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des Suiffes avec ce que l'on pourroit lever de François comme le propofoit M. de Louvois. Il fut queftion en ce moment de ce que je prétendois avoir découvert, que toute la Cavallerie d'Hollande n'étoit compofée que de Bourgeois de chaque Ville, qui achetoient les Places quand les Officiers avoient permiffion de changer de Garnison, & de la maniere que les Officiers d'Infanterie étoient établis par faveur, comme je l'ai dit ailleurs. M. Colbert n'étoit point encore à Dun kerque, parcequ'il avoit fair quelque voyage du côté de là Rochelle & qu'il étoit tombé malade par les chemins, à fon arrivée M. de Roze qui m'avoit vu dans quelque mouvement & entendu dire du bien de moi à M. de Lionne, avec qui il étoit familier, fe propofa

pour me faire tout le mal qu'il pourroit, de dire à M. Colbert que fur le bruit de fa maladie on avoit fongé à me faire avoir fa place, & que M. le Tellier & M. de Louvois y feroient entrez s'il en avoit été befoin, il dit en même temps à Monfieur de Louvois, que M. le Marquis de Sillery & moi faisions une liaison étroite de M. le Prince & de M. de Turenne, pour qu'ils fuffent d'un même avis dans les Confeils où il fe parloit des affaires de la guerre, ce que M. de Louvois auroit fort craint. Cette méchante volonté de M. de Roze contre moi, venoit de ce que M. le Prince vouloit faire des routes dans les forêts de Chantilly & étant néceffaire de traverser un petit bois, fitué au bout de la forêt, lequel appartenoit à M. de Rofe & faifoit partie defa Terre de Coys, je fus char

gé de l'engager à vendre à M. le Prince l'efpace que tiendroit cette route dans fes bois & de lui payer deux fois plus qu'elle ne feroit eftimée. Il me pria de me fervir de l'envie que M. le Prince avoit de s'agrandir dans ce bois pour lui faire acheter fa Terre, qui d'ailleurs étoit encore à fa bienséance, difoit-il, mais il la vouloit vendre deux fois plus qu'elle ne lui avoit coûté, difant que Son Alteffe ne pouvoit trop l'acheter, tant elle lui convenoit & lui étoit néceffaire. M. le Prince voulant faire fa route & ne pas acheter fa Terre fi cher me permit de lui proposer trois fois la valeur de la Terre qu'on employeroit pour la route, ou le double de ce que valoit fon petit bois après l'avoir fait estimer: mais comme tout cela ne venoit pas à la fin qu'il s'étoit propofé, il

refufa tous les offres, en difant qu'il fçavoit bien le refpect qu'il devoit à Monfieur le Prince mais qu'en Francce chacun étoit maître de fon bien, pour en difposer à fa fantaisie; M. le Prince s'étoit contenté de faire fuivre fa route jufqu'aux deux bouts du bois de M. Rofe, dont il fut au defefpoir. Il parla même de M.le Prince beaucoup plus librement qu'il n'auroit du, cela fit un démêlé qui a duré plus de tren te ans & enfin jufqu'à fa mort, qui donna occafion à M. le Prince d'acheter cette Terre de fes héritiers, de gré à gré, pour fa jufte valeur. Pendant un affez long-temps cela donna lieu à des plaifanteries fur le compte de M. Rofe, qui le fâchoient fort. Un jour que les Gardes de M. le Prince avoient pris à un homme de M. Rofe des Failans qu'on lui apportoit de fa Ter

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re, ce qui arrivoit affez fouvent, M. de Louvois l'ayant fçû lui dit à la premiere vûe, M. Rofe, eft-il vrai que le convoi de Coys a été battu, celui-ci fe mit dans une grande colere & fe plaignit fort du peu de justice que le Roy lui faifoit fur tout ce qui fe paffoit entre M.lePrince & lui. Il avoit tourné toute fa fureur contre moi & n'avoit pas mal pris fon temps pour se venger.

Bientôt après M. de Louvois voulut bien me mettre dans fa confidence, & fi je l'ofe dire dans fon amitié autant qu'il en étoit capable, ce qui alla même plus loin que M. le Tellier ne le fouhaitoit, & donna lieu à M. de Louvois de s'éclaircir avec moi fur ce qu'on lui avoit dit, dont il ne voyoit aucunne apparence de verité, je le priai de me nommer son auteur, parceque aparemment je connoîtrois d'où

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