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& qu'ainfi il pourroit en faire un financier, ce qui détermina le Roy à le nommer. Je ne fus pas long-temps fans m'apercevoir que je m'étois bien trompé dans mon raisonnement, lorfque je croyois avoir affez de bien pour moi & pour en faire part à ma famille, puifque fans l'extrême bonté du Roy & fi j'ose me fervir de ce terme, fans fon opiniatreté à me fauver, j'étois un homme ruiné. M. le Tellier avoit fouffert impatiemment que M. Colbert fe fût pour le moins égalé à lui, ce qui avoit nourri entr'eux une haine implacable. Dès que M. Colbert fut mort, il nefonga qu'à blamer famemoire, parmalheur pour moi il voulut fe fervir de l'Arrêt & des Patentes que M.Colbert avoit donné gratuitement en ma faveur (dont, difoit il, il auroit pû tirer pour le Roy des fommes confidcrables) Tom. II.

X

pour faire fa cour à M. le Prince, & parceque j'étois devenu de fes amis, du moins j'appris qu'il avoit tenû ce langage en quelques occafions, & après l'avoir concerté avec M. le Pelletier, ils firent dire fous main à M. le Préfident de la Chambre des Comptes, d'empêcher la verification des Lettres Patentes que j'avois obtenues, ce qu'il fit, en parlant fecretement au Maître des Comptes, qui en étoit chargé. Je foupçonnai que cette difficulté pouvoit venir de M. Nicolai, parceque M. le Prince prétendoit qu'une petite Capitainerie que ce Préfident s'étoit erige, étoit dépendante de celle de Halotte; mais Je fçûs bien-tôt fous grandes promeffes de n'en point parler, d'où cette empêchement étoit venû, je pris le parti de l'ignorer & neanmoins de faire des inftances pour par

venir à une verification, j'en parlai à M. le Pelletier qui me donnoit des excufes, qui me faifoient. assez connoître la volonté qu'on avoit de traverser mon affaire. Je fuppliai M. le Prince de me mener chez M. le Tellier à Châville pour lui en parler, & le prier de vouloir achever une affairè que Son Alteffe avoit fi fort à cœur & qui étoit si avancée; mais M. le Tellier s'en excufa, difant, qu'il n'entendoit pas les formalitez de la Chambre des Comptes. J'avoue que cette réponse à laquelle j'avois été bien éloigné de m'attendre me démonta fi fort, que je dis impertinemment tout haut à M. le Prince, je crois que Votre Alteffe peut aller prendre fon lait (c'étoit fon repas) puifque M. le Chancelier n'entend pas les formalitez de la Chambre des Comptes,la Compagnie fut embarraf

fée de ma fotife, mais l'affaire en demeura là, M. le Prince avoit la bonté d'en être bien fâché & moi bien davantage, de n'avoir pas porté mes Lettres à la Chambre des Comptes auffi-tôt que je les avois eûes, puisqu'elles auroient été verifiées, parlant de mon affaire à M. de Louvois pour le prier d'en dire quelque chofe à M. le Chancelier & à M. le Pelletier, il me répondit que les difficultez que je rencontrois ne venoient point de mauvaise volonté qu'on eût contre moi, je lui répliquai que fi je n'en étois past la caufe, j'étois bien malheureux, puifque j'en fentois rudement l'effet.

M. de la Buiffier fous le nom duquel j'avois fait le traité de Guyenne en l'année 1661. m'étant venu trouver quelque temps après à Bruxelles me dit, qu'il avoit porté en dépôt chez un Notaire toutes les décharges ne

ceffaires pour retirer les promeffes qu'il avoit mis à l'Epargne, & une fomme de cent treize mille livres qui me devoit revenir mais étant mort bien-tôt après, M. Tabouret fon frere qui avoit été fort riche, & qui ne l'étoit plus s'étant accommodé avec le Notaire qui avoit le dépôt, prit l'argent qui m'étoit destiné, & tous les billets de l'Epargne qui devoient fervir à retirer les promeffes de l'argent : il acheta de M. le Prince de Conty la terre de Venizy, fous le nom M. Chemerault fon gendre, pour joindre à celle de Terny qui lui appartenoit. Il difpofa de tous les billets pour s'acquiter de quelques fommes qu'il devoit à des Particuliers, il les donnoit à fort bon marché, entr'autres il en avoit mis pour cinq ou fix cent mille livres entre les mains de M. Valantinée qui m'a fouvent

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