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offert de me les remettre pour ce que je voudrois, mais je m'étois contenté de faire prendre un extrait fur les regiftres de l'Epargne de tous les billets qui avoient été tirez fur la Guyenne pour l'année 1661, montant à beaucoup plus que les promeffes que M. de la Buiffiere avoit mis à l'Epargne. J'avois joint au memoire une copie du Procès-verbal du fieur Commiffaire Mauchon pour prouver, qu'il avoit enlevé les décharges qui devoient fervirà retirer auffi les promeffes de l'Hermitage pour l'année 1660, & ce fut fur ce fondement que l'Arrêt que j'avois obtenû portoit, que ces promeffes demeureroient nulles; mais j'avoue quoique ce fut une injustice, que c'étoit neanmoins une grande grace & un prétexte à M. Pelletier de le faire valoir pour beaucoup. Lapremiere foisque je fus éclairci

qu'on en avoit le deffein, futà l'occafion d'une quittance de dixhuit mille livres pour des augmentations de gages, dont le Roy avoit ordonné le rembourfement en faveur de M. le Préfident Molé, pour pareille fomme que je lui avois prêté dans une affaire preffante, dont il me fçut tant de gré, qu'il m'en a gardé le fouvenir & m'a fait plaifir en tout ce qui lui a été poffible jufques à aujourd'hui. M. le Pelletier ne jugeant pas à propos de m'en faire le remboursement, après bien du temps je fus contraint d'en parler au Roy & Sa Majesté ayant eû la bonté de lui ordonner de me rembourfer, il representa au Roi que je devois de grandes fommes à Sa Majestė; mais elle ordonna derechef de me faire payer, ce qu'il fit, tout cela n'empêcha pas qu'il ne me donnât un accès fort libre dans

fa maison, il fembloit même que lui faifois plaifir d'aller fouvent dîner avec lui, fon cabinet m'étoit toujours ouvert. J'y allois ordinairement aux heures où il ne donnoit point audience, & fouvent il commençoit par me dire, parlons un peu de nos affaires. J'ai cru avoir remarqué qu'il trouvoit fouvent dans le Grimoire des Finances, de quoi lui faire naître des fcrupules, en effet auffi-tôt que par les liberalitez du Roy & les occafions qui fe prefenterent, il eut établi fa famille, il ne fongea plus qu'à mettre M. de Pontchartrain en fa place. Quand on lui avoit propofe quelques avis, il me deman doit volontiers mon fentiment; mais en ce temps-là, il ne s'en prefentoit pas comme il arriva quelque temps après fous M. de Pontchartrain.

Je ne sçai par quel hazard on

trouva un état des reftes de la Guyenne fait par M. Pelot pour de groffes fommes que M. le Pelletier jugea devoir être dûes par M. Bouin, qui étoit déja rudement attaqué fur d'autres affaires, ce qui alla jufqu'à l'obliger de vendre fa Charge de Maître des Chambres aux deniers, dont on fit porter le prix au Tréfor Royale. Celui-ci quoiqu'il eût toujours gardé beaucoup de mefures avec moi, (je lui avois pour ainfi-dire mis les armes à la main lui ayant donné, à la priere de M. de Bechamel, un Controlle en Guyenne de deux cent écus d'appointement, d'où il é toit parvenu par fon fçavoir faire à une très- grande fortune après ma difgrace, fans s'être mêlé que des affaires de cette Province,) Ce M. Bouin, dis-je fe trouvant fort furchargé crut devoir tâcher de se soulager à

mes dépens, cela nous jetta dans un grand Procès. Enfin M. le Pelletier ayant été extremement prié par M. le Marquis de Châteauneuf,de proteger M. Bouin, qui defiroit être dans fon alliance, parla dans la fuite d'une façon qui augmentoit mes chagrins & mes peines de beaucoup; mais la bonté que le Roy eut pour moi étoit fi grande, malgré le raport qui fut fait de cette affaire, par lequel ont lui faifoit entendre, que je devois être tenû d'une partie de l'état en queftion, à la décharge de M. Bouin, que Sa Majeste ne laissa pas d'ordonner que l'on déchargeât M.Bouin des fommesqu'on croyoit être dûes par moi, ce qui fut fait. Pendant tout ce temps-là, je n'avois pas moins l'accès libre chez M. Pelletier, & je paroiffois auffi bien traité de lui qu'on le pouvoit être,

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