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gent, qu'il me 'fit foupçonner qu'il y avoit quelquefois tra vaillé, & revenant toujours à vouloir me bien affurer, si on pourroit remarquer fans fonte, il adjouta que l'Effai pouvoit être de quelque dépense, je l'affurai que je la payerois volontiers, & même que je lui ferois donner quelque gratification; auffi-tôt ayant apperçu des jettons fur ma table, il m'en demanda fix pour faire l'Effai, & me promit de ne perdre aucun temps pour voir s'il y pourroit parvenir, enfuite il me rapporta ces jettons, dont il y en avoit trois marquez d'une autre marque, ce qui me fit un grand plaifir, & j'affurai mon homme d'une bonne récompenfe. J'allai trouver M. de Louvois pour lui faire voir ces jettons contre-marquez, ce qui lui plût beaucoup, il en rendit compte au Roy dans l'inftant,

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en faisant fort valoir ce fervice à Sa Majesté, ce qui m'étant revenu je fentis une joie inexprimable de ce que ma fortune m'avoit affez favorifé, pour pouvoir donner quelque petite marque de ma reconnoiffance, des bontez que Sa Majesté me témoignoit dans toutes les occafions. M. le Pelletier me dit quelques jours après, que le Roy avoit parlé obligeamment de cette affaire pour moi, je lui demandai bonnement s'il ne jugeroit point qu'il fût à propos que je me ferviffe de cette occafion pour obtenir du Roy un nouvel Arrêt & de nouvelles Lettres Patentes, pour me mettre toutà-fait en repos, & terminer toutes mes craintes fur les changemens qui pourroient arriver; mais je ne trouvai pas que cela tombât dans fon fens. Et comme je penfois que l'occasion étoit

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très-favorable, & que M. le Pelletier n'y étoit pas entré, je m'efforçai de nouveau à penétrer d'où cela pouvoit arriver, enfin de toutes les pensées qui me vinrent, je m'arrêtai à croire que M. Pelletier à l'instigation de M. le Tellier avoit fi fortement parlé au Roy contre M. Colbert, pour m'avoir procuré ma décharge, qu'il ne crut pas pouvoir propofer à Sa Majesté une chofe qu'il avoit fi fort blâmée en M. Colbert. J'employai pendant quelques jours affez de temps pour faire des Memoires, par estimation, de ce qu'il pourroit Y avoir d'argenterie dans Paris, en y comprenant Meffieurs les Évêques, les Grands du Royaume & chacune des conditions particulieres; mais tout cela pour tâcher d'aprocher feulement un peu de la vérité, & je portai mon estimation

en gros à environ cinquante millions, & après y avoir fait refle-xion je crus que cela pourroit bien aller à une pareille fomme pour le reste du Royaume. Pouf fant ma fpéculation, je me déterminai de croire qu'il devoit y avoir un tiers des cinquante millions en flambeaux, cuillierés, fourchettes & couteaux. Ayant remarqué depuis quelques années dans mes voyages, que tous les Cabaretiers des Routes paffageres avoient des cuillieres & fourchettes d'ar gent, & quelques-uns un baffin avec une éguiere, que dans les plus petites Villes, le grand nombre des Bourgeois avoient des cuillieres & des fourchettes, & m'appliquant à examiner de quelle utilité pouvoit être au Roy la fonte de la vaiffelle, je ne trouvai pas que cela pût être confiderable. Premierement,

parceque je ne croyois pas que que l'on pût faire refondre ce tiers, que j'ai marqué être par eftimation, en flambeaux, cuillieres & fourchettes d'argent, que du furplus il n'y avoit pas d'aparence que le Roy y pût trouver d'autres avantages, que celui de la fabrique de la Monnoye, qui ne pouvoit être fort confiderable, que ce feroit entierement ruiner le corps de tous les Orfévres, qui ne laiffoit pas d'être affez nombreux,en y.comprenant les aprentifs & les garçons, enfin je me réduifis à croire que l'on pouvoit feulement fondre les chenets, les braziers & toutes ces autres chofes qui ne fervent qu'au luxe, fans toucher à la vaifelle. Je rendis compte AM. de Louvois de tout ce que j'avois imaginé fur cela, & j'en entretins M. de Pontchartrain à qui j'avois dis l'ordre que M.

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