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Meffieurs les Ducs de Zell, & l'Evêque d'Ofnabruch étoient des Princes auffi généreux qu'il y en eût au monde, leur Cour étoit remplie, particulierement celle de M. de Zell, de François, à qui ils donnoient une fubfiftance proportionnée aux Emplois qu'ils avoient dans leur maifon. Ces Meffieurs vivoient tous avec moi avec beaucoup plus de déférence que je ne pouvois défirer, M. le Comte de Valdeck voyoit tout cela fort impatiemment, furtout à mon égard. M. de Lionne me chargeant de faire des propo fitions à ces deux Princes, mais toujours conditionnées, pour ne point venir à la conclufion, je crois que M. le Comte de Valdeck ayant donné avis de cela à M. de With, l'exhorta de leur faire d'autres propofitions de la part des Etats & pour

m'ôter la connoiffance de ce qui fe paffoit de ce côté engagea M. l'Evêque d'Ofnabruch de faire un tour à la Haye, & moi cher chant l'occafion de faire ce voyage, je m'avifai de le propo fer à Madame la Ducheffe d'Of nabruch comme une partie de plaifir, & de prendre pour prétexte quelque incommodité des deux aînez de Meffieurs fes enfans avec qui elle iroit dans une caléche, que je me mettois dans une autre avecuneDemoiselle de Poitou, nommée Marfiliaire, quí étoit belle & fort au gré de M. de Valdeck, que nous partirions un jour après Monfieur fon ma ri ; que nous nous fervirions des relais qu'il avoit disposé pour fon voyage, quelques-uns des gens de M. le Comte de Valdeck ayant auffi des caléches. M. l'Evêque d'Ofnabruch confentit d'autant plus à ce voyage, que

M. le Duc de Zell & lui firent avec moi un Traité qui pouvoit convenir au Roy & à ces Princes, fans toutesfois m'engager à autre chofe, qu'à en faire la pro pofition, de quoi je donnai auffi-tôt avis à M. de Lionne & une

adrefle pour me faire réponse en Hollande. Le jour du départ étant venu M. d'Ofnabruch partit avec M. de Valdeck. Le furlendemain à la pointe du jour la Princeffe partit auffi en l'équi page que j'ai marqué, avec un petit chariot, qui portoit les ma telars & quelques hardes pour elle. Ses deux enfans & fa Dame d'honneur étoient dans fa caléche, & moi tête à tête avec ma Poitevine; cela donña occafion à M. de Lionne de me fai re quelque raillerie fur la ma niere dont je faifois mon voya ge. Nous arrivames deux jours après à la Haye, où le Prince

étoit arrivé un jour auparavant, j'y trouvai une Lettre de M. de Lionne, qui me mandoit que le Roy étoit très - content de la maniere dont je m'étois conduit; Hais qu'ayant appris que la triple Alliance entre l'Angleterre, la Suede & la Hollande, étoit fignée pour faire la paix, il me chargeoit de bien faire des honnêtetez à ces Princes de la part de Sa Majesté & de leur dire, qu'elle les prioit de vouloir bien lui conferver leurs bonnes vo

lontez pour les occafions qui fe pourroient présenter; j'en informai auffi-tôt M. l'Evêque dOf nabruch & lui confeillai d'acce pter les propofitions des Hollandois, quoique peu avanta geufes, ce qu'il fit. Nous nous

en retournames comme nous

étions venus, & voyant que je n'étois d'aucune utilité pour le fervice du Roy en Allemagne,

j'écrivis à M. de Lionne, que je le priois d'obtenir pour moi la permiffion d'aller à Paris. M. le Prince me manda à peu près dans ce temps-là qu'il fouhaite roit fort que j'allaffe à Hambourg y attendre M. Chauveau fon Secretaire, qui venoit de Pologne, d'où il rapportoit beaucoup de pierreris de la fucceffion de la Reine de Pologne, pour Madame la Princeffe Palatine & Madame la Duchesse afin d'empêcher que les troupes nombreuses en ce pays-là ne lui fiffent un méchant parti. Quelque tems après être revenû d'Hollande, la Reine de Suede qui étoit pour lors à Ham bourg, m'ayant fait dire, que je lui ferois plaifir, fi je pouvois lui envoyer la Troupe-Françoise de Comediens qu'avoit M. le Duc de Zell. Après en avoir obtenu la permission de S. A,

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