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à M. Colbert, s'il trouvoit bon & à propos que je priaffe M. le Prince de donner un placet au Roy, ponr

, ponr obtenir un Arrêt & des Lettres Patentes qui me miffent en fûreté à l'avenir; il me répondit qu'il me le confeilloit & que je devois même l'avoir fait plutôt. M. le Prince le prefenta au Roy qui le remit à M. Colbert, lequel me dit, que je pouvois faire dreffer l'Arrêt comme je le jugerois à propos: Sa Majesté ayant trouvé bon de me le faire expedier, je donnai toute mon application à le dreffer,je le portai à Fontaine-bleau à M. Colbert, qui affecta de le lire tout du long au Roy dans fon Confeil de Finances;M.Poncet qui en étoit, après que Roy l'eut accordé, dit qu'il croyoit que je n'y avois rien oublié, auffitôt que M. Colbert me l'eut délivré il s'en alla à Paris,

le

où il fut quelque temps malade & y mourut.

M. de Louvois me demanda fije ne penfois pas à prendre des mefures pour me faire Controlleur General, je lui dis qu'il pouvoit bien croire que non, puifque je ne le priois pas de m'y rendre fervice; cela n'empêcha pas que le jour que Sa Majesté avoit déterminé pour en nommer un, il ne me propofat, le Roy avoit mis en déliberation de me mettre en cette place, ou bien M.de Harlay Procureur General, & M. le Tellier avoit nommé M. Pelletier. Il étoit donc question que Sa Majefté fît un choix parmi nous trois, M. le Tellier opina en difant, qu'il ne connoiffoit point M. le Procureur General, parcequ'il ne fe montroit pas, & qu'il convenoit que j'avois de l'efprit & entendois bien les finances, fur ce difcours le Roy

dit qu'il en falloit demeurer là, ce qui ayant été entendû par M. le Duc de Crequi qui avoit grande attention pour sçavoir ce qui fe paffoir & qui écoutoit à la porte, il courut vîtement pour en faire un fecret à M. le Prince, auffi-tôt il descendit dans lá Cour & m'y ayant trouvé, me tira à part,pour me dire que j'étois Controlleur General des Finances, qu'il l'avoit entendû de fes oreilles, & qu'il me prioit de faire quelques plaifirs à Bartel qui étoit de fes amis, je le remer ciai & me mis auffi-tôt dans ma chaise pour m'en aller en mon logis. Je balançai quelque temps en moi même pour fçavoir comment je devois regarder cela, j'étois flaté d'un côté, mais de l'autre je trouvois qu'à mon âge c'étoitungrand poids,&qu'ayant bien des amis la plupart crieroient bientôt, qu'ils auroient

fujet de fe plaindre de moi, fi je ne faifois pas ce qu'ils pourroient fouhaiter, que d'ailleurs j'avois une nombreuse famille, où chacun me donneroit bien des maledictions, fi je ne l'avançois pas felon fon caprice. J'étois encore fort en peine de ce qu'il falloit fouvent lire au Roy en plein Confeil les papiers dont on lui devoit rendre compte & que ne le pouvant bien faire, je ferois obligé de les donner à un autre pour les lire, & par deffus tout celaje confiderois que j'étois fort agreablement avec M. le Prince, que j'avois fuffifamment de bien, non-feulement pour vivre honnorablement, mais encore pour affifter mes parens, felon leur petite condition; que je n'avois plus à craindre fur les affaires paffées, à caufe de l'Arrêt & des Lettres patentes que le Roy venoit d'avoir la bonté de me

donner.Enfin je décidois en moimême que je ferois plus heureux, fi quelqu'autre que moi eût été

nommé. En ce moment on vint tout en courant m'apporter la nouvelle que M. le Pelletier étoit Controlleur General, je puis dire très-fincerement, que je m'en trouvai foulagé. Bien-tôt après je fçûs ce qui s'étoit paflé depuis ce que M. de Crequi avoit entendû, qui étoit, que M. le Tellier après avoir dit fon avis fur M. le Procureur General avoit ajouté au bien qu'il avoit dit de moi, que je m'étois mêlé de beaucoup d'affaires, que j'étois actuellement ataché à Monfieur le Prince & à M. le Duc, & que parlant de M. Pelletier,il avouoit qu'il avoit beaucoup d'efprit,qu'il pouvoit dire que c'étoit comme de la cire molle capable de pren dre telle impreffion, qu'il plairoit à Sa Majefté de lui donner,

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