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pelune ne valoit rien du-tout; que la Citadelle qu'on y avoir faite & la feule Fortereffe que j'euffe trouvé, étoit bâtie fur le modele de celle d'Anvers que de Pampelune à Saint Jean Pied de Porc, il y avoit encore deux lieues de plaine; que hors cela c'étoient des montagnes & des chemins fort difficiles. Il m'affura depuis qu'on y avoit travaillé & qu'on les avoit rendus affez pratiquables.

Pendant qu'on étoit dans le fort de la guerre je propofar à M. de Louvois, comme le plus für moyen de faire la paix, que le Roy donnát à M. le Prin ce une armée de dix-huit mille hommes de pied & fix mille chevaux, pour aller faire le fie ge de Pampelune; qu'auffi-tôr que cette Ville feroit prife & qu'on fe feroit emparé de Calahora, qui étoit une Ville fans.

fortifications, on fe trouveroit dans le cœur de l'Espagne & én état d'en pouvoir faire contribuer une bonne partie; & qu'avec trois ou 4000 chevauxi on pourroit aller jufqu'à Madrid, n'y ayant pour lors dans toute l'Espagne que deux ou. trois mille hommes fur pied, encore étoient-ils dans la Catalogne: mais que fi on pouvoir obliger le Roy de Portugal à faire la moindre démonftration de guerre fur ses frontié res, les Efpagnols feroient obligez d'y envoyer le peu de trou pes qu'ils avoient; & qu'ainfi il n'y en auroit point pour s'op-. poser à M. le Prince, puifqu'ils fe trouveroient à cent cinquanre lieues des entreprises qu'il pourroit faire. Après l'avoir examiné fur une carte, il ne me propofa aucune difficulté, me louant même de ce que dans

tous les endroits que j'avois par couru, j'y avois porté une gran de curiofité de m'inftruire; mais après cela il laiffa tomber la pro pofition & me parla d'autre cho fe. Je n'ai jamais pû pénétrer ce qui l'avoit empêché d'y entrer, je m'apperçus néanmoins qu'el le lui avoit parut fort jufte. Je foupçonnai que peut-être ne feroit-il pas bien-aife que la paix fe fit par les progrez que M. le Prince pourroit faire en Espa

gne.

M. le Prince & M. le Duc me reçurent à mon retour d'Efpagne avec beaucoup de témoi gnages de bonté & de fatisfa-ction, de la conduite & du bon fuccès que j'avois eu dans leurs. affaires, qui étoit beaucoup au delà de leurs efperances. Ils fouhaitérent que j'allaffe à Bruxelles, pour voir ce que je pourrois faire avec M. de Monterey qui

en étoit Gouverneur & qui m'a voit temoigné une amitié toute particuliere dans le temps que j'étois ence pays-là. M. de Lion. ne fut fort aife de me voir & de me faire difcourir fur les affaires d'Espagne, fur tout ce que j'a vois voulu faire pour M. le Duc d'Anjou en cas que le Roy d'Ef pagne fût mort, & fur la bonne intelligence que j'avois gardée avec M. l'Ambaffadeur du Roy. M. le Tellier m'en parla auffit louant fort mon żéle. M. Col. bert, après m'avoir retenu plus d'une heure & demie, me témoi gna pareillement être bien content de maconduitte à Madrid ;= il me fit encore plus de qu'eftions. que tous les autres: il convenoit n'avoir connu l'Espagne que par la rélation que je lui en faifois. Auffi avois-je pris grand foin de leur faire voir ce pays-là fans aucunes reffources pour les affai

res generales, & que je n'avois connû fur les lieux perfonne capable de travailler à les rétablir, encore moins la Junte en general, plus propre par fa di vifion à gâter les affaires qu'à les racommoder::

Après m'être un peu fait ren dre compte de la recette & de la dépense qui avoient été faites par les Tréforiers de M. le Prince, je me difpofai pour al ler à Bruxelles, où je trouvai M. le Comte de Monterey rempli d'honnêtetez à mon égard, mais peu difpofé à vouloir exécuter ce qu'on m'avoit promis à Ma drid. H me dit qu'on lui avoit mandé de ce pays-là de ne rien ftatuer fans nouveaux ordres, furtout depuis qu'on avoit ap-. pris que le Roy étoit armé & avoit commencé une affaire. pour le fiége de Marfal, que L'on parloit fort de l'ambition

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