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la Haye, mais comme c'est la coutume en ce pays-là que femmes fe retirent à huit heures, M. le Prince d'Orange prit le parti d'aller les foirs chez Meffieurs de Montbas & de Dielk & encore dans d'autres maifons pour jouer jufqu'à huit heures & demi, il me faifoit toujours l'ho neur de me mettre de fes parties. Etant retourné à Bruxelles, où je me trouvois plus agreablement qu'ailleurs, M. le Marquis de Sillery eut la bonté de me ve nir voir; & m'ayant dit qu'il feroit bien aise d'aller à Anvers, je l'y accompagnai, Je le menai voir comme une perfonne rare Monfieur de Palavicine, un des hommes du monde le plus riche & qui n'en étoit pas perfuadé. Je lui dis qu'il falloit qu'il fe mît dans la dépense, ( comme j'avoiș fait autrefois avec les Dames d'Anvers, qu'il nous donnât )

quelques repas & qu'il devoit au moins avoir un carroffe & fix chevaux pour nous promener. Il entreprit de faire connoître à M. de Sillery qu'il n'étoit pas fi riche qu'on le croyoit, & en nous montrant un cabinet à côté de fa chambre, il nous fit entendre qu'il avoit là pour cinq cent mille livres de barres d'argent, qui ne lui rendoient pas un fol de revenu, & qu'il avoit cent mille écus à la Banque de Venife qui ne lui donnoient pas trois pour cent, qu'il avoit à Genes d'où il étoit, quatre cent mille livres dont il ne tiroit gueres plus d'interêt, & il finifloit toujours en difant, que cela ne lui rendoit pas grand-chofe. M. le Marquis de Sillery après que nous fumes fortis, m'avoua qu'il avoit peine. à croire ce qu'il avoit vû & ce qu'il venoit d'entendre, il m'a dit quelquefois depuis qu'étant

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revenu à Paris il étoit fâché de n'avoir pas donné cette scene à Moliere pour la mettre dans fa Comedie de l'Avare.

Quelque temps après M. de Salcede Capitaine d'une Compagnie de M. Caftel Rodrigues, ayant fait voler quelques François qui alloient en Hollande, fâché des reproches que je lui en fis & que je lui avois attiré de beaucoup d'honnêtes gens, ce méchant pendart qui avoit bien de l'efprit, dit beaucoup de chofes à M. de Caftel Rodrigues, pour lui faire craindre la durée de mon féjour à Bruxelles, il lui fit encore parler par d'autres gens, pour augmenter les foup, Cons. Un jour que j'étois allé faire ma cour, comme les autres, M. de Caftel Rodrigues me fit entrer dans fon cabinet pour me dire, qu'il avoit reçû des lettres de Madrid, par lefquelles on lui

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mandoit que le Roy très-chré tien faifoit des inftances auprès du Roy d'Espagne, pour obte hir un ordre de me faire arrêter à Bruxelles, & qu'il feroit au def. efpoir s'il venoit à le recevoir, je lui répondis, que je n'étois pas un homme affez important pour que la Cour de France fit de pareilles follicitations contre moi; mais que s'il me donnoit cet avis pour me faire prendre la refolu tion de fortir de fon pays, j'étois prêt à le fatisfaire. Que cependant s'il avoit la bonté de s'in former de tous les gens de quali té, que j'avois l'honneur de voir tous les jours, quelle étoit ma conduite, je me perfuadois qu'il feroit bientôt défabufé; & lui ayant marqué que je foupçonnois M. de Salcede de m'avoir rendu ce mauvais fervice, par les raisons que je viens de dire, il me loua, & je puis avancer, que

depuis ce jour-là, il me témoi gna beaucoup d'amitié & de confiance.

pour

M. le Duc de Veraguas qui étoit lors Mestre de Camp General, & par confequent la fe conde perfonne, avoit aussi tant de confiance en moi, qu'il ve noit prendre mon avis fur toutes les affaires, dont la direction pouvoit lui appartenir. Enfin ja mais homme hors de fon pays ne s'eft trouvé dans la confidera tion où j'étois à Bruxelles. M. le Comte de Marfin, qui étoit de mes anciens amis, y étam vel nu prendre la place de M. de Ve raguas, contribua encore à l'au gmenter. Je ne laiffois pas d'aller de temps en temps à la Haye, où je recevois toutes fortes de politeffes de M. le Comte d'Eftrades, pour lors Ambaffa+ deur de France, auffi bien qué de ceux d'Espagne & de Portu

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