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SUR PHILIPPE QUINAULT

ET L'AMANT INDISCRET.

Quinault est plus connu par les sarcasmes de Boileau que par ses propres écrits. On ne le lit plus guère, et pourtant il a gardé la place qu'il mérite dans notre histoire littéraire; sa réputation a fini par triompher des attaques redoutables qu'elle avait eues à subir. Il serait superflu d'entreprendre aujourd'hui sa réhabilitation, et de plaider méthodiquement sa cause contre ses détracteurs : Quinault nous offre un exemple de la force victorieuse du vrai talent, auquel appartient toujours le succès définitif, et de l'inutilité des critiques les plus spirituelles et les plus persistantes, dirigées par les plumes les mieux autorisées, contre les écrivains d'une réelle valeur. Sans admettre le mot de Voltaire, qui appelle Boileau « Zoile de Quinault », — car c'est la jalousie qui fait les Zoiles, et nous ne voyons pas trop comment Boileau eût pu être jaloux de Quinault, qui n'a d'ailleurs rien de commun avec Homère, nous croyons que ce dénigrement excessif fut l'une des principales erreurs du satirique, et il l'a implicitement confessé luimême dans une lettre à Racine (1687) et dans la préface des dernières éditions de ses œuvres. Remarquons du moins, en guise de circonstance trèsatténuante, que, lorsqu'il l'attaqua pour la première fois, dans sa deuxième satire (1664), Quinault n'avait encore donné aucun de ses opéras, ni même sa comédie de la Mère coquette, et qu'il était connu seulement par une douzaine de pièces sur la plupart desquelles les sarcasmes de Boileau pouvaient tomber sans trop d'injustice. Plus tard, l'habitude, et aussi, il nous sera bien permis de le dire, en nous appuyant de plusieurs témoignages contemporains, les exigences de la rime, cette quinteuse dont il n'était pas toujours maître, contribuèrent à le faire poursuivre comme il avait commencé. Mais il serait injuste d'en rechercher la cause dans ce seul motif : elle est encore plus sans doute, sinon dans les raisons purement littéraires par lesquelles La Harpe a cherché à expliquer cette opiniâtre hostilité, au moins dans des raisons morales, fort puissantes sur le sévère esprit de Boileau. Il a dit lui-même le dernier mot de ses attaques, quand il a parlé de

ces lieux communs de morale lubrique

Que Lully réchauffa des sons de sa musique.

La vie de Philippe Quinault se trouve partout, et nous n'en parlerons pas. Ses pièces sont au nombre de trente et une, dont dix-sept comédies, tragédies et tragi-comédies, et quatorze opéras. Dans une liste si considérable, nous ne pouvons nous occuper que des comédies, qui seules, d'ailleurs, se rattachent au sujet de ce recueil. C'est la partie la moins importante de ses Puvres il n'y en a que quatre.

Les Rivales, cinq actes, en vers, jouée à l'hôtel de Bourgogne en 1653 (Paris, Guill. de Luynes, 1661, in-12), œuvre romanesque, assez intéressante, et qui méritait d'attirer l'attention, comme début dramatique d'un poëte de dix-huit ans. On la désigne quelquefois sous le titre de tragi-comédie. C'est à la première représentation des Rivales que se rattache un fait important dans l'histoire du théâtre l'établissement du droit d'auteur, basé sur le neuvième de la recette de chaque représentation, au lieu du prix fixe qu'on payait jusqu'alors. Les Rivales reproduisent le sujet et une grande partie de l'intrigue des Pucelles, comédie de Rotrou.

L'Amant indiscret, ou le Maitre étourdi, cinq actes, en vers, jouée à l'hôtel de Bourgogne, en 1654, imprimée seulement dix ans après (A Rouen, et se vend à Paris, chez Guill. de Luynes, 1664, in-12). Telle est la date donnée par tous les bibliographes du théâtre, de Beauchamps, de La Vallière, Mouhy, etc. Le catalogue Soleinnes seul indique une édition chez Toussaint Quinet en 1656; mais c'est peut-être une erreur typographique par l'interversion des deux derniers chiffres. En tout cas, je n'ai pu trouver d'édition antérieure à celle de 1664, et l'absence de privilége ne m'a pas permis de vérifier si c'est bien réellement la première.

La Comédie sans comédie, cinq actes, en vers, jouée au Marais en 1655 (Guill. de Luynes, in-12, 1657). Elle contient quatre autres pièces de diverse nature, et représente ainsi les principaux genres du théâtre : tragédie, tragicomédie, comédie et pastorale. Nous en reparlerons plus longuement dans le volume de ce recueil consacré au théâtre du Marais, où nous retrouverons Quinault.

La Mère coquette, ou les Amants brouillés, cinq actes, en vers, jouée à l'hôtel de Bourgogne en 1664, imprimée en 1665, Paris, in-12. Beauchamps ne donne pas de date; le catalogue Soleinnes n'indique pas d'éditions avant celle de M. David, 1705. C'est le chef-d'œuvre comique de l'auteur et l'un des chefs-d'œuvre de notre scène, où elle est restée au répertoire. Elle précéda de très-peu de temps la pièce du même titre de Visé, représentée également avec un grand succès, sur le théâtre du Palais-Royal. Dans sa préface, de Visé prétend que l'idée première et l'invention du sujet lui appartiennent, et il se plaint d'avoir été dévalisé par Quinault, à qui il en avait fait confidence et qui se hâta de prendre les devants. Malgré les mesures prises par Quinault pour prévenir les effets de cette accusation, et quoique de Visé, comme nous le verrons plusieurs fois dans le cours de cet ouvrage, soit fort suspect lui-même sur les questions de plagiat, les détails que nous avons sur cette affaire semblent nous autoriser à croire que l'assertion de ce dernier n'est pas une calomnie.

Notre choix étant limité entre l'Amant indiscret et les Rivales, puisque, des deux autres comédies, l'une a été représentée au Marais, et la seconde est restée au répertoire, nous donnons, au moins dans sa plus grande partie, l'Amant indiscret, où l'on trouve quelques détails de mœurs assez curieux, et qui offre d'ailleurs matière à d'intéressantes comparaisons avec une pièce de Molière. « L'Amant indiscret, lit-on dans le Dictionnaire des théâtres de Léris, a quelque rapport avec l'Étourdi de Molière. » C'est trop peu

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