페이지 이미지
PDF
ePub

qu'il leur étoit dû pour des levées & des quartiers d'hiver, dans la vûe m'a-t-il dit depuis de les conferver, en cas que M. le Prince fe fût trouvé dans une autre guèrre. Toutes ces obligations fe trouvoient dattées de trois ou quatre jours avant l'amniftie de Bordeaux, M. le Prince de Conty ayant un Secretaire qui les arrêtoit par ordre de M. Lainé, moyennant à ce que j'ai oui dire, quelques petits prefens. Il y en avoit une de quatre-vingt-dix mille livres à M. Baltazard, qui avoit fait condamner M. le Prince aux Requêtes de l'Hôtel au payement de cette fomme; mais ayant remarqué que la procuration de M. le Prince au fieur Lainé n'étoit que pour l'acquifition de Brouage, j'appellai de cette Sen rence au Parlement, où je la fis caffer, après cela j'envoyai M.

de la Motte à Bordeaux pour faire des Memoires de tour ce qui étoit dû en cette Ville defdites obligations, entre autres un Memoire des fournitures qui avoient été faites pour la Maifon de Monfieur le Prince, furtout en vivres, ou marchandifes, pour pouvoir convenir avec les Créanciers des temps du payement, dont je fis donner un peu d'argent comptant à chacun. Je demandai auffi un autre Memoire de toutes les obligations faites par M. Lainé, fpecifiant la nature de chaque dette, parcequ'il pouvoit y en avoir de plus privilegiées les unes que les autres, & je puis dire que c'est cette affaire qui m'a donné le plus de peine, mais enfin j'en vins à bout avec le tems, en faisant des accommodemens avec la plûpart, felon le merite de leurs prétentions.

En ce temps-là M. le Prince me fit l'honneur de me dire, qu'il n'auroit pû s'imaginer que j'euffe mis fi bon ordre dans fes affaires, & qu'il m'avouoit que quand j'avois entrepris de les arranger au commencement, il avoit été fur le point de perdre la bonne opinion qu'il avoit de moi, trouvant qu'il y avoit trop de temerité à mon entreprise. Maisilaccompagnoit ce difcours de tant de témoignages de bonté pour moi, que cela me dédommageoit bien de toutes mes peines.

M.le Duc m'ayant vû agir quel que temps dans les affaires de M. le Prince & voyant qu'elles prenoient un bon chemin, me chargea auffi des fiennes, & je fus affez heureux d'augmenter les feules revenus du Clermontois, dont il jouiffoit, de plus de quatre-vingt mille livres. Mon

fieur d'Autun qui vouloit toujours être regardé comme celui qui avoit le plus de credit fur l'efprit de M. le Prince, ne crut rien de plus propre à diminuer la confiance qu'il avoit en moi, que d'infinuer à Leurs Alteffes & même leur faire revenir par d'autres perfonnes, qu'on difoit dans le monde que je les gouvernois abfolument, M. le Prince eut la bonté de répondre, qu'il trouvoit en ce cas que je le gouvernois fort bien, fentant avec plaifir la difference de l'état prefent de fes affaires, à celui dans lequel il les avoit vû ci-devant. M. le Prince & M. le Duc connoîtront bien M. I'Evêque d'Autun & fes allées, ils faifoit même quelquefois des plaifanteries fur ce fujet,mais cela ne le rebutoit point. Je ne vendis ma Charge de Secretaire du Confeil, que quatre cent cinquante

quante mille livres, qui m'avoit coûté un million du premier achat, cinq cent mille livres que M. Fouquet avoit emprun té de chacun de nous & affigné fur une affaire des quatriennaux, dont Meffieurs de Bechamel furent entierement rembourfez, cette fomme m'eft demeurée en pure perte. M. le Prince après m'avoir chargé de fes affaires me dit, qu'il voudroit bien que je lui fiffe un fonds particulier de vingt-cinq mille livres tous les ans pour continuer le canal qu'il avoit commencé à Chantilly, qui fervoit beaucoup à l'amufer: mais à mon retour d'Espa. gne je trouvai que cette dépênfe avoit été à plus de trente-fix mille livres, & il me dit que l'année fuivante il voudroit bien y dépenser quarante mille liv. par chaque année, ce qui fut bien augmenté dans la fuite.

Tom. 11.

N

« 이전계속 »