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gal. Je faifois très-regulierement ma cour à M. le Prince d'Orange, qui m'y obligeoit fort par les bons traitemens. J'avois un cuifinier de grande réputation, M. le Prince d'Orange & Mef fieurs les Ambaffadeurs m'ayant dit, qu'ils voudroient bien l'éprouver, nous convinmes que je leur donnerois à dîner à la mai fon de campagne d'un de mes amis, & qu'en y entrant chacun feroit dépouillé de fon caractere & de fa qualité, ce qui fut fort bien obfervé. Je leur fis prépa rer un grand dîné auquel j'invi tai auffi M. le Comte de Montbas & quatre ou cinq perfonnes de la Haye. Quand il fur queftion de fe mettre à table je pris par la main la Marquise de Meflin fille de Dom Eftevan de Gamara Ambaffadeur d'Espagne & la fis affeoir auprès de moi à la premiere place, chacun prit la

fienne fans fonger à aucune cérémonie. M. d'Eftrade in'avoit mené chez M. de With, qui pour lors gouvernoitla Hollande,mais comme j'avois été un peu gâté du traitement que j'avois reçû à Londres & à Bruxelles, il ne fut pas trop fatisfait de ma vifite, de forte que je me contentai de l'avoir vu cette fois feulement, mais je recevois beaucoup d'honnêteté de tous les gens de qualité Hollandois; cela ne m'empêchoit pas de retourner toujours à Bruxelles. M. le Marquis de Caftel Rodrigues me recevoit fi bien & avoit de fi fréquentes & longues conferences avec moi, pendant qu'il avoit bien de la peine à en donner aux autres, que M. de Bournonville qui avoit beaucoup d'efprit, & un peu rail leur me dit un jour, me voyant fortir d'avec lui:Vous venez donc de donner audience au Marquis,

ce qui fit fort rire Meffieurs les Duc d'Arfcot & le Prince d'Aremberg fes freres, qui étoient avec lui.

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Monfieur de Caftel Rodrigues m'ayant un foir entretenu pendant plus de deux heures & demi, m'avoit fait le plus beau projet du monde fur plufieurs matieres, dont il traitoit. Il avoit une grande facilité à parler & raisonnoit très-jufte. Comme j'étois fort las de m'être né pendant tout ce temps-là avec lui dans une galerie, je le quitai, en lui difant:Si vous pouvez Monfieur,trouver un homme qui exe cute comme vous penfez, vous ferez affurément les deux plus. grands perfonnages qu'il y ait au monde; il parloit bien & beaucoup, mais faifoit peu. Il me propofoit fouvent de m'attacher au Roy fon Maître, je répondois que je lui ferois toujours fort fi

dele, tant que je demeurerois à Bruxelles, mais que j'efperois de retourner un jour dans ma patrie.

En ce temps-là M. le Marquis de Caftel Rodrigues entreprit de faire bâtir Charleroy, luf étant venu des fommes confide rables d'argent, & m'ayant parlé de fon idée, je lui reprefentai, que je doutois fort qu'il eût le temps de l'achever & que peutêtre vaudroit-il mieux distri buer une partie de cet argent à fes Troupes, qui étoient dans la plus grande defolation du mon de, ne vivant pour ainfi dire que d'aumônes. Les foldats al

loient par petites bandes deman dant la charité à ceux qui paffoient dans les grands chemins & les Abbayes des environs, où ils étoient, en nourriffoient une bonne partie. Tout ce que je lui avois dit n'empêcha pas qu'il ne

me menât avec lui à Charleroy, quand il y alla en grande céré monie mettre la premiere pierre.

Au commencement de l'année 1666, je fis un voyage à Paris où j'eus l'honneur de voir M. le Prince, & j'y appris qu'on y par loit fort de guerre, du moins pour l'année prochaine.

Bien-tôt après étant retour. né à Bruxelles, j'y reçus une Lettre de M. Courtin, qui me marquoit le jour qu'il devoit paffer à deux lieues de Bruxel les, pour le trouver de la part du Roy à l'Affemblée qui fe devoit faire à Breda, où il me donna un rendez-vous pour le voir. En ayant parlé à M. de Caftel Rodrigues, je lui deman dai fi je pouvois l'inviter à venir loger chez moi, ce qu'il m'ac corda; & ayant envoyé aude, vant de M. Courtin, il vint me trouver droit à Bruxelles. M.

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