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faire un tour en Angleterre. Je crus m'être apperçû que les Anglois trouvoient que nous avancions bien nos affaires en Hollande, & que cela leur don neroit de la jaloufie; en nous faifant des queftions l'un à l'au tre, je lui dis, qu'il me fembloit que le Roy d'Angleterre avoit autant d'efprit qu'on en pou voit avoir; mais que je ne fçavois pas bien fa portée fur les affaires, il me dit, que quand on lui en proposoit quelqu'une, il voyoit tout d'un coup ce qu'il y avoit à faire & appuyoit fon

avis de très bonnes & folides raifons, mais que quand on lui faifoit quelques difficultez il ne fe donnoit pas la peine de les approfondir, & fouvent quand on lui en parloit une feconde fois, aifément il fe laissoit aller à l'avis d'autrui.

Ayant pris mon chemin pour

Tom. II.

me rendre à Bouter, où deɣoit être le Roy, je me trouvai tout proche des troupes qui escortoient Sa Majesté. Je montai vitement à cheval, M. l'Archevêque de Rheims qui me reconnut, me dit, que c'étoit le Roy qui s'en retournoit à Paris ; Sa Majefté ayant entendu mon nom tourna la tête & s'arrêta un moment jufqu'à ce que je l'euffe joint: Elle me demanda fi javois paffé à Bruxelles, je lui repondis que les gens qui étoient en mauvais état, n'aimoient point à être vûes de près, & j'eu l'honneur de lui dire la réponse de M. de Marfin; mais que je n'en fçavois pas moins la trifte fituation où étoient les pays bas, qu'en ne laiffant que fort peu de troupes dans les places, ils n'avoient pû mettre que fix mille hommes en campagne. Le Roy ayant ceffé de me faire des que

ftions, je repris mon chemin pour aller à Boutel, où je trouvai M. de Turenne en arrivant à Arnheim auprés de Monfieur le Prince, j'appris que fa bleffure étoit en affez bon état, ce qui me donna beaucoup de joye, jë n'en eus pas moins à lui entendre dire que je lui avois fait plaisir d'entreprendre ce voyage. Trois ou quatre jours après on vine m'avertir que M. le Comte de Montbas demandoit à me voir j'en fus fort furpris, parcequ'on m'avoit dit qu'il avoit été arrêté prifonnier en Hollande. Il me conta comment il s'étoit fauvé, ayant appris que M. le Prince d'Orange vouloit lui faire faire fon procès; M. le Prince en ayant rendu compte à Cour, on lui manda qu'il pourroit demeu rer en France tant qu'il voudroit.

Son Alteffe passant à Louvain

j'y trouvai M.de Marfin qui avoit toujours été fort de mes amis, j'eus avec lui de grandes conferences, dans lesquelles il me témoigna qu'il n'étoit pas content, je lui dis que les Efpagnols étoient d'étranges gens & que je fçavois la peine qu'il avoit eu avec le Marquis de Caftel Rodrigues, il eft vrai que celui-ci ne le faifoit de fes appas payer de fes pointemens. Il lui parla un jour un peu fortement à ce fujer & M. de Caftel Rodrigues lui ayant dit qu'il fçavoit bien qu'on avoit de la peine à trouver de l'argent pour payer les foldats, M. de Marfin fut très mécontent de cette réponse, ils en vinrent au groffes paroles & fe feparerent engens brouillez. Auffi-tôt cedernier me vint voir & me conta ce

qui venoit de fe paffer, je lui dis bonnement, qu'il me paroiffoit, avoir été un peu brufque, qu'ils

avoient tous deux tort & que je croyois qu'il étoit bon qu'on ne fcût point ce qui leur étoit arrivé, il me dit de faire ce que je voudrois fur cela & qu'il s'en raportoit entierement à moi, j'allai à l'inftant trouver M. le Marquis de Caftel Rodrigues, je commençai par lui dire, que M. de Marfin m'ayant raconté ce qui s'étoit paffé entr'eux, je l'a vois prié inftamment de n'en parler à perfonne, & que je ve nois lui faire la même priere, que M. de Marfin étoit bien fâ ché & m'avoit chargé de lui fai re des excufes s'il lui avoit parlé auec un peu de chaleur, que c'étoit la neceffité dans laquelle il étoit qui avoit pû l'échauffer, je trouvai M. Caftel Rodrigues perfuadé qu'il étoit bon que perfonne ne fçût leur demêlé & comme je connoiffois bien les befoins de M. de Marfin, je le priai de lui

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