fant que les eaux de ces lieux-là lui feroient peut-être favorables, fe propofa ce voyage & Mademoiselle de la Rochefoucault, qui ne pouvoit pas fe réfoudre à le laiffer partir fans l'accompagner, en voulut être auffi; ils fe firent un plaifir de voir en allant & revenant Madame l'Abbeffe de Soiffons leur tante qu'ils aimoient beaucoup, nous paffames auffi à Sillery & allames. prendre des bateaux à Charlesville pour nous mener à Liege, où nous trouvames Madame la Princeffe de Fuftemberg, M. l'Evêque de Strasbourg y étoit auffi,nous y féjournames un jour, & arrivames à Aix la Chapelle, où M. le Duc & Madame la Ducheffe d'Hanovre étant déja, m'avoient fait louer une des plus belles maifons de la ville. M. l'Abbé de Marfillac en prit une autre tout contre, & nous y féjournames

journames autant de temps que ce Prince y demeura, M. le Duc d'Hanovre feroit affez volontiers convenû de ce que j'avois pouvoir de faire avec lui, fi ce n'eût été qu'on demandoit une étroite liaison avec le Roy de Dannemark; mais comme ce Roy a toujours des prétentions fur la ville d'Hambourg, & qu'elle eft fous la protection de Brunfvick. Dans ces dernieres années que le Roy de Dannemark a voulu faire des tentatives,cette Maison s'y est toujours oppofée & ena garenti cette ville, outre que M. le Duc d'Hanovre craignoit que cela ne l'engageât à quelque chofe qui dé plût à la Suede avec laquelle la maifon de Brunswick eft étroi tement liée. Ayant envoyé à la Cour le fieur de Gourville mon neveu, pour rendre compte de ce qui s'étoit paffé à Aix la Cha

Tom. LL.

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pelle, le Roy lui fit l'honneur de lui ordonner d'aller continuer cette Negociation à Hanovre & de faire enforte que M. le Duc de Zell & M. fon frere entrassent dans le Traité.

Mon imagination faisant toujours beaucoup de chemin, je me fis un projet de proposer à M. le Duc d'Hanovre de fe faire Catholique avec toute fa famille ; que par ce moyen il pourroit devenir Electeur, & un de fes enfans Evêque d'Ofnabruck après lui,puifque ce feroit au Chapitre à nommer un Catholique. Ayant dit ma pensée à M. le Prince de Fuftemberg, depuis Cardinal, qui fe trouvoit dans le voifinage, je lui demandai fi M. l'Electeur de Cologne voudroit bien faire Coadjuteur d'Hildef. heim celui que M. le Duc d'Hanovre déftinoit pour l'Evêché d'Ofnabruck, il m'aflura qu'ik

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n'en doutoit pas, ce qui auroit donné une grande confideration à cette Maison, & faifoit un bel établissement pour un de fes enfans,mais comme je prévoyois bien que faifonnablement il auroit à craindre qu'un jour cela ne pût faire un démembrement des biens de l'Eglife, qui font la principale partie des revenus de ce Duché, j'ajoutois à ma premiere penfée que ce changement de Religion feroit regardé d'une fi grande confequence pour la Religion Romaine, que je ne doutois pas que le Pape ne fit tout ce qu'on pourroit fouhaiter pour affurer que tous ces Benefices demeureroient pour toujours réunis à ce Duché. Ce qui me donnoit quelque efperance pour le changement eft,que j'avois fouvent entendu dire à M. le Duc d'Hanovre, que Jefus Chrift avoit dit en communiant,

à fes Apôtres, CECI EST MON CORPS, mais que l'on ne fçavoit pas bien comment il l'avoit entendu, & qu'ainfi il croyoit que l'on pouvoit fe fauver dans toutes les Religions Chrétiennes. Il étoit Lutherien, Madame la Ducheffe d'Hanovre étoit Calvinifte,& chacun d'eux avoit fon serinon separé dans la même fale.

Je demandai un jour à Madame la Ducheffe de quelle religion étoit la Princeffe fa fille qui pouvoit avoir treize ans, & qui étoit fort bien faite, elle me répondit qu'elle n'en avoit point encore, qu'on attendoit pour fçavoir de quelle religion feroit le Prince qui l'épouferoit,afin de l'inftruire dans la religion de fon mari, foit proteftant ou catholique. M. le Duc d'Hanovre après avoir entendû toute ma propofition me dit que ce feroit