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une chose très-avantageufe pour fa Maison; mais qu'il étoit trop vieux pour changer de religion. Je ne laiffai pas de menager

une

entre-vûe de M. le Prince de Fuftemberg avec lui, fous prétexte de l'entretenir fur les affaires du temps, mais à la fin M. le Prince de Fuftemberg lui parla non-feulement de la coadjutorerie d'Hildeshem; mais encore vouloit lui faire envisager, qu' ayant un grand nombre d'enfans, il les pourroit mettre dans les Chapitres, & raisonnablement efperer qu'il y en auroit qui prendroient des Evêchez, il convint que la propofition lui paroiffoit belle & bonne; mais qu'il la regardoit feulement. comme une marque de l'affe&tion & de l'amitié que j'avois pour lui, voulant mourir dans fa religion, & étant trop vieux pour en changer. Madame la

Ducheffe qui le fçût, me fit des complimens & des amitiez fur la bonté que j'avois, d'une maniere qui me fit juger qu'elle auroit volontiers confenti à la propofition, fi fon mari y étoit entrẻ, cette Princeffe avoit infiniment d'efprit & une fi grande gayeté, qu'elle l'infpiroit à tous. ceux qui l'aprochoient; mais il me femble qu'elle avoit une pente naturelle à chercher fouvent à dire quelque chofe fur fon prochain en fa prefence; il eft vrai qu'elle le difoit de maniere que celui à qui elle s'adreffoit ne pouvoit s'empêcher d'en rire le premier.

Le jour du départ étant arrivé j'allai accompagner leurs Alteffes à Althenoüé,& le foir Madame la Ducheffe d'Hanovre me dit qu'on lui vouloit vendre deux diamans de douze ou quinze mille livres chacun, elle me

les montra en me priant de vouloir lui donner mon confeil pour le choix, ce que je fis fort ingenument, & m'en étant allé dans le logis qu'on m'avoit marqué, M. le Baron de Platen, Premier Miniftre du Prince, m'aporta celui que j'avois en quelque façon eftimé, mais il ne fut jamais en fon pouvoir de me le faire accepter. Quelque temps après M. leDucd'Hanovre m'envoya huit chevaux des plus beaux qu'on puiffe voir, de la race d'Oldembourg, auffitôt que je les vis je me propofai de fupplier le Roy de vouloir bien qu'on les mît dans fes écuries, Sa Majefté voulut bien les accepter, ce qui me fit un très-grand plaifir.

Après que la guerre fut décla rée on parla fort de la négociation qui fe faifoit avec M. de Savoye, on prétendoit mettre une garnifon dans la Citadelle de

Turin, M. de Savoye ne s'y pou vant réfoudre offrit les troupes au Roy & de recevoir garnifon françoise dans deux de fes places, qui à la verité n'étoient pas de grande confequence, la réfolution fut enfin prife de lui déclarer la guerre, en cas qu'il ne voulût pas recevoir garnison françoife dans la Citadelle de Turin, & l'ayant appris je fus trouver M. de Louvois pour lui representer combien cette guerre coûteroit à la France, par la neceffité où l'on fe trouveroit de faire voiturer par des mulets feulement tout ce qui feroit neceffaire pour la fubfiftance de l'Armée, que le Royayant déja tant d'ennemis fur les bras, il me fembloit qu'on auroit dû en éviter le nombre: s'il ne feroit pas plus avantageux que l'on fit paffer fes troupes dans l'Armée du Roy & que l'on mît garnison

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dans les deux petites places qu'il offroit; que ; que cela l'empêcheroit peut-être d'achever le Traité que l'on difoit qu'il avoit commencé, ou du moins pourroit le fufpendre pour quelque temps; que j'avois toujours entendu dire que les guerres d'Italie avoient été ruineufes & fatales aux François ; que la frontiere de France . du côté du Piemont étoit la feule où l'on n'avoit jamais rien fait pour la mettre en bon état ; qu'il ne falloit pas s'étonner fi M. de Savoye ne vouloit pas recevoir de garnifon dans fa Citadelle de Turin, puifque fe feroit fe foumettre & tout fon pays à la volonté de la France, & qu'affurément cela devoit le precipiter d'entrer dans la ligue avec les ennemis à toutes conditions mais foit que M. de Louvois fit quelque reflexion fur tout ce que je lui difois, ou qu'il fût impor

Tom. 11.

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