ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

Castel Rodrigues ayant fçû qu'il étoit arrivé, m'envoya cent bou teilles de toutes fortes de vins fort exquis, & me fit dire que c'étoit pour m'aider à bien traiter mes hôtes. M'étant bien confirmé que nous ne ferions pas longtemps fans avoir la guerre, je priai bien-tôt après M. le Marquis de Caftel Rodrigues de trouver bon que je m'en álláffe à l'Affemblée de Breda; l'ayant agréé, je m'y rendis & y reftai pendant tout le temps que l'Af femblée dura.

M. Courtin avoit toujours de la joye & l'infpiroit aux autres, il me paroiffoit que dans l'Affemblée où l'on traitoit la Paix, il étoit l'ame de toutes les deliberations qui fe prenoient, étant regardé comme un homme de très-bon efprit & de longue experience. Il avoit amené avec lui M. Pelletier de Souzy, qui

[ocr errors]

s'eft fait connoître pour avoir beaucoup d'efprit & des talents extraordinaires,lequel ayant été connu du Roy, fut honoré de puis par Sa Majesté de deux beaux Emplois. Il avoit auffi amenë M. l'Abbé de Villiers, qui étoit ce qu'on appelle un bon compere. M, le Comte de Guyche, & M. de faint Evremont s'y rendirent, on ne fongeoit qu'à Le divertir.

Le fujet de l'affemblée étoit pour faire la Paix entre l'Angleterre& la Hollande, quinonfeu lement fe faifoient la guerre, mais encore avec une très-grande aigreur de part & d'autre. Le jeune de With commandant la flotte des Etats avoit été jusqu'à Chatam, où il avoit brûlé une bonne partie de celle d'Angleterre. Tous les jours c'étoient grands repas chez les Ambafla deurs, M.le Marquis d'Hauteri

la

ve Gouverneur de Breda, qui étoit fort de mes amis, tenoit auffi une bonne table.MilordOlis Chef de l'Ambaffade d'Angleterre me fit beaucoup d'amitié de part du Roy fon Maître Char les II. & me parloit beaucoup de tout ce qui fe paffoit. Lorfque la Paix fut fur le point de fe faire, nos entretiens rouloient principalement fur ce que le Roy d'Angleterre pourroit faire pour fe venger de M. de With penfionnaire, & le détacher d'avec la Cour de France, d'où il tiroit La principale confideration. Il me dit, qu'il convenoit de ce principe, mais que la difficulté étoit de fçavoir par où y parvenir, je lui demandai s'il croyoit que le Roy d'Angleterre fut bien capable de diffimulation & de garder entre Sa Majefté feule & lui Milord Olis un grand fecret avec tout le reste. Il me dit qu'il

croyoit le Roy fon Maître capa ble de tout, s'il pouvoit trouver le moyen d'abaiffer l'orgueil de M. de With. Je lui repliquai que cela étant ainfi, il falloit, après la Paix faite, feindre par beaucoup de démonftrations de vouloir oublier tout ce qui s'étoit paffé entre lui & M. de With & lier une étroite amitié pour l'interêt des deux Nations, furtout lui donner des louanges en quantité, en lui difant, que le Roy d'Angleterre le prioit de lui donner fes avis dans les occafions fans attendre qu'il les lui deman dât, fonder cette grande liaifon fur la puiffance de la France & l'ambition démefurée de fon Roy. Qu'enfin file Roy d'Angleterre cachoit bien fes vrais fentimens, après avoir fait fentir à M. de With une confiance fondée fur les raifons que je viens de dire, cela conduiroit

infailliblement M. de With fa perte. Que j'étois fort perfuadé, que la grande preference que ce dernier avoit dans le confeil de France, étoit fondée principalement fur l'opinion dans la quelle il étoit d'être irreconciliable avec le Roy d'Angleterre, mais qu'aflurement, fi ce que je propofois étoit bien conduit, M. de With ne feroit pas long-tems fans croire qu'il pourroit bien n'être plus dans une fi grande dé pendance du Confeil de France. Que dès les premieres démarches qu'il feroit dans cette vûe, le Roy de France & fon Confeil le trouveroient bien mauvais que fans vouloir penetrer plus loin dans l'avenir, je me flatois que le Roy d'Angleterre feroit content de l'avis que je prenois la liberté de lui donner, parceque s'il étoit fatisfait de la difpofition où cela mettroit les chofes,

il

« ÀÌÀü°è¼Ó »