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cafion, quand il la pouvoit trou ver, de faire voir au Roy qu'il en fçavoit plus que les autres ; en effet M. de Pomponne ayant oublié de mettre dans une dé. pêche tout ce qui avoit été réfolû, & n'ayant pas nommé quelques Paroiffes de Flandres au fujet des limites, M. de Louvois, ne manqua pas de le relever fortement en presence de Sa Majefté, & fi je ne me trompe, cela fut caufe que le Roy ètablit de faire lire dans fon Confeil les Dépêches concernant ce qui avoit été réfolû dans le Confeil précedent, je ne fçai pas même fi Sa Majesté n'a pas continué de le faire toujours, & le Roy ayant trouvé le remede pour l'avenir, ne parut point être mécontent de M. de Pomponne, qui feroit mort dans fa charge, s'il n'avoit pas lui feul donné lieu à fa disgrace, qui ar

riva à l'occafion du mariage de Madame la Dauphine. M. de Croiffy qui étoit alors à Munick ayant envoyé un Courrier qui rendit fa dépêche à M. de Pomponne, dans le temps malheureufement, que M. de Chaulnes & un nombre de Dames, qui étoient chez lui, montoient en Carroffe, pour aller à Pomponne, ne fit pas réflexion que le Roy étoit dans l'impatience de fçavoir les nouvelles qu'apportoit le Courrier, & en fit encore moins fur ce que c'étoit le frere de M. Colbert qui l'envoyoit ; il fe contenta de lui dire de ne se pas montrer pendant deux ou trois jours, qu'il devoit être avec fa Compagnie à Pomponne. Le Courrier en fortant de chez lui s'en alla chez M. Colbert porter une Lettre de M. de Croiffy, qui renvoyoit M. fon Frere au détail de ce qu'il écrivoit à Sa

Majesté, néanmoins avec quelques petites circonftances, qui ne firent qu'augmenter la curio fité du Roy ;quand M. Colbert les eut dit à SaMajefté, à mon avis fans aucune vue de nuire à M. de Pomponne, ne fçachant pas qu'il fût arrivé un Courrier, un autre plus foupçonneux que je ne fuis pourroit peut-être bien penfer que le Courrier avoit dit l'ordre qu'il avoit reçû de M. de Pomponne, de ne fe montrer qu'après fon retour. Le Roy par fa bonté ordinaire eut patience jufqu'au lendemain matin, quoiqu'il eût fort envie de fçavoir ce que portoit la dépêche, qui devoit être la décifion du ma-` riage de Monfeigneur. Le foir l'impatience de Sa Majefté augmentant, il envoya chez M. de Pomponnefçavoir filesCommis n'auroient point cette Dépêche, il n'y a peut-être que le

Roy

Roy qui en pareille occafion eût donné une fi grande marque de patience. Il fe peut bien faire que M. Colbert ne s'étoit pas mis beaucoup en peine d'excu fer M. de Pomponne, cela n'é tant gueres d'ufage parmi les . Miniftres, car entre amis particuliers, M. Colbert auroit pû envoyer un Courrier, pour avertir M. de Pomponne de la peine où étoit le Roy, & il ne falloit pas plus de trois heures pour cela. Enfin M. Colbert voyant la réfolution que Sa Majesté avoit prise d'ôter la Charge à M. de Pomponne, propofa au Roy de la donner à M. de Croiffy & l'obtint. M. de Pomponne ayant été averti du malheur qui lui étoit arrivé, prit le parti de fe retirer dans fa Maifon & de faire dire par fon Portier, qu'om ne le voyoit point; mais cepen dant que fi je me prefentois il

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me fit entrer. Dès que j'eus ap pris cette nouvelle, je ne manquai pas d'y aller & d'abord qu'il m'apperçut dans fa galerie, où j'étois entré pour aller à fon cabinet, il fortit & me dit en m'embraffant, qu'il étoit perfuadé de la part que je prenois au chagrin qui lui étoit arrivé & qu'il croyoit que Monfieur de Louvois étoit caufe de fa perte, je fçavois affez les difpofitions de celui-ci fur fon fujet, pour lui dire, que je n'en croyois rien, & j'ajoutai qu'il étoit bien malheureux de n'avoir point connû la bonté du Roy & l'aifance avec laquelle Sa Majefté vivoit avec ceux qui avoient l'honneur de l'approcher, que j'étois perfuadé,que fi aulieu de dire au Courrier de ne fe pas montrer,il avoit donné ce paquet à un des Commis pour le porter à Versailles, le déchifrer, & en rendre com

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