loi de la raison. Tel est le peuple que l'Angleterre entreprend de dompter.

L'acquittement de Mac-Leod éloigne pour le moment toute éventualité de guerre entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Les deux peuples gardent bien l'un contre l'autre de secrets ressentimens et certains griefs, mais ils n'ont pas été assez aveuglés par leurs passions pour ne pas s'apercevoir du tort immense qu'ils se feraient l'un à l'autre par une collision précipitée. Le calcul l'a emporté sur l'orgueil. Voilà pour le présent. Mais l'avenir garde à l'Angleterre, à l'Amérique, bien des causes de division. La vieille question des frontières du Maine reste toujours irrésolue et envenimée. Sur ce point, l'Amérique est tellement convaincue de son bon droit, qu'il est difficile de prévoir aucune concession de la part du congrès. Il faut aussi songer à l'état moral des populations limitrophes du Canada. Ce n'est pas sans raison que le président Tyler dénonçait, il y a quelque temps, l'existence de sociétés secrètes qui se proposent, suivant la teneur de leur serment, l'extension du gouvernement républicain par toute la terre, et surtout la destruction de la tyrannie anglaise sur tous les points de l'Amérique du Nord. Une feuille allemande contenait dernièrement sur ce sujet les plus curieux détails. Dans tous les états de l'Union, on trouve des loges de cette franc-maçonnerie nouvelle, et l'on parle d'un fonds de trois cent mille dollars, qui seraient à la disposition de ses membres.

Ce n'est pas précisément avec d'aussi vastes ressources que quelques conspirateurs ont entrepris en Belgique de renverser le gouvernement. Toutes les circonstances que l'on connaît jusqu'à présent de ce complot avorté, tendent à prouver que ce n'était pas chose sérieuse. On a dit que de la part des Belges c'était encore, à notre égard, une contrefaçon; on pourrait ajouter que c'est une contrefaçon sous un très petit format.

En Espagne, Espartero s'applique, après avoir étouffé les derniers restes de l'insurrection, à jeter les fondemens d'un ordre nouveau pour la Navarre et les provinces Basques. Il vient de rendre un décret qui assimile tout-à-fait cette partie de l'Espagne au reste de la monarchie sous le triple rapport de l'administration, de la justice et des finances. C'est jeter le gant à ces pro vinces; c'est leur adresser le défi de braver l'autorité centrale et de se soustraire à la puissance qui a la prétention de gouverner d'une manière à peu près absolue le reste de l'Espagne. Cependant cette puissance est assez ouvertement méconnue sur un point de la Péninsule. Les exaltés de Barcelone ont persévéré dans la volonté de démolir la citadelle qui domine la ville. Ils ont continué, malgré les injonctions du pouvoir central, leur œuvre de destruction, et paraissent résolus à fermer les portes de Barcelone au général Van Halen. Espartero est maintenant en face du parti révolutionnaire, qui se prétend au-dessus des lois; si les murs de la citadelle de Barcelone étaient pour toujours détruits, ils ne tomberaient pas seuls, et du même coup les exaltés catalans auraient démantelé le pouvoir du duc de la Victoire.

THÉATRES.En attendant le Prophète, de M. Meyerbeer, qui semble hésiter à livrer sa partition à Mme Stoltz, l'Opéra prépare le Chevalier de Malte, de M. Halévy. C'est une faible compensation à l'absence du célèbre compositeur. Ajoutez que M. Duprez décline de jour en jour, et que M. Mario est devenu un grand chanteur depuis qu'il a quitté l'Académie royale pour le Théâtre-Italien.

-Le Théâtre-Français vient de mettre à l'étude la tragédie d'Ariane pour Mlle Rachel. Trois pièces nouvelles sont, en outre, en répétition à la ComédieFrançaise la Première Nuit des Noces, de M. Rosier, qui sera représentée très prochainement; la Rupture, de M. Scribe, qu'un changement dans la distribution des rôles retardera de quelques jours; enfin le Lorenzino, de M. Alex. Dumas. Toutes ces études témoignent suffisamment de l'incessante activité que déploie le Théâtre-Français.

F. BONNAIRE.

LE SPERONARE.

XII.'

CARMELA.

TAYLOR

INST

Lorsque don Ferdinand revint à lui, il était couché dans sa chambre au château de Belvédère, sa mère pleurait à côté de lui, le marquis se promenait à grands pas dans la chambre, et le médecin s'apprêtait à le saigner pour la cinquième fois. Le jardinier auquel le jeune comte avait demandé de si fréquens renseignemens sur l'homme au manteau, s'était inquiété en voyant sortir son maître si tard; il l'avait suivi de loin, avait entendu le coup de pistolet, était entré dans l'église et avait trouvé don Ferdinand évanoui et Cantarello mort.

Le premier mot de don Ferdinand fut pour demander si l'on avait retrouvé la clé. Le marquis et la marquise échangèrent un regard d'inquiétude.

Rassurez-vous, dit le médecin; après une blessure aussi grave, il n'y a rien d'étonnant à ce que le malade ait un peu de délire. -Je suis parfaitement calme, et je sais à merveille ce que je dis, reprit don Ferdinand; je demande si l'on a retrouvé la clé de la porte secrète, une petite clé faite comme une clé de piano.

-Oh! mon pauvre enfant! s'écria la marquise en joignant les mains et en levant les yeux au ciel.

(1) Voyez les livraisons des 8, 15, 29 août, 5, 12, 19 septembre, 3, 10, 17, 24 octobre et 7 novembre.

TOME XXXV. NOVEMBRE.

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