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Que l'Iliade en main dans fa fougueuse audace.
Mothin aille percer les brouillars du Parnasse.
Par l'ignorant Panfa qu'un vain Auteur prôné
Joigne à fon Meleagre ou Thiefte ou Progué,
Que dans un Opera d'extravagante idée
En une mere inceste il nous change Medée,
C'eft à ces grans Auteurs guindez au haut des airs
A demander cent voix pour prononcer leurs vers :
Comme eux tu ne vas point en vrai fouflet de forge
Rendre à grand bruit les vents qui fortent de ta gorge.
Tu ne vas point comme eux fans ceffe entre tes dents,
Murmurer, croaffer des vers impertinens,

Ni faire dans l'orgueil d'une veine ampoulée
Peter avec éclat ta bouche bourfouflée.

Tes rimes ont un tour & plus fimple & plus doux,
Adroit, ingénieux à ménager tes coups

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Avec foin & fans bruit tu limes ton ouvrage ;
Et content de voguer de rivage en rivage,

A tes traits en jouez mêlant le ferieux
Tu fais en le raillant pâlir le vicieux.

Laiffe avec fon repas Thiefte dans Mycéne,
Fais-nous couler tes vers d'une plus douce veine
Et fimple & populaire en tes fages écrits

Voi ta fine Satire amuser tout Paris,

Non equidem hoc ftudeo, bullatis ut mihi nugią

Pagina turgefcat, dare pondus idonea fumo

Secreti loquimur: tibi nunc hortante Camœnâ

Excutienda damus pracordia: quantaque noftra.

Pars tua fit Cornute anima, tibi dulcis amice;

Oftendiffe juvat, pulfa, dignofcere cautus

Quid folidum crepet, & picta tectoria lingua

His ego centenas aufim depofcere voces,

Ut quantum mihi te finuofo in pectore fixi

Voce traham pura: totumque hoc verba refignem

Quod latet arcana non enarrabile fibrâ.

Cum primum pavido cuftos mihi purpura ceffit,

Bullaque fuccinctis laribus donata pependit :

Penfez-vous que je veuille en rimes ennuyeuses Etaler dans mes vers des fadaises pompeuses, Et doner, come on voit fur la Scene souvent Du poids à la fumée, & du corps à du vent? Sans piquer mon efprit d'une fole manie, A des tons plus communs j'abaisse mon genie! Et c'eft dans votre fein, vous mon cher Précepteur: Qu'en fecret aujourd'hui je veux ouvrir mon cœur. Aprenez dans mes vers mon respect, mon estime„ Quelle union d'efprit, quel feu pour vous m'anime Philofophe profond qui diftinguez fi bien

Le folide difcours du frivole entretien,

Qui favez discerner avec tant de justesse
Du veritable cœur une langue traîtresse.

C'est

pour vous expliquer tout ce que je vous dois; Que j'invoque Apollon & demande cent voix. Je veux d'un libre vers, d'une voix franche & pure Vous faire de mon cœur une entiere ouverture, De ce cœur dont l'amour ne peut être exprimé Et dans le fond duquel vous êtes imprimé.

A feize ans accomplis je fortois de l'enfance, Et comançant à prendre un peu plus de licence, Je quitois tous les jours pour d'autres fentimens De cet âge badin les bas amusemens.

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Déja plus librement en paffant dans la rue Je regardois l'objet qui s'ofroit à ma veue, Rien ne me gênoit plus, & j'étois justement A ce pas qui nous met dans le balancement, A ce pas dangereux où l'esprit eft en doute S'il prendra la pénible ou la gliffante route. De mon cœur chancelant pour fixer l'embaras Je vous cherche : à vos foins j'abandone mes pas, Vous m'ouvrez votre fein, mon cœur tendre & timide Prend & rencontre en vous un Socrate pour guide. D'abord vous redressez au point de la vertu Tout ce que dans mes mœurs vous trouvez de tortu, Mon genie éclairé de vos vives lumieres Chaque jour le dérobe à ses ombres groffieres: Vous conduisez mon cœur, vous reglez mon esprit, Et votre propre main me forme & me paitrit. Quel heureux fouvenir rapele à mes pensées Tant de jours fous vos yeux, & tant de nuits paffées t Ces beaux jours à l'étude employez avec vous, Ces nuits dont les momens me paroiffoient fi doux! Quand le foleil couché nous cherchions à la table Les innocens plaifirs d'un repas agreable, Et qu'avec enjoûment nos efprits délaffez Se livroient à l'oubli de leurs travaux passez;

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