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LYCASTE.

GERONTE.

CRISPIN.

Vostre oncle vous la cède, et son père y consent.
Je me tiens trop heureux, du moment que j'espère
Une grace pareille et d'un oncle et d'un père.
Pour moy, je vous l'accorde.

On m'en a fait jurer.

PHILIPIN. Ce ballot qu'il y joint vous en peut asseurer.

LYCASTE, à Isabelle. M'aimerez-vous enfin?

ISABELLE.

Un père me l'ordonne.

CRISPIN, à Ruffine. Mon ange, mon soleil, ô la bonne personne ! Je veux estre galeux plus que mon vieux roussin Si jamais je me fie à ce sexe malin.

RUFFINE.
CRISPIN.

RUFFINE.

CRISPIN.

LYCASTE.
RUFFINE.

PHILIPIN.

LYCASTE.

De quoy vous fâchez-vous?

De rien.

Je le dois croire,
Car tout ce que j'ay fait n'est que pour vostre gloire.
Les traistres! ils étoient tous quatre du complot!
Rendez-moy le coffret, et mangez le ballot.
(Il se retire.)

Ruffine, il est à toy.

Non, je vous l'abandonne.
Un présent à chacun, le droit du jeu l'ordonne.
Toy-mesme, Philipin, sois le distributeur :

A Isabelle. J'auray la bonne part, puisque j'ay vostre cœur.

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NOTICE

SUR RAYMOND POISSON,

LE BARON DE LA CRASSE,

LE POËTE BASQUE, ET LES FAUX MOSCOVITES.

La famille Poisson est restée illustre dans les annales du théâtre. Elle a, pendant trois générations, tenu un haut rang à la Comédie française, et quelques-uns de ses membres ont cumulé la gloire de l'acteur avec celle de l'auteur. Raymond Poisson, son fils Paul, les deux fils de celui-ci, Philippe, auteur comme son aïeul Raymond, et François Arnould, comptent parmi les meilleurs comédiens de notre première scène. De plus, les femmes de Raymond, de Paul et de François Arnould, ont joué à côté de leurs maris, quoique avec beaucoup moins de talent et de succès, et l'on doit à la seconde d'entre elles des Lettres sur Molière, qui ont paru dans le Mercure de France de mai et juin 1740, et dont on cite souvent quelques passages curieux. Enfin, l'une des filles de Paul Poisson, devenue madame de Gomez par son mariage avec un gentilhomme espagnol de ce nom, se fit une célé brité par ses ouvrages, au nombre desquels on distingue trois tragédies jouées au Théâtre-Français; et le frère cadet de Paul, après avoir débuté au mème théâtre, où il ne fut pas reçu, fit partie de la troupe française entretenue par l'électeur de Saxe, roi de Pologne.

Raymond Poisson, qui fut la souche de cette famille d'acteurs, naquit à Paris en 1633. Son père était mathématicien, et demeurait près du Palais, au 5 étage, ou plutôt au grenier . Il commença par faire des études médicales, et exerça même tant bien que mal la chirurgie pendant un peu de temps ; mais, après la mort de son père, il s'attacha au duc de Créqui, premier gentilhomme de la chambre et gouverneur de Paris, qui lui garda toujours sa protection, même après qu'il l'eut quitté Poisson lui a adressé une requête en vers spirituels et faciles, la veille de la représentation de la Mère coquette ou les Amants brouillés, de Quinault (1664),

1 Voir la pièce de vers de R. Poisson: A M. le vicomte de *. Un grand nombre des renseignements que nous allons donner sont extraits des poésies familières de notre auteur, imprimées en tête de ses comédies (La Haye, Abraham Trojel, 1680, in-12).

2 lbid.

pour lui demander un habit. Il abandonna le service de ce seigneur, probablement vers 1650, pour s'engager dans une troupe de province, d'où il passa, en 1652 ou 3, à l'Hôtel de Bourgogne. On assure que cet heureux changement dans sa situation fut dû au plaisir que Louis XIV, dans un voyage à travers son royaume, éprouva à le voir jouer.

Une fois à l'Hôtel de Bourgogne, R. Poisson y prit bien vite une des premières places. Il avait un talent supérieur pour le comique, et brillait surtont par un naturel parfait, que Molière enviait, dit Palaprat . Louis XIV ne perdit jamais le goût qu'il avait témoigné pour lui dès la première fois qu'il l'avait entendu. Comme on parlait de cet acteur, quelques jours après son décès, au lever du roi, il daigna dire que cette mort était une perte, et que Poisson était bon comédien : « Oui, répondit étourdiment Boileau, pour faire un don Japhet; il ne brillait que dans les misérables pièces de Scarron. » Je ne sais si cette réponse est bien authentique, car la brusquerie de Boileau ne l'empêchait pas d'être un fort bon courtisan; mais elle paraît renfermer, sous une forme un peu rude, une assez juste appréciation du talent particulier de Poisson comme acteur. Tout ce qu'on sait de lui, en effet, — son caractère, la nature de ses ouvrages, son physique, en particulier cette grande bouche, à laquelle il est fait allusion dans plusieurs pièces du temps, et ce bredouillement qui devint une tradition dans la famille et dans les rôles de Crispin, qu'il avait joués d'original, — le rendait plus propre à ce genre de comique, et devait lui assurer sur ce terrain ses principaux succès.

La prédilection du roi pour lui se traduisit en bienfaits : c'est ainsi qu'il lui donna quatre cents livres de rente pour l'aider à payer une pension annuelle de mille livres, que Poisson, on ne sait par quel motif, servait à la Bellerose 3. Quand sa fille Marie épousa un valet de chambre ordinaire de Louis XIV, le contrat fut passé (4 septembre 1676) en présence du roi, de la reine, du Dauphin et de toute la famille royale. Les courtisans et les ministres ne manquèrent pas de se régler sur les sentiments et la conduite de leur maître. Colbert et Louvois lui accordèrent leurs faveurs 4, et le frère du premier de ces ministres, Charles Colbert, marquis de Croissy, fut même le parrain d'un de ses enfants. Il fit souvent appel à cette haute protection en faveur de ce fils, qui, nommé d'abord commis ambulant à mille francs, fut révoqué ensuite, comme on le voit par une petite pièce du père à Messieurs des aides. Poisson était aussi protégé par le maréchal de Créqui et par plusieurs autres grands personnages, auxquels il adressait fréquemment des

Préface de ses OEuvres.

2 Hauteroche, le Deuil, sc. 1, Montfleury, la Femme juge et partie, II, sc. 1. Poisson jouait dans ces deux pièces les rôles de Crispin et de Bernadille.

3 Voir ses deux pièces Au roi.

4 Pièces de Poisson A Mor Colbert, 4 Mgr de Louvois.

5 Mais non le ministre lui-même, comme le disent tous les historiens du théâtre et les biographes de Poisson, en particulier Lemazurier, dans sa Galerie des acteurs du Théâtre-Français. Qu'on lise, pour s'en convaincre, les vers de Poisson à Mgr Colbert et à Mgr Colbert, plénipotentiaire pour la paix à Nimègue, desquels il résulte clairement que c'est ce dernier, c'est-à-dire le frère du ministre, qui donna son nom au fils de

l'acteur.

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