Soit par coustume ou soit par générosité, je n'ay jusqu'icy dédié aucune pièce que l'on ne m'ait fait quelque présent, et, à dire vray, l'on m'attraperoit bien, si on venoit à perdre une si bonne habitude. Cependant je vous dédie le Médecin volant, qui assurément n'est pas le moindre de mes ouvrages, à condition seulement que, si jamais je vais au païs, et que je sois assez heureux pour y devenir malade, vous aurez assez de bonté pour moy pour ne me pas faire languir longtemps. Remarquez, s'il vous plaist, Monsieur, que je ne veux pas dire que vous aurez la bonté de m'expédier le plustost qu'il vous sera possible, et souffrez que je vous avertisse, de peur d'équivoque, que je n'estime la médecine qu'en ce qu'elle peut estre utile à la conservation ou au recouvrement de ma santé, parce que je mourray bien sans le secours de personne, et particulièrement de vostre Faculté, pour qui j'ay trop de vénération pour ne pas lui en épargner la peine. Il meurt plus de monde en ces quartiers par la faute des médecins que vous n'en ressuscitez par vostre capacité; et Paris est si misérable pour les malades, que l'on prend plus de soin pour les faire mourir que vous n'en prendriez pour les faire vivre. Je vous proteste que si l'on m'appeloit à la police j'y donnerois si bon ordre qu'il ne seroit plus permis d'assassiner impunément un homme; et ces Messieurs, qui ne sont médecins que par la soutane, seroient obligés, durant quelques années que je limi 'Le Médecin volant est la première pièce connue de Boursault, mais elle ne fut imprimée qu'en 1665, après le Mort vivant, les Cadenats, les Nicandres et le Portrait du peintre. * Comme le Crispin de sa pièce : ...Médecin, ma soutane le montre. (Scène 8.) En recevant la robe et le bonnet de médecin, vous apprendrez tout cela, dit Béralde à Argan. — Quoi ! l'on sait discourir sur les maladies quand on a cet habitlà? - Oui, l'on n'a qu'à parler avec une robe et un bonnet, etc. » ( Malade imaginaire, III, sc. 22) Les vieux auteurs sont remplis de railleries à l'adresse de cette pédantesque soutane, qui, complétée par le rabat, la perruque et la barbe majestueuse, constituait un appareil imposant auquel la plupart des médecins te. naient beaucoup. Aussi, dans la grande querelle entre les médecins et les chirur giens (1657-1660), les premiers demandaient-ils qu'il fût formellement interdit aux seconds de porter la robe et le bonnet, et ils obtinrent gain de cause par arrêt du terois, de faire l'épreuve de leur science sur les animaux qui ne sont plus propres au travail '. Si cela étoit, les habiles comme vous n'en seroient pas plus mal, et les malades en seroient beaucoup mieux; vous en auriez plus de pratique, et ceux qui meurent avec tant de précipitation entre les mains de ces ignorans ne mourroient peut-estre pas si viste entre les vostres. Enfin, Monsieur, j'ay tant d'estime pour vostre personne et tant d'inclination pour le païs, que si jamais il me prend envie de sortir du monde, j'ayme mieux mourir de vostre main que de pas une autre, quand ce ne seroit qu'à cause qu'il y a de mes parens qui en sont déjà morts, et que par conséquent je suis obligé d'estre, Monsieur, Vostre très-humble et affectionné serviteur, parlement. La soutane restait donc l'insigne particulier et triomphant du médecin, à l'époque de cette farce. (V. aussi M. Raynaud, les Médecins au temps de Moliere, p. 79-81). Cette boutade contre les médecins trouve son commentaire naturel dans les pièces de Molière et les lettres du médecin Guy Patin. Nous en rencontrerons bien d'autres! C'est un des lieux communs de la littérature comique et satirique du dixseptième siècle. Voir plus loin deux de nos notes sur la treizième scène de l'Ombre de Molière, comédie de Brécourt. 2 Mussy-l'Évêque, bourgade de Champagne, actuellement chef-lieu de canton du département de l'Aube. LISE. CLÉON. LISE. SCÈNE PREMIÈRE. LISE, CLÉON. N'insultez point, de grâce, au malheur de Lucresse: Elle fait la malade, Monsieur, et le vieux reistre est party du matin Un amant dans sa manche a toujours quelque adresse : SCÈNE II. CLÉON seul. Aux cœurs passionnés il n'est rien d'impossible, CRISPIN. CLÉON. CRISPIN. CLEON. CRISPIN. CLÉON. CRISPIN. CRISPIN. CRISPIN. SCENE III. CRISPIN, CLÉON. Je vous cherche partout pour vous rendre réponse, Si tu sçavois ce que Lise m'annonce, Cher Crispin... Il m'a dit que tantost sur le soir... Tu m'en as assez dit; Son visage a des attraits puissans, Il est vray; mais ce n'est pas ma faute. Moi, Monsieur? abusez, que m'importe ? A présent il m'importe, ma foy! A moy, Monsieur? CRISPIN. CLÉON. CRISPIN. CLÉON. CRISPIN. CLÉON. A toy; rends mon âme charmée. Je n'y puis que faire. En quel lieu du logis? CRISPIN. CLÉON. CRISPIN. CLÉON. Tant pis. Je t'ay dit ma pensée; instruis-moy de la tienne. Ouy. CRISPIN. Que la belle s'y tienne, Voilà ce que je pense. CLÉON. CRISPIN. CRISPIN. CLEON. CRISPIN. CLÉON. CLÉON. Ah! c'est trop s'amuser. C'est pour cause. Je veux bien en ce lieu t'informer de la chose : Bons dieux ! Médecin ? Sans perdre icy d'inutiles paroles, Médecin! Mon Dieu! ce n'est pas pour cela. Médecin; je n'ay point d'autre ruse. C'est à tort que tu prens de l'effroy : CRISPIN. Je te suis 1... SCENE VI.. FERNAND seul. Va, te dis-je, (Il sort.) En mon âge, ô bons dieux! que de peines, Et que dans mes vieux ans... Je supprime les scènes 4 et 5, très-courtes et inutiles. |