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ment qu'elle s'étoit faite; elle avoit inventé pour les promenades du Parc, qu'elle faifoit fouvent avec quelqu'uns de fes amis une chofe qui réuffit affez bien, qui étoit pour prendre mieux l'air: elle faifoit abattre les vitres de devant du Carroffe & allonger les guides des Chevaux, enforte qu'elles paffoient fur le Carroffe, & que le Cocher les gardoit étant derriere. Je dis à quelqu'un que je trouvois fon féjour bien long à Saint Maur & elle m'en fit des roproches, prétendant que cela ne pouvoit que m'être commode, puifque quand je voudrois y venir je fe rois affuré d'y trouver Compagnie; enfin pour pouvoir jouir de Saint Maur, je fûs obligé de faire un traité par écrit avec M. le Prince, par lequel il m'en donnoit la jouiffance ma vie du rant avec douze mille livres de

rente, à condition que j'y employerois jufqu'à deux cent quarante mille livres, entr'autres pour achever un côté du Châreau, où il y avoit feulement des murailles élevéesjufqu'au fecond étage; le devant de la maison étoit une carriere d'où l'on avoit tiré beaucoup de pierres, & l'on defcendoit en Carroffe pour aller jufqu'à la prairie. En trois ou quatre années je mis Saint Maur en l'état où il eft prefentement, à l'exception que M. le Prince depuis que je l'ai remis, a fait agrandir le parterre du côte de la plaine. J'avois fait bâtir un grand Moulin exprès pour élever des eaux qui m'en donnoient perpetuellement cinquante pouces, & qui tombant dans un réfervoir du côté de la Capitainerie, faifoient aller quatre fontaines de ce côté-là, & deux dans le parterre du côté de la

Riviere. Il y avoit devant la face du Logis une fontaine qui venoit du grand réservoir pour en faire aller une autre au milieu du pré en bas, laquelle est environnée d'arbres & jette fi haut & fi gros, qu'on n'en avoit point encore vû de plus belle: mais M. le Prince tombant dans l'inconvenient de tous ceux qui veulent accomoder les maisons, a fait une dépenfe de quatre cens mille livres au lieu de deux cens quarante, à quoi je m'étois obligé. Pour revenir à Madame de la Fayette, elle s'aperçut bien qu'il n'y avoit pas moyen de conferver plus long-temps fa conquête mais elle ne me l'a jamais pardonné, & ne manqua pas de m'en faire une espece de crime auprès de M. de la Rochefoucault; mais comme elle avoit des raifons pour ne pas paroître en mauvaise intelligen

ce avec moi, elle m'engageoit d'aller paffer prefque toutes les foirées chez elle avec M. de la Rochefoucault, & ayant trouvé dans la fuite une occafion oùelle crut pouvoir me faire quelque dépit, elle n'oublia rien pour y parvenir.

M. de Langlade qui avoit été connu de M. Fouquet avant moi & qui veritablement m'avoit procuré le plaifir de lui faire ma premiere reverence, avoit de l'efprit, mais encore plus de préfomption & d'envie, quoique je lui euffe fait faire de bonnes affaires pour plus de cinquante mille écus, il penfoit que je lui en devois toujours beaucoup de refte & qu'il étoit la caufe de toute ma fortune, enforte que tant qu'il a vécu, il a toujours confervé une jaloufie extraordinaire contre moi. Ilm'avoit propofé d'époufer fa fœur, & de

bonne foi j'avois deffein de l'obliger, en allant à Guyenne j'avois paffé en Perigord chez fon pere qui demeuroit dans le Château de Limeul appartenant à M. de Bouillon, mais comme le Château étoit ruiné, la Demoi felle logeoit dans un endroit qui avoit fervi autrefois d'office, on me la fit voir dans fon lit, parée autant qu'on l'avoit pû, mais entr'autres chofes, elle avoit deux pendans d'oreille de crin rouge prefqu'auffi gros que le poing qui ne faifoient pas trop bon effet fur fon vifage qui étoit pale & fort brun, ce fpectacle me fit voir que je m'étois engagé un peu légérement de l'époufer, mais auffi me fit il refoudre à chercher les moyens de m'en difpenfer, & pour ne pas trop choquer mon ami, je pris le parti de dire à M. de Langlade à mon retour, que ne me fentant

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