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ANTOINE-JACOB MONTFLEURY

(1640-1685).

NOTICE

SUR ANTOINE-JACOB MONTFLEURY,

LES BESTES RAISONNABLES

ET L'IMPROMPTU DE L'HOSTEL De condé.

Antoine Jacob, né à Paris en 1640, mort à Aix en Provence, le 11 octobre 1685, était le fils du célèbre comédien de l'hôtel de Bourgogne, Zacharie Jacob, dit Montfleury, dont Molière s'est moqué dans l'Impromptu de Versailles. On le désigne habituellement sous le nom de guerre que le père avait rendu fameux, et qu'il légua à son fils. Antoine Jacob commença par étudier le droit, et il se fit même recevoir avocat : on en a la preuve par les titres de ses premières pièces, où il se qualifie d'avocat au parlement ; mais c'est là, il faut le dire, la seule trace qu'il ait laissée de son passage au barreau. A peine âgé de vingt ans, il chassait déjà de race, et marquait son goût précoce pour le théâtre, en faisant jouer le Mariage de rien. Grâce à son père, l'hôtel de Bourgogne le considérait comme étant de la famille, et ces premiers liens furent resserrés encore quand il épousa Marie-Marguerite de Soulas, fille de l'illustre comédien Floridor.

Montfleury père et fils ont été souvent confondus; l'éditeur mème de leurs œuvres en 2 vol. in-12 (Paris, Christophe David, 1705) n'en a fait qu'un seul personnage, à qui il attribue les productions de tous les deux, sous ce titre : OEuvres de M. Montfleury, contenant ses pièces de théâtre, et le catalogue Soleinnes a inscrit, au numéro 1343 le « Théâtre d'Antoine Jacob de Montfleury, comédien de l'hôtel de Bourgogne '. »

Nous avons déjà avancé, dans notre travail préliminaire sur l'hôtel de Bourgogne, qu'Antoine Jacob n'a jamais été comédien : c'est ici le lieu de revenir sur ce point, bien qu'il n'ait jamais laissé l'ombre d'un doute à ceux qui se sont occupés sérieusement de notre histoire dramatique, et que l'erreur combattue par nous ne puisse être que le résultat d'une étourderie ou d'une inadvertance singulière. L'absence du nom de Montfleury dans la

1 Voir aussi Léris, 15e édit.; de Mouhy, une note des Mémoir, de Molière (Collect. des Mémoir, relat. à l'art dram.); Viollet-le-Duc, Introd. au 4o vol. de l'Ancien Théát. franc. (Bibl. elzév.) Les erreurs de ce genre sont tellement nombreuses que nous devons nous borner à signaler celles-là.

liste des acteurs vivants de l'hôtel de Bourgogne et des autres théâtres, donnée par Chappuzeau en 1674, et dans toutes celles qui sont contemporaines ou postérieures, est déjà une raison sans réplique. Plus loin, Chappuzeau marque le nom de Montfleury parmi ceux des acteurs « qui ne sont plus, » et il veut parler du père, qui était mort en 1667, mais nulle part il n'est question du fils dans son livre. Une fois Zacharie Jacob passé de vie à trépas, le nom de Montfleury disparaît des catalogues d'acteurs.

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Quoique comédien, écrit Léris en parlant d'Antoine Jacob, il fut, dit-on, choisi par M. Colbert pour aller de sa part en Provence négocier une affaire importante. » Le fait de cette négociation semble hors de doute : il s'agissait d'aller recouvrer les sommes que le parlement de Provence devait au roi; Antoine Jacob s'en chargea, et s'acquitta de sa tâche de manière à contenter à la fois la cour et le parlement, si bien que celui-ci lui offrit, à ce qu'on assure, une charge de conseiller, et que Colbert se proposait de lui donner une place dans les fermes générales, si une hydropisie n'eût emporté son protégé avant même qu'il eût eu le temps de revenir à Paris. Léris n'a eu que le tort d'ajouter de sa propre autorité, ou sur la foi d'autorités suspectes, le titre de comédien au nom de celui qui fut chargé de cette négociation. Quelques-uns ont pensé qu'il s'agissait du père en cette circonstance, ce qui est impossible, puisque le père était mort en 1667, et que la mission dont il s'agit n'eut lieu qu'en 1678. La méprise de Léris, quoique corrigée dans sa seconde édition, a été souvent répétée : comme il était piquant de voir un comédien envoyé en mission politique par un ministre de Louis XIV, les faiseurs d'ana se sont bien gardés de vérifier la chose, et l'erreur était d'autant plus facile ici qu'il y avait eu réellement un Montfleury comédien, et que, à moins de rechercher la date de la mission, et de la comparer à la date de la mort de Montfleury père, confrontations qu'il est prudent de ne pas trop attendre des compilateurs, on pouvait croire que c'était de lui qu'il s'agissait.

Cette bévue s'appuie encore sur la lettre de Cyrano de Bergerac contre un gros homme, et sur l'Impromptu de l'hostel de Condé.

On sait que la lettre de Cyrano contre un gros homme est dirigée contre le comédien Montfleury, qu'il avait pris en haine et avec lequel il était en violents démêlés. Plusieurs ont cru que ce comédien était le fils, et ils l'ont cru d'autant plus aisément peut-être qu'un passage de la lettre semble se rapporter à sa pièce de l'Ambigu comique, ou les Amours de Didon et d'OEnée. Mais, sans aborder les autres raisons qui prouvent que cette lettre ne pouvait s'adresser qu'au père, disons seulement qu'elle est au plus tard de 1655, puisque Cyrano mourut cette année-là or Montfleury fils, en 1655 n'avait que quinze ans, et son Ambigu comique ne fut représenté pour la première fois qu'en 1673. La Didon de Montfleury père, à laquelle Cyrano fait allusion dans cette lettre, est une pièce qui ne nous est point parvenue, et qui n'a probablement pas été imprimée.

Par suite de la même étourderie, on a quelquefois regardé l'Impromptu de l'hostel de Condé comme une réponse personnelle du comédien raillė par Molière dans l'Impromptu de Versailles, et des acteurs de l'hôtel de

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