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tune de mon difcours, il me répondit affez brufquement, que la refolution étoit prife en plein Confeil, & me dit comme il avoit fait à l'occafion de la fortie des Miniftres que le Roy n'aimoit pas qu'on lui parlât en particulier contre ce qui avoit été réfolu en prefence de tous. Je penfois comme j'avois fait autrefois, que c'étoit lui qui ayoit ouvert & aparemment foutenu l'ayis qui avoit été pris. Dans l'année mil fix cent quatrevingt-dix, M. le Pelletier me dit un jour qu'on propofoit de faire quelque affaire fur l'or & fur l'argent, je lui répondis que j'avois toujours oui dire que c'éToit une matiere bien délicate, il me demanda fi je croyois bien qu'il y eût deux cent millions en monnoye dans le Royaume, ainfi qu'il en avoit fait l'eftimation dans le Confeil Royal, je lui dis

qu'il falloit qu'il y en eût beaucoup plus, parceque j'avois fouvent obfervé que le commerce de Paris qui eft grand se faifoit avec beaucoup d'argent, il me dit qu'on propofoit de marquer les efpeces comme on avoit marqué les fols & de prendre une fomme pour la marque, je lui dis que quelque marque que l'on pût faire, il y auroit une infinité de gens qui s'efforceroient d'en marquer & que les peuples n'étoient pas capables de connoître la difference de la marque du Roy d'avec celle des faux remarqueurs. Enfuite étant allé voir M. de Louvois il m'en parla auffi, je lui fis d'abord la même réponse, mais m'ayant dit qu'on étoit dans la neceffité de faire quelque chose d'extraordinaire par le grand befoin qu'on avoit d'argent, je lui dis on étoit refolu abfolument de

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que

fi

faire l'operation fur la monnoye,.. je trouvois les mêmes inconve niens que j'avois expliqué à M. Pelletier & qu'on feroit donc obligé de la refondre & la marquer avec quelque difference afin qu'on put diftinguer la nouvelle monnoye d'avec la vieille, il me dit qu'il fçavoit bien qu'on en avoit parlé, mais qu'on avoit trouvé que cela feroit de trop grands frais, il me vint dans la penfée que le remede à tout cela feroit, fi on pouvoit remarquer toutes les efpeces fans les fondre. Il me demanda s'il y avoit bien deux cent millions de monnoye, comme on le difoit, je lui répondis que je fçavois à n'en pouvoir douter, qu'il y en avoit plus. de quatre, & qu'après que M. Pelletier m'en eut parlé, je m'étois fouvenu, qu'à Bruxelles un nommé Manis de Lyon, qui avoit conduit M. le Tellier quand il

abandonna les confignations, m'ayant dit, qu'il avoit été principalement dans les fermes qui avoient été faites du temps de Varin, je lui fis plufieurs queftions, entr'autres, combien il eftimoit qu'il y eut de monnoye d'or & d'argent en France dans ce temps-là; qu'il m'avoit assu ré, comme en ayant tenu le regiftre, que cela étoit monté à plus de quatre cent millions, & comme il venoit affurément plus d'or & d'argent en France par faint Malo qu'il ne s'en étoit pû confommer par les dorures & par la vaiffelle d'argent, j'étois perfuadé que prefentement il devoit y avoir plus de cinq cent millions. M. de Louvois me dit auffi, qu'on avoit parlé de fondre toute la vaiffelle d'argent, afin d'en faire de la mon noye, & me demanda ce que j'eftimois qu'il y en eût dans le

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Royaume; je lui répondis que pour cet article je n'en fçavois rien, mais que je n'appliquerois volontiers à connoître à peuprès où cela pouvoit aller, il me dit que je lui ferois un grand plaifir de l'informer de ce que je fçaurois là-deffus.

Etant venu à Paris, & ayant par hazard quelque converfation avec un nommé Marcelin, Chaudronnier de fon Mêtier qui avoit fait de la batterie de cuffine pour l'Hôtel de Condé, je ne fçais à quelle occafion je l'avois connu pour homme d'efprit & inventif, mais heureusement je penfai à l'envoyer chercher, je lui demandai s'il croyoit qu'on pût trouver une invention pour remarquer la monnoye fans la refondre, il me dit qu'il n'en doutoit point, & me parla comme un homme fi fçavant dans la façon de remarquer l'Or & l'Ar

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