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avoit répondu avec tant de bonté à ce que je lui avois demandé, qu'il me paroiffoit que cela ne lui avoit pas deplû & me donnoit la liberté de lui dire, qu'il me fembloit qu'il s'étoit fort hazardé de s'être mis proche de Valenciennes à portée de donner une bataille au Roy, qui avoit une armée plus forte que la fienne & beaucoup plus aguerrie, & que fi je l'ofois dire il avoit encore beaucoup hazardé à la bataille de Montcaffel. Il me répondit avec beaucoup de douceur, que tout cela pouvoit être comme je lui difois, mais que je confideraffe auffi que n'ayant point d'experience, ni perfonne avec qui il pût apprendre l'Art de la guerre, il avoit pensé qu'en rifquant quelques batailles au hazard de les perdre, il pouvoit se rendre capable d'en gagner d'autres, qu'il avoit fouvent fou

haité de donner une partie de fon bien pour pouvoir fervir quelques campagnes fous M. le Prince. Je lui dis enfuite que le bruit avoit fort couru à Paris, que S. A. avoit la paix dans fa poche, quand elle avoit attaqué le pofte de faint Denis, il me ré pondit, qu'elle ne l'avoit reçûe que le lendemain; qu'à la ve rité elle fçavoit qu'elle étoit fai te, mais qu'elle avoit crû que ce pouvoit être une raifon pour que M. de Luxembourg ne fût plus furfes gardes, mais qu'au moins il prendroit une leçon, qui pourroit lui fervir une autre fois, & qu'il avoit confideré que s'il perdoit quelque monde cela ne feroit d'aucune consequence, puifqu'auffi bien il falloit en réformer.

M. Dodick que j'avois autrefois connû à la Haye & beaucoup pratiqué à Paris dans l'Am

,

baffade qu'il y avoit faite après la paix de Nimegue avec Monfieur Dykfveldt, tous deux créatures de M. le Prince d'Orange, me dit, qu'ayant appris que je devois paffer à la Haye, il avoit avancé fon départ pour Zelande & précipité sa marche pour m'y fa trouver, il me pria de vouloir bien féjourner le lendemain afin qu'il pût me donner à dîner avec S.A. qu'il aimoit mieux me prêter des relais pour me faire regagner le jour que j'aurois perdu par complaifance pour lui, je répondis en riant qu'il fçavoit bien que je le connoiffois affez, pour croire qu'il avoit plus de facilité à promettre qu'à tenir. M. le Prince d'Orange répondit, que non feulementilétoit fa caution,mais qu'il promettoit d'ordonner qu'on me fit mener deux relais de carpour faire diligence le len

roffe

demain, M. Dodick donna un grand dîner à S. A. & à dix ou douze autres personnes, dont je fus du nombre. Ce Prince me fit encore l'honneur de me faire affeoir auprès de lui & après dîné on me propofa un jeu qui dura long-temps, M. le Prince d'Orange me dit encore, que je me préparaffe à lui donner fouvent à manger avec Meffieurs les Princes de Brunswick au retour de la chaffe & qu'il me donneroit & à ceux qui feroient avec moi autant de chevaux que je voudrois pour courir, j'avoue que je fus fi touché de ses manieres & de toutes les bonnes qualitez que j'avois trouvé en lui, que je ne pouvois pas m'empêcher d'en dire beaucoup de bien au Roy & aux Ministres je pense que M. de Louvois & M. de Croiffy ne m'en crurent pas tout-à-fait, eftimant que

le bon traitement que j'en avois reçû avoit contribué à me faire groffir les objets. M. de Louvois m'en ayant parlé depuis dans le même efprit, je lui dis que je fouhaitois qu'il ne s'apperçût pas trop tard que j'avois expofé la verité.

Enfuite je me rendis auprès de M. le Duc d'Hanovre, qui fe trouva fur ma route avant d'aller à Zell. Il voulut me loger dans fa maison & trois jours après étant à Zell j'allai mettre pied à terre chez M. le Marquis d'Aurée, qui étoit Envoyé de S. M. & qui m'avoit fait prépa rer un appartement. M. le Duc de Zell l'ayant appris envoya fon principal Miniftre & un carroffe,priant M. d'Aurée de trouver bon que je vinffe loger dans fon château, il me reçut de même que Madame la Ducheffe de Zell avec beaucoup de témoi

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